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5- On danse la danse du déni de la convergence

Je poursuis aujourd'hui mon palmarès quotidien des 10 révolutions qui ont changé le visage de la culture depuis 10 ans.

5-On danse la danse du déni de la convergence

En 2004, le Syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal prétendait que les émissions de Star Académie avaient été mentionnées en première page du journal une centaine de fois en 2 ans.  C'est sans compter les mentions à la populaire émission dans les magazines de l'Empire Québécor et à l'intérieur même du reste de la programmation de TVA.

« La convergence, tu la détestes quand t'es pas capable de la faire chez vous! »  C'est venu d'un producteur télé durant un lunch, et je continue de penser qu'il avait raison.  Au Québec, depuis 10 ans, quand on travaille dans les médias, on apprend à faire avec la convergence.  Ou bien on crache dessus et on travaille moins, ou bien on y voit de bons côtés et on embarque dans le train.  De toute façon, on n'a pas d'autre choix.  La convergence est là pour rester.  Dans un de ses vieux monologues, Yvon Deschamps disait ceci à propos de la guerre :  « La guerre, ou bien tu la subis, ou bien tu la fais.  Pis c'est ben mieux de la faire que de l'avoir chez vous!! »  Il aurait aussi pu parler de la convergence.

Au Canada, la fameuse convergence existe surtout depuis 10 ans.  Une idée des entreprises de communications américaines comme AOL et Time Warner qui ont créé des chaînes de journaux, de radio et de télévision pour étendre leurs activités.  Québécor possède par exemple des journaux, des magazines, le câble et le fournisseur internet de Vidéotron, plusieurs stations de télé comme TVA, le portail internet Canoë, des maisons d'éditions de livres…  Si Québécor jouait au Monopoly, elle aurait tous les meilleurs terrains et y aurait construit des hôtels.  Passez Go et réclâmez 200$.

Sur le site Wikipedia, on définit le mot « convergence » comme la recherche d'une valeur absolue, d'une vision des choses commune, un état d'équilibre.  C'est un peu ce qu'elle a créé chez nous cette convergence.  Une vision équilibrée des choses, des artistes qui se ressemblent tous un peu et une standardisation des produits culturels qu'on nous offre.  À quelques exceptions près, un artiste qui sort de Star Académie sonne comme un artiste qui sort de Star Académie.  Au même titre qu'un chanteur qui sort d'American Idol sonne comme un chanteur qui sort d'American Idol.  Et à quelques exceptions près, un artiste qui sort de Star Académie va en vendre des records!  Des tonnes de copies.  Après leur avoir vu la binette dans 5 émissions de télé différentes, au bulletin de nouvelles, à la Une d'un journal, sur internet, dans un reportage photo de magazine et dans un programme spécial en location sur Illico, force est de croire que bien des gens courront acheter les albums des académiciens.  Peu importe qu'ils aient tous un peu le même son, la même couleur, les mêmes textes, la même instrumentation et le même côté « sans sucre ni colorant ni saveur ajoutés ».  Le son Star Académie est aujourd'hui le son du Québec.

Le hic, c'est que le modèle fonctionne.  Autant ici que chez les Américains.  Plus que ça : il est devenu la norme.  Le modèle d'affaire de la première décennie des années ‘2000.  Mieux vaut s'y faire et embarquer dans la danse si on veut réussir.  En 2009, il faut se la jouer convergence.  Ça fait partie de la game comme ils disent.

On danse la danse du déni de la convergence…  Vous embarquez ou pas?

La suite de mon palmarès des révolutions culturelles demain.