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Le concert des Arctic Monkeys à l’Oympia de Montréal

Certains collègues de l’industrie musicale m’ont souvent regardé comme si j’étais un perdu en apprenant que j’étais un fan des Arctic Monkeys.  Bah!  Un petit groupe né sur MySpace.  La formation qui n’a supposément été efficace que le temps d’un album.  Un feu de paille qui n’a jamais réussi à suivre les tendances pour se répéter inlassablement.  Pourtant, à voir l’immense foule en délire rassemblée hier soir à l’Olympia de Montréal pour leur grand retour (« ça refoule jusqu’au vestiaire! », criait une hipster tout près de moi), force est de croire que les Monkeys sont encore dans le coup.

Terminée l’époque où les boys Sheffield débarquaient sur scène sapés comme des Mods des années ’60 aux cheveux longs.  Déjà loin de l’aventure stylistique des Last Shadow Puppets, le leader Alex Turner semble en effet avoir laissé de côté complet trois pièces et Chelsea boots en échange du plus traditionnel ensemble t-shirt / jeans.  À la limite, le quatuor qu’on a vu hier soir ressemblait plutôt aux quatre p’tits culs un peu naïfs qui présentaient l’explosif Whatever People Say I Am I'm not en 2006, à peine 4 ans après avoir reçu en cadeau de Noël leurs toutes premières guitares pour apprendre à en jouer en quelques mois.  Cheveux courts, dégaine de jeunes premiers, énergie dans le tapis : les Monkeys d’hier soir semblaient avoir retrouvé le feu sacré.  Heureux retour à la simplicité et à l'efficacité.

Il y a que les gars n’ont pas la réputation la plus reluisante.  Blasés et peu bavards en entrevue, ils ont déçu le trois quart des fans venus les voir lors de leur premier spectacle à Montréal par leur froideur et leur flegme plus que Britannique.  Cinq ans et quatre albums plus tard, le quatuor a fait du chemin.  Pas nécessairement plus verbomoteurs sur scène (et se contentant d’à peine quelques « Everybody’s ok? » entre les pièces), les garçons ont toutefois balancé tout ce qu’ils avaient à la foule réunie hier soir à l’Olympia.  Plus solides que jamais au niveau musical (le batteur Matthew Helders est une véritable mitraillette et le wonderboy anglais Alex Turner fait des miracles en arrivant à chanter ses longs couplets-fleuve tout en se chargeant des complexes parties de guitare principale) et s’appuyant sur une set list superbement balancée (on passait de nouvelles pièces qui figureront sur le nouveau Suck it and See à paraître le 6 juin aux pièces sombres de Humbug, effleurant des succès du premier album au passage avant de revenir à la charge avec les bombes de Favourite Worst Nightmare), les Arctic Monkeys jouaient visiblement pour les fans qui leur rendaient l’attention en hurlant les paroles de chaque chanson avec passion.  Il fallait voir l’ambiance électrisante qui règnait lors du rappel, alors qu’on entamait à l’unisson les premiers couplets de « When the Sun goes down » sous les lumières stroboscopiques et sauvages de la scène, avant de conclure avec la magnifique « Fluorescent Adolescent ».

Au final, une prestation à fond de train malheureusement trop courte (on aurait facilement ajouté quelques minutes à l’heure et quart qu’a duré l’intense spectacle) mais prouvant que les Arctic Monkeys ont toujours leur place et un bassin d'irréductibles fans.  Un feu de paille vous disiez?