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David Lynch 2.0

David Lynch, Herzog et Kevin Smith s’envoient en l’air sur le web

Avant la mode des Auteurs des années ’60 et ’70, des Cahiers du Cinéma, des Truffaut et Godard, il fut une époque où les cinéastes travaillaient dans l’ombre.  Rien de plus que de simples techniciens anonymes dont le public n’avait rien à cirer.  Mis à part Hitchcock, premier réalisateur star dont le nom au générique avait plus d’importance que le reste du film, on se fichait carrément de qui avait imaginé et tourné le film que l’on était en train de regarder.

Aujourd’hui, les choses ont changé, et les paparazzis en ont autant pour les Spielberg et les Guy Ritchie de ce monde que pour les stars qu’ils mettent en images.  Un texte  de Manohla Dargis paru la semaine dernière dans le New York Times soutient que c’est le Web et surtout le Web 2.0 qui a permis aux cinéastes de finalement entrer dans le cœur des cinéphiles. Twitter, Facebook, sites web : autant d’outils mis à la disposition des cinéastes pour se vendre, vendre leur univers, vendre leurs films, vendre leurs projets.  En ces temps mercantiles où tout n’est plus que « branding » (vous verrez d’ailleurs Gene Simmons de KISS en vanter les mérites demain soir à l’émission VOIR sur Télé-Québec), le Web demeure le meilleur outil marketing des cinéastes qui souhaitent faire connaître leur travail eux-mêmes.

Le New York Times cite par exemple le très coloré Kevin Smith, auteur de Clerks et Dogma et suivi par 1 716 496 cinéphiles sur Twitter.  Grand adepte du Web et de ses possibilités depuis les années ’90, il entretient depuis une relation très étroite avec ses fans en leur donnant régulièrement de ses nouvelles depuis sa résidence (voyez la visite de son placard sur silentbobspeaks.com) et en leur permettant d’acheter t-shirts, DVD, tasses et tout ce qui gravite de près ou de loin autour de l’univers Kevin Smith (viewaskew.com).  Chez Kevin Smith, qui s’occupe personnellement de sa présence en ligne, la frontière entre lui et ses fans est donc tombée depuis longtemps.  À un cinéphile lui demandant s’il acceptait les scénarios non sollicités via Twitter, Smith de répondre du tac au tac : « J’aime mes scénarios comme j’aime mes femmes : sollicités et désirés.  Et verbeux.  Avec des blagues de Star Wars. »

Les fans de David Lynch, eux, peuvent se brancher au davidlynch.com ou sur son compte Twitter pour connaître, entre autre, la météo du jour (« Here in L.A. : Blue Skies, golden sunshine, a gentle breeze.  59 degrees F.  Have a great day! ») et lire ses correspondances avec d’autres cinéastes comme Werner Herzog (« Peux-tu raconter la fois où tu as sauvé la vie de quelqu’un devant ta maison? »).  Parlant d’Herzog, il est certainement à ce jour un des représentants du 7e Art les plus actifs sur le web et sur Twitter.  Au wernerherzog.com, par exemple, il est possible de se procurer produits dérivés, DVDs, nouvelles, de connaître ses déplacements et même de lire sa « Minnesota Declaration » dans laquelle il s’élevait en 1999 contre les codes du cinéma vérité et de la téléréalité qui commençait déjà à prendre de plus en plus de place.

Parmi les autres sites d’intérêts, le New York Times fait état du michaelbay.com (pour revoir les spots publicitaires pour Victoria’s Secret du plus mégalo des gros bonzes d'Hollywood, découvrir des photos de lui en pleine action sur un plateau de cinéma  et lire ses carnets de tournage),  et du http://blogs.indiewire.com/peterbogdanovich/, blogue du grand cinéaste Peter Bogdanovich (on peut entre autre y lire sa passion pour l’histoire à travers des écrits sur le cinéma).

Que ce soit pour des cinéastes établis qui préfèrent prendre eux-mêmes les rennes de ce qu’on écrit sur eux, des cinéastes d’avant-garde qui voient le web comme la meilleure plate-forme de distribution pour leur travail ou pour des réalisateurs moins intéressés par la chose comme Martin Scorsese ou David Fincher mais dont les très populaires sites web sont plutôt tenus par des fans, le Web 2.0 est devenu un puissant outil promotionnel et un agent publicitaire en soit.  Une façon ingénieuse et très peu coûteuse de « brander » leur univers et de faire voyager leurs vues sur le monde.