Je poursuis aujourd'hui mon palmarès quotidien des 10
révolutions qui ont changé le visage de la culture depuis 10 ans.
7-La culture dans le béton
Il s'en est coulé du béton sur la culture au Québec depuis
10 ans. Une belle grosse couche de
ciment sur nos murs, nos musées et nos salles de spectacles. Enfin, le Québec a mis ses culottes.
À Montréal, on l'a créée en 1979, mais c'est surtout depuis
10 ou 15 ans qu'on réalise qu'elle existe vraiment. La fameuse Entente sur le développement culturel. Celle qui fait qu'on
commence à apprécier une soirée passée au théâtre ou à l'opéra entre les rues
St-Urbain et Bleury. Celle qui a
transformé le Quartier des Spectacles, illuminé la Cinémathèque Québécoise, le
Monument National, le Musée d'art contemporain et une partie de la Place des
Arts. Celle qui fait qu'on rejoint enfin
les rangs de villes comme Paris ou New York en mettant en lumière et en valeur
nos installations culturelles.
Oui, on se souviendra de la première
décennie des années ‘2000 comme de la décennie où on a vu mourir le mythique
Spectrum. J'envie d'ailleurs mon
collègue Olivier Robillard-Laveaux qui a réussi à mettre la main sur une brique
de la légendaire salle et qu'il garde maintenant jalousement dans son
bureau. Mais on se souviendra aussi des
10 dernières années comme des 10 ans où la culture nous a donné envie d'aller
jouer dehors, que ce soit dans les rues et les petites salles de spectacles du
nouveau Quartier St-Roch de Québec durant le Festival d'été de Québec, sous les
échangeurs de la vieille Capitale repeints par des artistes du coin, ou au
coeur de l'installation Champ de Pixels
de Montréal. 40 000 pieds carrés décorés
de 400 sources lumineuses interactives à visiter sur la Place des Festivals
jusqu'au 6 janvier 2010.
Le visage de la portion centre-est de la
rue Ste-Catherine s'est elle aussi aussi tapée une cure de jouvence qui devrait
se poursuivre durant la prochaine décennie.
Presque devenue un no man's land durant les années '90, elle respire
aujourd'hui la culture, notamment grâce à sa grande vitrine culturelle illuminant le Quartier des Spectacles de ses 35 000
ampoules LED et son projet de munir 18 salles des environs de 8000 points
rouges battant au rythme des spectacles présentés à l'intérieur. Une galerie d'art à la belle étoile parfaite
pour redorer le site du Festival de Jazz et des FrancoFolies.
Le début des
années ‘2000 aura été celui de l'époque des grandes constructions, et du retour
de la fierté de consommer de la culture chez nous.
Mon
palmarès des révolutions culturelles des années ‘2000 se poursuit demain.
Oui, beaucoup de béton a coulé pour la culture à Montréal. La Place des Festival, la Maison des Festivals, la vitrine culturelle, le nouveau Club Soda, le réaménagement de la Place des arts…
Toutefois, le béton a aussi tombé: le Spectrum a fermé ses portes et, bientôt, le Medley et le Café Cléopâtre en feront de même.
Aussi, de nombreuses petites institutions ont dû cesser leurs activités ou abandonner l’idée de présenter des spectacles: Le Green Room, Le Main Hall, La Casa del Popolo, Le Zoobizarre, et j’en passe.
Bref, on ramasse de la poussière de culture un peu partout dans la ville pour en faire un gros tas dans le Quartier des spectacles.
D’ailleurs, pour moi, le Quartier des spectacles, c’est d’abord et avant tout un gros trou sur le coin de Bleury / Ste-Catherine. Un trou dans lequel repose le Spectrum depuis plus d’un an.
Il ne suffit pas de démarrer de gros projets, il faut aussi leur donner un sens. Le champ de pixels, en plus de ne servir à rien, n’est pas vraiment esthétique… Wow de la lumière! Faudrait-il que nous nous précipitions comme des insectes?
Bref, on a créé de nombreux nouveaux projets à Montréal mais personne ne s’est jamais demandé ce que sera le fil conducteur. Si Montréal était une exposition, il n’y aurait pas de thème. Si Montréal était un lipdub, il n’y aurait pas de musique. Si Montréal était un restaurant, ce sera un snack bar cuisine canadienne, grecque et italienne.
Résultat: On passe dans le quartier des spectacles pour y faire nos petites affaires quotidiennes, mais on ne s’y arrête pas…
Hier, sur mon blogue, je parlais des albums de rues de E.-Z. Massicotte qui sont présentés sur le site de BAnQ. Ces derniers nous permettent de découvrir Montréal à une autre époque. Depuis environ 10 ans, on nous parle du Quartier des spectacles. Or, j’aime encore mieux le Montréal d’il y a 100 ans.
Avis aux intéressés: http://unautreblogue.wordpress.com/2009/12/20/mon-coup-de-coeur-archivistique/
La BAnQ, voilà quelques tonnes de béton qui collaborent au rayonnement et à la démocratisation de la culture.
Elle a certes fait coulé beaucoup d’encre car elle n’est accessible qu’aux gens résidant à Montréal mais son site Web demeure néanmoins une véritable mine d’or.
Pingback depuis Un autre blogue