Je poursuis aujourd'hui mon palmarès quotidien des 10 révolutions qui ont changé le visage de la culture depuis 10 ans.
8-La tienne, elle fait quelle grosseur?!
La révolution du HD
J'en ai marre d'entendre tout le monde parler de la grosseur de leur téléviseur, de la qualité de leur écran plasma et des images « qui ont donc l'air vraies » de leur projecteur full HD. D'autant plus que certains sondages ont révélé que la majorité des gens qui se croient équipés pour le HD n'utilisent pas bien leur équipement. Résultat? Ils regardent de la bonne vieille télévision analogique en pensant vivre dans le futur.
Pourtant, il faudra bien s'y faire : la haute définition est le plus grand changement à toucher la télévision depuis l'arrivée de la couleur. Et ce changement, il s'est passé dans la dernière décennie. En 2005, on prévoyait déjà que la télévision analogique traditionnelle n'existerait plus dès 2012. De quoi mettre tout de suite au recyclage nos vieilles oreilles de lapin.
C'est qu'elle a changé bien des choses la Haute Définition, surtout en cinéma et en télé. Déjà en 2000, Georges Lucas frappait fort en tournant son Attaque des Clônes avec une caméra HD révolutionnaire qui permettait de tourner à 24 images secondes. Le même effet qu'une caméra cinéma normale. Terminée la vidéo roulant à 29 images par seconde. Et avec une qualité d'image pareille et une telle malléabilité, il était désormais possible de pousser encore plus loin les possibilités des effets spéciaux numériques. Jar Jar Binks, l'insupportable personnage animé du premier épisode de Star Wars, a donc ouvert des portes malgré le fait qu'on se levait tous la nuit pour maudire son nom. Lors de sa première au Festival de Cannes en 2003, le 3e volet de la saga (La Revanche des Sith) repoussait à ce point les limites du numérique que le procédé vola presque la vedette au film lui-même, les salles de cinéma voulant projeter le film devant désormais s'équiper de coûteux projecteurs HD.
Star Wars Epidode 2 (2002) : La révolution numérique de George Lucas
Reste que pour l'œil normal, il est très difficile de faire la part entre une image HD et celle tournée en film traditionnel. Pour l'instant, il s'agit plutôt d'une question de coûts, de stockage et de manipulation numérique. En fait, les caméras haute définition ont rendu les effets spéciaux si peu coûteux et faciles à réaliser que plusieurs cinéastes comme Robert Rodriguez ou Bryan Singer les ont rapidement adoptées au détriment des caméras traditionnelles. Au Québec, Robert Lepage tourna ainsi sa géniale Face cachée de la lune en utilisant le HD et les effets numériques. Une belle façon de compenser un budget ridiculement bas et d'en mettre tout de même plein la vue aux spectateurs.
En télévision, tous les studios ont paniqué lors de l'arrivée du HD et ont dû revoir en entier leur façon de faire. Désormais, les soaps, téléromans, séries et émissions de variété doivent ainsi satisfaire certaines normes, et le public maintenant averti ne se fait plus passer de sapin : il veut ses programmes en HD. Point final. Au Québec par exemple, c'est l'industrie au complet qui a dû réapprendre à faire de la télévision, des caméramen devant manipuler de nouvelles caméras aux maquilleurs soucieux que leur travail passent le test une fois scruté par l'objectif ultra précis d'une caméra HD. Quant aux décors en carton pâte de nos bons vieux téléromans, ils ont dû subir une cure de jouvence. Terminés les joints de mur vite faits de Symphorien et les accessoires en toc de L'Or du Temps. Aucun défaut n'échappe au HD. Pas même le botox et la lipo d'une actrice vieillissante…
Oui, j'en ai marre que tous ceux qui ne connaissent absolument rien au HD se vantent de pouvoir faire décoller une fusée dans leur salle de cinéma maison. « Nous autres on a une télé 56 pouces et quand on écoute un film en HD, on peut voir si l'acteur principal a encore ou non ses amygdales! » De quoi me rendre nostalgique de la belle époque du Videoway…
Mon palmarès des révolutions culturelles de la décennie 2000-2010 se poursuit demain.