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Le Hollywood de Kusturica

Durant la guerre de Bosnie, le grand cinéaste serbe Emir Kusturica (Chat noir, chat blanc, Underground) a perdu sa ville, défigurée dans les affrontements.  Il y a 5 ans, il est finalement arrivé à la remplacer.  Sa solution?  Construire son propre village.  Son monde où il règne aujourd’hui en maire autoproclamé.

Küstendorf (c’est le nom du village en question) fait l’objet d’un passionnant texte de Gary Lawrence publié sur le site de L’Actualité.  Une visite guidée d’une des destinations touristiques les plus primées par les cinéphiles avertis.  Un lieu de 4500 hectares aménagé de toutes pièces par le réalisateur qui s’y réfugie dès qu’il en a l’occasion.  On pourrait presque y voir une sorte de mini-Hollywood où Kusturica a baptisé lui-même les rues et les squares en l’honneur de ses héros (la rue Federico-Fellini, la rue Jim-Jarmush, le square Diego-Armando-Maradona …) et où on trouve  même une statue de Johnny Depp (l’acteur était invité d’honneur de la dernière édition du Festival du film et de la musique de Küstendorf, un événement que Kusturica a mis sur pied pour mettre de l’avant le travail des auteurs et des nouveaux talents).  

Accueillant chaque année pas moins de 300 000 touristes et curieux, Küstendorf a maintenant sa chapelle, son hôtel, deux restaurant, une salle de cinéma souterraine, une librairie, une garderie, un studio, et même une prison dans laquelle on ne trouve que deux voyous derrière les barreaux : George W. Bush et Javier Solana, en poste à l’OTAN lorsque Belgrade fut bombardée durant la guerre du Kosovo.  Typiquement Kusturica.

Soucieux d’être de son temps, le cinéaste a même fait en sorte que la construction de son village respecte des règles très strictes en matière d'économie d'énergie.  Récupération de vieux matériaux, très peu de béton, respect de la nature et du relief et chauffage aux granules de bois.

Le nouveau Hollywood se trouve donc maintenant dans les vastes montagnes de la Serbie.