Je poursuis aujourd'hui mon palmarès quotidien des 10 révolutions qui ont changé le visage de la culture depuis 10 ans.
6-Jamais sans mon iPod – L’invention de la décennie
C'était en novembre 2003. Il était là à nous regarder dans son bel emballage. Un petit gadget blanc au design si parfait qu'il nous FALLAIT l'avoir à tout prix. Même si les premiers modèles se vendaient 399$ US. Avant même d'avoir enfilé ses irrésistibles petits écouteurs blancs dans nos oreilles, on était déjà accrocs. Déjà convaincus dur comme fer qu'il était impensable de quitter la maison sans emporter 1000 chansons dans notre poche. Impensable de continuer à prendre l'autobus avec notre gros Discman et nos CD. Impensable de continuer à acheter des albums encombrants alors qu'on pouvait tout simplement les télécharger.
Vous souvenez-vous de vos soirées passées à attendre que la petite barre de téléchargement du logiciel Napster se rende à 100%? C'était au début de la décennie. Télécharger 5 chansons devenait l'activité d'une soirée, et réunir un album complet était un exploit dont on se vantait entre amis. « Pierre-Luc aurait réussit à avoir Kid A de Radiohead au complet! » Jusqu'en 2002, nous étions 30 millions d'utilisateurs à travers le monde à télécharger illégalement notre musique pour ensuite la stocker sur notre iPod. C'était bien sûr avant que Napster ne doive fermer, attaqué de toutes part par les associations défendant le droit d'auteur et décrié par plusieurs groupes enragés de voir leurs fans s'échanger sans payer leurs nouvelles chansons et l'intégral de leur discographie.
Résultat : en 2009, plusieurs jeunes n'ont jamais acheté d'album physique de leur vie. Une pochette d'album? Tu parles de la petite photo d'un demi pouce qu'il y a sur mon écran d'iPod?! On est loin des pochettes de vinyle. Même chose pour le concept d'album, qui n'existe plus pour plusieurs musicophiles. Si l'ordre des chansons d'un disque était autrefois aussi important que la beauté de son emballage, c'est maintenant le médium qui importe plus. L'objet du iPod a pris le dessus sur son contenu. Maintenant, très peu de gens achètent des albums en entier. Plutôt choisir ses chansons à la pièce et les arranger à notre guise pour former les « playlists » les plus efficaces.
Les artistes eux-mêmes ont bien sûr dû suivre la tendance. Pourquoi continuer d'enregistrer des albums quand le concept lui-même semble dépassé? En 2007, Radiohead a ainsi frappé fort avec son excellent album In Rainbows. Libéré de son contrat de disque et de ses obligations, le groupe a choisi de faire les choses à sa façon et de laisser à ses fans le choix : « On vous laisse télécharger notre album à votre guise. Le prix? Donnez ce que vous voulez! » Une belle façon de combattre le piratage en questionnant ceux qui le pratiquent. Est-ce qu'un album vaut encore quelque chose pour vous? En entrevue, les membres du groupe ont ainsi soulevé le fait que seulement 1 acheteur sur 3 n'a rien payé pour obtenir l'album. Libre de fonctionner à sa guise et n'ayant plus à verser d'argent à une maison de disque profiteuse, la formation n'aura jamais autant empoché qu'avec cet album lancé « gratuitement » sur la Toile.
Bien sûr, le Québec aussi est entré dans la vague. L'album Friterday Night offert gratuitement sur le site de la formation sherbrookoise Misteur Valaire aura par exemple été téléchargé plus de 40 000 fois jusqu'à maintenant, en plus de se vendre plutôt bien en magasins. Une façon extraordinaire de se faire connaître autant ici qu'en France et d'aller chercher de nouveaux fans.
6 ans après sa mise en vente, le iPod est encore le balladeur numérique le plus vendu au monde (avec 228 millions d'unités achetées en 2009) et a changé pour toujours notre façon de consommer de la musique en nous donnant le contrôle. Le contrôle de payer ou pas ce que l'on écoute et d'organiser notre musique à notre façon. Notre iPod se décline maintenant en iPod Touch, iPod nano, iPod shuffle et iPhone, et il est presque devenu impensable de partir sans lui. Même s'il faut le remplacer à tous les 6 mois parce qu'il brise. Même si sa pile ne fait pas long feu. Même si sa vitre finit toujours par craquer. Avé iPod.
La suite de mon palmarès des révolutions culturelles de la décennie demain.
J’ai manqué le bateau! Au risque de passer pour un dinosaure, je continue d’utiliser mon walkman (AM-FM/cassette) qui fonctionne à merveille depuis de nombreuses années. Les piles AA sont peu dispendieuses et donnent une bonne durée de fonctionnement à condition de ne pas trop utiliser le lecteur de casette. Le prix d’achat de ces appareils ne dépassait pas les $100, pour les plus dispendieux, à cette époque révolue.
Il n’y a pas d’écran qui craque sur les walkmans mais ils sont sensibles à une chute au sol, sur le béton. J’avoue que je n’ai pas vu d’autres walkmans depuis de nombreux mois: je dois être le dernier à utiliser cette technologie dépassée. Il faut admettre que le travail des animateurs des stations de radio me plaît et j’utilise très rarement les cassettes qui sont sensibles aux mouvements, au froid, etc… Je devrais peut-être m’acheter moi aussi un iPod pour faire comme les autres.