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Dans la tête de Robin Aubert

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Dans la tête de Robin Aubert

En tournage le week-end dernier au Festival du Film de Toronto, j’ai eu un gros coup de cœur pour le cinéaste Robin Aubert, dont le film À l’origine d’un cri prend l’affiche le 24 septembre prochain après avoir profondément ému le public du TIFF.  Aubert.  Un gars sincère, direct et sans bling-bling que j’ai aussi appris à connaître un peu plus via le blogue génial qu’il tient sur le site officiel de son nouveau long métrage.  Le journal de bord sans censure d’un jeune cinéaste prêt à tout pour faire des vues et une porte d’entrée unique dans la tête de Robin Aubert.

Au fil des billets, on y découvre ainsi un Robin Aubert tout petit, se voyant comme l’underdog à côté du succès d’un Dolan, du talent d’un Villeneuve et la carrière d’un Denis Côté.

"L’underdog vit à l’ombre des favoris, sous le macadam, errant dans les égouts d’une ville aux mille clochers.”

Pour Robin Aubert, le financement est une étape chiante dans le processus de création.  On est beaucoup trop pour demander de l’argent, et il ne peut nécessairement y avoir autant d’élus.

"On fait la file comme des détenus du Goulag. Il faut attendre notre tour. C’est franchement chiant. Surtout lorsqu’on se présente devant les institutions pour vendre sa salade. Pourquoi tel personnage agit de la sorte ? Parce que c’est comme ça. Oui, mais encore ? Parce que ça me tente. ??? Parce que mon cœur me dit que c’est comme ça que ça devrait être. Et ta tête ? Ma tête aussi, mes pieds pis mon nombril. Si on comprend bien, tu ne veux pas changer cette partie-là ? Ça dépend, est-ce que vous allez me donner de l’argent pareil ?”

En se rendant au Festival de Toronto, Aubert y est aussi allé de sa petite réflexion sur les festivals (“Jacques Tati et les festivals”), en séparant les cinéastes assistant à un tel événement en 2 clans.  Ceux qui voient la chose comme une belle façon d’aller voir des films et de découvrir un nouveau pays, et ceux qui dorment avec leur passe VIP dans le cou en espérant que le “PR” paiera.  Vous l’aurez deviné, Robin Aubert préfère faire partie du premier groupe.

“Une autre fois, en Corée, j’ai assisté comme tout le monde au cocktail de bienvenue du festival.  Je me souviens de ma petite assiette de dumplings sur les genoux, installé sur la grande terrasse où l’on voyait la ville de Pusan au loin. J’observais les filles dans leurs robes décolletées et moulantes et les hommes dans leurs costards noirs. Je me demandais ce qu’ils pouvaient bien faire sur un film. Chacun semblait avoir son clan, sa tribu, son monde. Ils riaient à gorge déployée et ça semblait fort intéressant. J’étais seul. Comme un rat. Je ne m’en plaignais pas outre mesure, mais disons que j’ai évité les invitations mondaines pour les autres soirs. Je vagabondais  dans la ville, lumineuse en pleine nuit, comme les néons de Las Vegas. J’avais apporté ma nouvelle caméra, une Panasonic 24p. Je faisais des tests la nuit, pour voir comment elle réagissait aux noirs. Je me perdais dans les rues, j’essayais des petits bouibouis crasseux servant des soupes magnifiques.”

Dernier billet de son carnet de bord : « Lettre aux étudiants ».  Un petit manuel sans prétention à l’attention des étudiants en cinéma, de ces milliers de jeunes s’inscrivant à Jonquière, au Cégep St-Laurent ou à Concordia en ne se sachant pas trop dans quoi ils s’embarquent.

« …voici ce que je dirais aux étudiants qui veulent faire du cinéma :
Faites à votre tête.
Ayez peur.
Faites votre chemin sans vous soucier de la course et de la ligne d’arrivée.
Envisagez de bifurquer dans un sentier inconnu pour voir ce qui se trouve au fond du bois.
Achetez une caméra.
Ne la laissez pas dans son sac de protection.
Filmez.”

Vraiment, gros coup de cœur pour ce Robin Aubert, pour le sympathique underdog franc et coloré qu’il faut absolument suivre sur son blogue et qu’il faudra à tout prix aller applaudir en salles le 24 septembre prochain.

*Voyez Robin Aubert à l’émission VOIR dans notre reportage sur le Festival du Film de Toronto.  Ce soir 21h, à Télé-Québec.