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Malades les journalistes

La maladie du journaliste

Parler à Catherine Deneuve en tête à tête : check!
Respirer le même air que Robert Deniro : check!

Les journalistes sont de grands malades.  Des junkies du Blackberry et du iPhone.  Des accrocs de statuts Facebook qui arrachent et du tweet qui rendra leurs collègues jaloux.  Et pour être bien franc, je fais partie des infectés.

J’arrive tout juste du Festival du Film de Toronto, que je couvrais pour l’émision VOIR, et pourtant, j’ai encore l’impression d’y être.  Virtuellement en tout cas.  Suffit d’être branché sur les comptes Twitter des journalistes qui y sont encore pour avoir l’impression de déambuler sur Yonge Street et d’épier les stars dans les chics boutiques de Yorkville.

En 3 jours au Festival, jamais je n’ai vu autant de pitonneux de claviers et assisté à autant de crises de panique reliées au stress de ne pas pouvoir mettre à jour son statut Twitter.

« J’ai une entrevue avec Darren Aronofsky dans 10 minutes mais je dois l’annoncer à mes abonnés avant!  Je vais devoir écrire ça rapido dans le taxi!"

« Croyez-vous qu’il y ait du WiFi à l’Hôtel Intercontinental?  Je viens de photographier l’acteur Geoffrey Rush en train de boire un café et je veux envoyer ça sur Facebook rapidement! »

J’ai moi-même passé le tiers de mon temps à Toronto scotché à l’écran de mon Blackberry, passant l'attente entre les entrevues à faire partager au monde mon expérience là-bas pendant que, dans le fond, je profitais à moitié de la mienne.  Être là sans y être vraiment.  Savourer le moment présent via le clavier de mon téléphone cellulaire.  Et le pire dans tout ça, c’est que je n’ai fait qu’imiter les autres.

En 3 jours, j’ai donc mis en ligne sur Facebook des photos d’Edward Norton débarquant sur le tapis rouge de Stone, fais mon frais sur Twitter après avoir croisé Deniro au Elgin Theater, écrit à mes amis en apercevant le génial Colin Firth au centre-ville, donné en direct mes commentaires sur la frénésie et l’hystérie collective accompagnant l’arrivée de Ben Affleck à la première de The Town…  Mais tout ça était vital, non?  Il était de mon devoir d’informer tout le monde de mes moindres allées et venues…  Ou peut-être pas.

TIFF 2.0
Ceci dit, il se sera peut-être passé plus de choses en ligne qu’en personne cette année au Festival du Film de Toronto.  La semaine dernière, j’ai ainsi mentionné sur ce blogue la géniale initiative du légendaire critique Roger Ebert, privé de la parole après avoir combattu un cancer mais participant à son festival préféré en organisant un duel sur le cinéma via Twitter entre différentes personnalités du milieu.  Résultat?  Une foule considérable a assisté à l’événement tenu samedi après-midi au Filmmaker’s Lounge du TIFF.   Malgré la maladie, Ebert l'aura eu son festival.

Côté primeurs et nouvelles fraîches, les choses se sont également déroulés majoritairement sur Twitter.  C’est là qu’on aura appris avant tout le monde qu’Incendies de Denis Villeneuve profite d’un bon buzz qui pourrait le propulser aux premiers rangs de la sélection canadienne pour la prochaine cérémonie des Oscars, que le même film a été acheté par Sony Pictures, que les gens étaient prêts à tout pour assister à une représentation de The Black Swan de Darren Aronofsky (probablement LE film qui aura fait le plus jasé durant ce TIFF 2010), que le suave Javier Bardem a été aperçu déambulant dans le lobby de son hôtel vêtu d’un t-shirt Ed Hardy (une contravention de style de Jean Airoldi pour Monsieur Cruz?!)…  Une de mes collègues a même refilé un tuyau à ses amis journalistes en dévoilant sur Twitter le meilleur emplacement où apercevoir les stars durant le Festival (un Starbucks du centre-ville).

Le Festival du Film de Toronto se poursuit jusqu’à dimanche soir.  Pour plonger vous aussi dans le bain, rendez-vous au #TIFF2010 ou suivez mes collègues Manon Dumais (@ManonduVoir), Anne-Marie Withenshaw (@amwithenshaw), Pierre Landry (@PierreLandry) et Marie-Joëlle Parent (@mariejoelle).

***  Voyez notre reportage sur le Festival International du Film de Toronto à l'émission "VOIR", ce mercredi 21h, à Télé-Québec.