Dolan chez VOIR TV
Il y a longtemps qu’on l’attendait celui-là. Xavier Dolan, le « jeune prodige », « génie », « cinéaste de l’avenir », « Messie de notre cinéma », « petit fendant »… Appelez-le comme vous le voulez. Il a beau ne pas faire l’unanimité, il y a maintenant presque 2 ans que l’équipe de VOIR TV souhaitait recevoir l’auteur de J’ai tué ma mère et Les amours imaginaires. La chose s’est finalement concrétisée hier.
Il est arrivé un café à la main, fébrile comme à son habitude (c'est juste moi où il est la version masculine d'Anne Dorval?!), tout juste revenu de France où ses Amours imaginaires connaissent un succès modéré mais fort remarqué (on est quand même loin des Invasions Barbares côté box office). Un gars à peine sorti de l’adolescence mais qui sait déjà ce qu’il veut. Se faire filmer en se faisant maquiller? Pas certain. Pourquoi ne pas attendre après? Ce n’est pas très glorieux…
No Bullshit
En revenant du dernier Festival de Cannes, Herby Moreau est peut-être celui qui m’a le mieux cerné le personnage Dolan. Après avoir été le seul à le suivre avec une petite caméra maison depuis le tapis rouge jusqu’à la salle où était projetés Les Amours imaginaires, le reporter est sans doute celui qui l’a côtoyé à son plus naturel, aux prises avec un trac sans nom et une angoisse que peu de cinéastes vivront au cours de leur vie. « Xavier dérange les gens parce qu’il sait ce qu’il veut et il ose le dire. », m’a raconté Herby. « Au Québec, on est toujours trop gentils. On ne veut pas élever la voix ou dire ce qu’on pense vraiment parce qu’on veut garder notre job et nos chums. Quand quelque chose ne plait pas à Xavier, rien ne le retient. Il donne son opinion sans penser à tout ça. » No bullshit.
Dolan pète sa coche
Généralement, les entrevues tournées en studio chez VOIR ne durent pas plus d’une quinzaine de minutes, pour un final d’environ 6 ou 7 minutes au montage. L’entrevue de Xavier Dolan aura duré 30 minutes.
30 minutes de franche sincérité durant lesquelles le jeune artiste a parlé, parlé, parlé… Une longue entrevue-fleuve durant laquelle il a été question du financement de son prochain film (contrairement à ce qu’ont prétendu tous les médias, le site web sur lequel le public peut faire un don et devenir co-producteur de Laurence Anyways, ce n’était pas son idée), de sa réputation de fendant (qu’il soit réussi ou pas, si tourner un film dans lequel on tente de se poser un minimum de questions en intellectualisant un peu signifie qu’on est fendant, il doit en être un), mais aussi de l’image qu’il projette. Les blogues qui le traitent de tous les noms, il les lit de temps en temps, pour prendre des nouvelles de lui et de ce qu’on lui repproche. Ses cheveux et ses lunettes dont on parle au début de chacun des textes écrits à son sujet, il faudra bien en revenir un jour. Et cet article québécois qui lui repprochait récemment d’avoir méprisé le Québec durant une entrevue donnée en Europe, de la foutaise. « Je suis le plus grand amoureux du Québec qui soit et j’aime en être un ambassadeur! D’ailleurs, lorsque je dois tourner une scène émotive durant laquelle je dois pleurer, je n’ai qu’à penser à comment on traite notre cinéma pour fondre rapidement en larmes. » Des propos forts et pertinents, mais aussi des propos essentiels et fondamentaux.
Xavier Dolan sait ce qu’il veut et ne se gêne pas pour le dire. Ce mercredi soir à 21h sur les ondes de Télé-Québec, vous en aurez la preuve éloquente.
J’aime bien Xavier Dolan même si j’ai vu aucun de ses films. Je l’ai aperçu une fois à la tv, je ne me souviens plus dans quelle émission, et son intelligence m’avait tout de suite séduit.
Une intelligence vive mais surtout directe, impatiente mais pas énervée, très proche et en symbiose avec sa génération. Voilà un jeune qui ne joue pas au vieux, fidèle à son âge, un peu comme Charlebois, qui ne joue plus au jeune et qui le dit clairement, dans une autre vidéo, ici.
J’aime sa peignure, son toupet à la Elvis, et déjà ça me fait imaginer une filiation culturelle, peut-être, au delà des âges, car il y a du « Love me Tender », me semble-t-il ,dans son « J’ai tué ma mère » et Dolan n’attendra pas qu’on s’en aperçoive avant d’oser plus loin dans son oeuvre.
J’espère seulement que son talent n’ira pas se perdre dans un quelconque Hollywood, fût-il québécois. Et qu’il ne se coupera pas les cheveux autrement que comment ils poussent majestueusement en dedans de sa belle tête…
Essayons d’apprécier les artistes par leur art et non par leur look ou ce qu’ils commandent au restaurant.
Regardez les films de Xavier Dolan : Qu’est-ce qu’ils vous inspirent?
Qu’est-ce qu’ils vous font vivre? Si c’est trop impliquant pour vous,
allez-vous acheter un magazine à potins et juger les gens en 2 images, beau/laid, bon/méchant. C’est moins compliqué.
Merci au Voir de permettre aux artistes de s’exprimer franchement et de contre balancer les médias qui dénaturent les artistes pour en faire des vedettes afin de les rendre plus attrayants à leur clientèle mainstream paresseuse.
Parlons de l’œuvre et laissons l’artiste créer en paix.
Pourquoi faut-il toujours chercher des ressemblances et des filiations? Laissons donc Dolan être lui-même et cessons de gueuler contre son allure, son look ou son antilook et regardons ce que le bonhomme a dans le ventre à travers ses films…