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Mon Québec est à Paris

La vraie Québécoise, celle qui mord à pleines dents dans la musique et la couleur culturelle de notre province le jour de sa Fête Nationale, je l’ai trouvée cette année non pas dans Rosemont, dans une ruelle du Plateau ou dans la Basse-Ville de Québec.  Plutôt dans St-Lazarre, à deux pas des Galeries Lafayette de Paris.  Emmanuelle a beau être une simple disquaire parisienne travaillant à la FNAC (l’équivalent français d’Archambault) d’un des quartiers les plus achalandés de la Ville Lumière, elle connaît probablement mieux la scène musicale québécoise actuelle que bien des adolescents de Laval et des journalistes de Montréal.  Emmanuelle en est fan finie.

En tournage pour l’émission Voir à Paris, je vis cette année une Fête Nationale pas comme les autres.  Une St-Jean loin de mon party de quartier au Parc Pélican, des caisses de Labatt Bleue et des foules du Parc Maisonneuve.  Et pourtant, à des milliers de kilomètres de l’autre côté de l’Atlantique, j’ai l’impression que je n’aurai jamais autant parlé du Québec qu’en me retrouvant ici le jour de son anniversaire.  Entre une visite devant caméras sur la scène Richelieu de la mythique Comédie Française où le metteur en scène de Valleyfield Denis Marleau nous a parlé de son Agamemnon présenté tout l’été et un avant-midi à me promener à l’ombre de Notre-Dames en compagnie de l’acteur Yves Jacques, qui habite le quartier depuis 15 ans, je tombe comme ça, par hasard, sur une Parisienne qui me rappelle à quel point notre musique est exceptionnelle et unique.

Robert Lepage a déjà dit que c’est sortant du Québec qu’on réalise vraiment ce que c’est qu’être Québécois.  Moi, c’est en me rendant aujourd’hui à la FNAC de St-Lazarre que j’ai réalisé à quel point j’étais fier de débarquer à l’étranger avec du Malajube, du Karkwa ou du Philippe B dans mon iPod.  « Contrairement à celle qu’on fait ici en France, votre musique vient du ventre et du cœur.  Des trippes!  Vos musiciens ne font pas que de la musique avec leur tête! », de me raconter Emmanuelle dans les rayons de son département de Musique Francophone.  Grande admiratrice de Caracol, de Catherine Durand (« Je prie le Ciel pour que quelqu’un se décide finalement à la parrainer en France!  J’ai adoré son dernier album! ») et d’Alfa Rococo (qu’elle appelle affectueusement « ses petits chouchoux »), Emmanuelle apprécie à ce point la musique de chez nous qu’elle a récemment élaboré un dépliant pour la FNAC vantant les mérites de la scène actuelle à nos cousins Français.  Un document destiné aux clients du grand disquaire français dans lequel on retrouve autant Yann Perreau et Arcade Fire que Marie-Annick Lépine, Rufus Wainwright, Catherine Major et Tricot Machine.  « Céline Dion, c’était bien il y a 15 ans.  Maintenant, ça ne représente plus la musique qui vient du Québec.  J’opte plutôt pour les Cowboys Fringants, Ariane Moffatt ou Pierre Lapointe. »  Une Bleue d’adoption jusqu’au bout des orteils!  Et la folie Cœur de Pirate dans tout ça?  « C’est plutôt un truc d’adolescents.  Et pour moi, ça sonne très Français, autant dans les sonorités que le très mince filet de voix.  Mais tout de même, les gens attendent chacune de ses sorties avec impatience! »

Reste à les faire réellement connaître outre-Atlantique, nos artistes.  Puisque si nos médias québécois ont l’habitude d’amplifier les succès à l’étranger d’un Pierre Lapointe ou d’une Ariane Moffatt, la réalité est toute autre lorsqu’on se rend sur le terrain.  « Le bouche à oreille se fait lentement.  Les salles sont pleines, mais ce sont de petites salles", explique Emmanuelle.  "Le problème, c’est que les artistes du Québec ne s’installent pas en France.  C’est bien de venir faire des petits sauts pour assurer la promo d’un disque.  Mais pour percer à Paris, il faut de la présence.  Il faut être là et se faire voir.  Ça, Cœur de Pirate l’a compris.  Voyez maintenant le résultat! »

Il fallait donc une Française pour ranimer en moi la fibre patriotique en ce jour de la St-Jean passé loin de la maison.

Merci à nos artistes d'aussi bien nous servir de drapeaux.

Emmanuelle tient un blogue sur le site web de la FNAC.  Pour lire sa passion de la musique québécoise, c’est ici!