Rencontres chorégraphiques : Amélie Gagnon
Avant chaque spectacle de sa saison 2019-2020, La Rotonde met les projecteurs sur le travail des artistes qui construisent sa vibrante programmation. Place aux Rencontres chorégraphiques.
Diplômée de L’École de danse de Québec en 2013, Amélie Gagnon œuvre en tant qu’interprète, chorégraphe et conseillère artistique. Sa vision de la danse, forme brute d’expression, est influencée par ses années de vie nomade et ses premières études – la littérature et la philosophie. En 2014, elle cofonde avec Julia-Maude Cloutier le collectif en danse contemporaine Le CRue. Depuis, les deux créatrices multiplient les créations dans des lieux atypiques ainsi que les collaborations avec des artistes en arts visuels, art sonore, art numérique et art cinématographique. Amélie signe la chorégraphie de la plus récente création du collectif, Résilience, dont la première aura lieu en mars 2020.
Qu’est-ce qui vous a amené à la danse?
J’ai découvert la danse contemporaine tard dans mon parcours. Quand j’étais plus jeune, j’écrivais des pièces de théâtre avec des amis (dont une est devenue écrivaine d’ailleurs) et toutes les scènes que je créais étaient dans le non-dit. L’histoire passait par l’ambiance, la présence des corps, elle se racontait dans le silence. Plus ça allait, moins il y avait de mots. Plus tard, j’ai vu un spectacle de la Batsheva Dance Company. Ça a vraiment été une révélation parce que je pouvais enfin avoir accès à l’état brut, dépouillé du mot. Il y a, dans la danse, quelque chose qui révèle l’individu, qui va à l’essentiel.
En parallèle, dans mes années nomades, je voyais à quel point la musique et la danse appartenaient au quotidien des gens dans plusieurs cultures. Elles créent le rassemblement, l’enracinement collectif, permettent l’expression d’une joie véritable, ramènent le présent comme étant plus fort que les traumas ou épreuves du passé et ceux futurs. Je me suis dit qu’il fallait ramener ça chez nous, que le corps soit plus présent dans nos vies, en commençant par la mienne. C’est la combinaison de ces deux aspects-là qui m’a amenée à vouloir plonger dans la danse comme médium d’expression.
Quelles thématiques vous rejoignent particulièrement en ce moment?
Le jeu. Le plaisir. Les envies soudaines, profondes. Créer des espaces de liberté. J’ai vraiment envie de voir des gens qui s’éclatent, peu importe ce qu’ils sont en train de faire. Il y a une forme de rébellion à notre système dans l’acte d’ouvrir un espace où on se permet de faire des choses futiles et essentielles pour le plaisir. Se mettre en lien avec notre communauté et propager ce retour à soi, à l’autre… La résilience, quoi. J’ai vraiment envie de ça.
Que diriez-vous à un spectateur qui assiste à une œuvre d’art chorégraphique pour la première fois?
Laissez-vous toucher.
Ce qui a motivé la création d’une œuvre n’est pas important. Ce qui est important, c’est comment, déjà, elle se transforme dans votre imaginaire. Ce que l’on crée sert à nourrir l’imaginaire collectif pour qu’il y ait autre chose que le visible, que le concret dans lequel on vit. On l’oublie souvent, mais ce sont toutes ces choses invisibles qui nous supportent dans les moments où on perd nos points de repère. C’est ce qui nous appartient et qui ne peut disparaître.
Résilience
Du 16 au 20 mars au LANTISS de l’Université Laval
(Une présentation de La Rotonde)
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