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L’Atelier Michel Gondry

J’ai toujours vu le cinéaste Michel Gondry comme le meilleur remède à un certain cinéma trop cérébral, trop rigide, trop rongé par le cynisme ambiant.  Il est toujours bien de voir qu’à l’heure où les cinéastes prennent en moyenne de 4 à 6 ans pour accoucher d’un nouveau projet en passant à travers toutes les étapes du financement comme Astérix à travers les différents stades de ses 12 travaux, certains amoureux du 7e Art comme Gondry osent encore prendre le taureau par les cornes et tourner coûte que coûte avec des bouts de ficelle et l'émerveillement d'un p'tit cul de 8 ans.  "Be Kind Rewind", "Eternal Sunshine of the Spotless Mind" et "The Science of Sleep"?  De magnifiques doigts d’honneur à un système complètement dépassé.

On parle beaucoup de la question du mécénat public en culture depuis quelques années.  Devrions-nous réellement laisser des fonctionnaires décider de qui aura l’argent pour tourner son prochain film ou de qui pourra enfin enregistrer son premier album?  Les riches mécènes sont-ils la solution au problème?  Pour le cinéaste Michel Gondry, il semble que la solution réside dans l’accessibilité.  Rendre l’art totalement accessible pour permettre au plus grand nombre d’artistes de diffuser leurs idées.

C’est donc sans surprises que le populaire réalisateur annonçait la semaine dernière à Cannes (où on l’avait nommé Président du jury de la section Courts Métrages) la création de l’Usine de Films Amateurs, un programme qui permet à des jeunes Français d’écrire et de produire leurs propres films sous la tutelle du réputé cinéaste.  « On a peut-être à faire à une révolution culturelle », de lancer l’humoriste Jamel Debouze, aussi impliqué dans le projet visant à rendre l’art accessible à tous et à encourager l’esprit créatif de jeunes habitant des régions où la culture est moins diffusée.

En février dernier, alors qu’on offrait le premier atelier de l’Usine de Gondry au Centre Pompidou de Paris, 4500 cinéastes amateurs ont répondu à l’appel pour finalement produire 311 films.  Un succès retentissant qui prouve la nécessité de la démarche.  Déjà, on prévoit des arrêts de l’atelier à Lille et Marseilles.  Et à long terme, on espère donner un nouveau souffle à la production cinématographique européenne en forgeant de nouveaux talents.

Je verrais bien un cinéaste comme Simon-Olivier Fecteau (notre Gondry québécois?!) offrir le même genre d’atelier au Québec.  Une sorte de caravane du cinéma se promenant en région pour former les cinéastes de demain et leur offrir les outils pour s’exprimer librement.  La personne idéale pour leur enseigner comment passer leurs futurs acteurs en audition…