5 pièces portées par des femmes à voir
La programmation des théâtres montréalais pour les prochains mois propose plusieurs pièces à ne pas rater, avec une dominante : qu’il s’agisse de textes d’auteures, de personnages féminins forts ou de maternité, la femme est sur le devant de la scène.
Éclipse
du 21 janvier au 15 février au Théâtre de Quat’Sous
Parce que c’est Marie Brassard. Et parce qu’on y entend les voix de ces auteures de la Beat Generation tombées dans l’oubli au profit de leurs homologues masculins. La metteure en scène a réuni quatre comédiennes (Larissa Corriveau, Laurence Dauphinais, Ève Duranceau et Johanne Haberlin) et les a immergées dans ces écrits poétiques et avant-gardistes pour réfléchir ensemble à leur éclipse littéraire. On se souvient de l’excellent La Fureur de ce que je pense de Marie Brassard, constitué d’un collage de textes de Nelly Arcan ; nul doute que ce nouveau spectacle saura mettre en lumière les mots oubliés de la Beat Generation féminine.
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M.I.L.F
du 18 février au 7 mars au Centre du Théâtre D’Aujourd’hui
La poète Marjolaine Beauchamp, actuellement en résidence au CTDA, propose une réflexion sur la mère et la maternité à travers le prisme (original) de la sexualité. Il y a la M.I.L.F. (Mother I’d Like to Fuck), la M.I.L.S. (Mother I’d Like to Save) et la M.I.L.K. (Mother I’d Like to Kill). Trois femmes, trois façons d’objectifier la mère, trois monologues, que l’auteure a construits en s’appuyant aussi bien sur des recherches et des entretiens que sur son expérience personnelle. Une performance livrée par trois comédiennes (Geneviève Dufour et Stéphanie Kym Tougas, aux côtés de Marjolaine Beauchamp) qui s’annonce forte.
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Les Sorcières de Salem
du 18 mars au 15 avril au Théâtre Denise-Pelletier
On connaît tous ce fait divers du 17e siècle, qui a marqué les esprits au point d’inspirer de nombreuses œuvres d’art. Parmi elles, la pièce d’Arthur Miller, parue en 1953 pour dénoncer le maccarthysme. Dans cette intrigue qui compte une vingtaine de personnages (12 comédiens dans cette adaptation), le pouvoir se renverse suite à des accusations de sorcellerie lancées par un groupe de jeunes filles. Jusqu’où mèneront les croyances et la vengeance personnelle? Ce texte ici adapté par Sarah Berthiaume est mis en scène par Édith Patenaude, qui porte avec doigté sur les planches cette histoire de fausses accusations et de parole de femmes. Des thèmes plus que jamais d’actualité.
Lysis
du 21 avril au 6 mai au Théâtre du Nouveau Monde
Quand j’ai vu cette pièce d’Aristophane à 15 ans, j’avais été frappée par la modernité de cette intrigue écrite il y a 2 500 ans : l’histoire d’un boycott sexuel lancé par les femmes pour forcer les hommes à interrompre la guerre. Tant qu’il y aura des armes, il n’y aura plus de naissances… La directrice du TNM Lorraine Pintal a confié la dramaturgie de ce spectacle à Fanny Britt et Alexia Bürger, qui ont placé la pièce dans l’industrie pharmaceutique d’aujourd’hui. C’est Bénédicte Décary qui incarne Lysis, la meneuse de ce mouvement de femmes, entourée d’une distribution alléchante (Anne-Élisabeth Bossé, Mani Soleymanlou, France Castel…)
Mademoiselle Agnès
du 21 avril au 9 mai au Théâtre Prospero
Et si le Misanthrope était une femme? L’auteure allemande Rebekka Kricheldorf aime remettre les classiques au goût du jour. Après son excellente pièce Villa Dolorosa en 2013, qui revisitait les Trois sœurs de Tchekhov, elle replace le Misanthrope de Molière à notre époque et sous des traits féminins. L’occasion de retrouver la plume comique et acérée de Kricheldorf, qui conjugue de nouveau le passé au présent. Son portrait au vitriol du monde de la critique et de l’art est ici mis en scène par le jeune Louis-Karl Tremblay, qui nous avait ravis l’année dernière en montant Les Coleman, Millaire, Fortin, Campbell.