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10- 2000-2010: Les restants de la décennie

C'est aujourd'hui que se termine mon palmarès quotidien des 10 révolutions qui ont changé le visage de la culture depuis 10 ans.

10- 2000-2010 : Les restants de la décennie

Comme il ne s'est pas fait que du bon en culture depuis 2000, je termine mon palmarès des révolutions qui ont changé le visage de la culture depuis 10 ans par les restants.  Qu'est-ce qui nous a royalement tombé sur le système en 10 ans.  Qu'envoit-on aux oubliettes?

Les bébelles de studio

Mais c'est qu'ils nous en ont mis plein les oreilles les chanteurs du dimanche, starlettes à la voix d'hamster et rats de studio sans réel talent depuis 10 ans.  Un grand merci à l'Auto-Tune, le fameux logiciel permettant de corriger le « pitch » d'une voix et d'empêcher de fausser n'importe quel pousseux de note amateur.  Grâce à lui, nos ondes radio sont maintenant saturées de son insupportable son.  L'Auto-Tune.  Une belle bébelle pour faire sonner les Paris Hilton et Ashley Simpson de ce monde comme Maria Callas.  Poussé à l'extrême par des artistes comme T-Pain, l'Auto-Tune a rendue artificielle la voix de la plupart des artistes pop de la dernière décennie comme Justin Timberlake, Rihanna, Madonna, ou Britney en les faisant sonner comme Cher dans son insupportable hit « Do You Believe in Love After Love ».  Brrrrr!


L’animatrice Ellen Degeneres et les joies de l’Auto-Tune

À l'aube de 2010, on exagère très peu en disant que l'Auto-Tune aura été le son des années ‘2000 tant il ne passe aucun succès radio qui n'utilise pas le fameux logiciel.  Au point d'inspirer une chanson intitulée « Death to Autotune » au rapper Jay-Z sur son dernier album et d'encourager les gens d'Apple à créer une application Auto-Tune sur iTunes.  Une vraie plaie.

D'ailleurs, les mauvais chanteurs ont à ce point réussi à passer sous le radar en studio grâce à l'Auto-Tune qu'une fois sans filets et devant public, ils n'ont eu d'autre choix que d'avoir recours au bon vieux lipsync.  Le subterfuge idéal pour éviter de montrer au monde entier qu'on ne peut pas chanter « comme sur le record ».  Tout le monde se souvient de la pauvre Ashley Simpson, prise en flagrant déli de lip sync en direct à Saturday Night Live en 2004.  Devant des millions d'auditeurs, elle s'est ainsi mise à chanter « Peaces of Me » alors que son micro n'était pas encore porté à sa bouche…  Kanye West, Madonna et Britney Spears ont subi la même humiliation. Bien bon pour vous.


Ashley Simpson prise en plein lip sync à Saturday Night Live.


En 2008, Kanye West a su transformer l’insupportable son de l’Auto-Tune en déchirant cri du coeur sur son album 808s and Heartbreak.

Le bon vieux stock

La première décennie des années ‘2000 aura aussi été celle du recyclage musical.  D'abord des sons d'autrefois qu'on s'est mis à échantillonner à la tonne sur les radios commerciales.  Bien entendu, le sampling n'a rien de nouveau.  Déjà en 1989, les Beastie Boys lançaient leur immortel Paul's Boutique fait de 105 échantillons de chansons allant des Beatles à Led Zeppelin.  Un chef-d'œuvre de réappropriation musicale qui n'a rien à voir avec le manque d'idées à peine camoufflé des producteurs des 10 dernières années.  Depuis 2000, on a ainsi remixé « Tainted Love » sur « S.O.S. » de Rihanna, Ray Charles sur « Gold Digger » de Kanye West, « Africa » de Toto, « I Love Rock and Roll », « Video Killed the Video Star », les sons de Kraftwerk, Depeche Mode…

Puis sont arrivés les albums de reprises.  Les satanés albums de reprises qui se multiplient au Québec comme des champignons.  Au point où on se demande si nos artistes pop ont décidé d'arrêter à tout jamais de faire dans la musique originale.  Sylvain Cossette a repris les classiques des années '70, Ima a finalement fait décoller sa carrière en reprennant les grands noms de la chanson, Boom Desjardins a repris des classiques québécois, les Lost Fingers des hits pop en version manouche…  On a aussi repris les chansons de Passe-Partout, de Jean-Pierre Ferland…  Et, pris d'une étrange nostalgie, le public a embarqué.  Peut-être un peu aveuglé par le côté réconfortant d'un tube sur lequel on a dansé quand on était jeune, ou bercé par le côté instantanément accrocheur d'un succès qui a fait ses preuves.  Pourquoi se forcer à apprivoiser de nouvelles chansons quand on peut se retaper celles qu'on connaît déjà par cœur et qu'on a toutes rassemblées sur un seul disque?  Vive les vieilles pantouffles.

Le fond du baril

La décennie 2000-2010 aura aussi été celle du look émo (avec des groupes formés d'adolescents au visage aussi blême et au charisme aussi subtil que les vampires de Twilight), de la vague du rap rock (quelqu'un s'ennuit-il vraiment de Linkin Park ou de Fred Durst des Limp Bizkit?!), des prequels de films (on a ainsi pu surfer sur le succès de Silence of the Lambs en sortant Hannibal Rising, du Texas Chainsaw Massacre en produisant Texas Chainsaw Massacre : The Beginning et de The Exorcist en lançant The Exorcist : the Beginning) et des spectateurs ne pouvant plus profiter d'un spectacle, trop occupés à le vivre sur l'écran de leur téléphone cellulaire pour le prendre en photo.


Les jeunes emos de Tokyo Hotel

Je suggère donc qu'on place tous ces restants dans un gros baril avec les souliers Crocs, les films en Blue-Ray, Paris Hilton, les vedettes de téléréalité qui se prennent pour le nombril du monde, la vague des « torture movies », la psychose de 2012 et  les gagnants d'American Idol et qu'on enterre tout ce qui nous a fait suer depuis 10 ans 6 pieds sous terre.  Une belle façon d'entrer dans une nouvelle décennie le cœur plus léger et la tête tranquille.  Comme disait François Pérusse : « On a juste à appuyer sur le p'tit piton RESET ».  Bonne Année 2010.  On fait RESET et on recommence!