Transformers 3 prend l’affiche demain. Depuis 2 semaines, sur Twitter, on s’active. “Le meilleur film en 3D depuis Avatar!” “Un chef-d’oeuvre visuel époustouflant!” “Il y aura un Avant et un Après Transformers 3!” Et puis quoi encore? Si je le pouvais, j’engagerais une équipe d’infographistes pour monter un court métrage d’animation en 3D. Une simple phrase en caractères blancs et en relief qui apparaîtrait sur fond noir. MORT AU 3D. Je ferais sans doute un tabac.
Je ferais sans doute un tabac parce que la 3D semble être la meilleure gimmick qu'ait trouvé l’industrie du film depuis les vampires insipides de Twilight ou les gros chars montés de Fast and the Furious. Si un film est en 3D, il y aura forcément preneurs. Seulement depuis le début de cette année, on a eu droit à Gnomeo and Juliet 3D, Justin Bieber : Never Say Never 3D, Priest 3D, Thor 3D, Pirates of the Caribbean 3D… Et c’est sans compter les ressorties prochaines de Titanic (que James Cameron a converti à la sauce relief) et de l’ensemble des films de la série Star Wars, retravaillés par Lucas Arts pour correspondre à la mode des films qui donnent mal aux yeux.
Seulement, soyons francs, la 3D ne fonctionne pas du tout. Du moins, pas comme on nous la vend. Plus souvent qu’autrement fausse (Piranha 3D en est la meilleure preuve, le cinéaste français Alexandre Aja ayant dû tourner son film de façon conventionnelle pour ensuite créer artificiellement l’effet 3D en post-production par manque de temps et de moyens), la 3D n’ajoute rien au film et force les cinéastes à inclure quelques plans ridicules justifiant l’utilisation de cette technique vieille comme le monde. Une balle de revolver tirée vers l’auditoire, une arme semblant sortir de l’écran, une explosion plus grande que nature… La réalité et les environnements présentés sur un écran de cinéma étant déjà en 3 dimensions, pourquoi vouloir en ajouter une 2e couche? Généralement, on en ressort avec un sérieux mal de bloc et l’impression de s’être fait avoir en payant notre billet de cinéma 15$ sous prétexte qu'on assistera à ce qui se fait de mieux en matière de projection. Bien au contraire, c'est souvent la projection en question qui écope de cette technologie plus qu'approximative, l'industrie n'ayant jamais fixé de barèmes quant aux normes de qualité d'un film en 3D. Du gros chacun pour soi.
Ce qu’on oublie trop souvent, c’est que le procédé n’est pas du tout nouveau. Au contraire. On l’a testé et renvoyé aux oubliettes si souvent qu’on en vient à se demander si les producteurs ne font pas simplement preuve de cruauté envers leur public forcé d’encaisser des films 3D mal projetés. Née durant les années ’50, à l’ère où des producteurs comme William H. Castle cherchait par tous les moyens à attirer les gens en salles (les films en OdoRama, les chocs électriques sous les bancs…), la 3D a connu ses premières heures de gloire avec plusieurs séries B, comme l’assez mauvais House of Wax avec Vincent Price et le classique de science-fiction It Came from Outter Space. La mode des paires de lunettes bleues et rouges passant rapidement, il fallut attendre le cinéma d’horreur américain des années ’80 pour voir apparaître la vague des Friday the 13th 3D, Amytiville 3D, Freddy 3D…
Ceux qui croient être dans le coup et bien de leur temps en s’achetant un téléviseur 3D (très mauvais vendeurs en magasins parce que livrant très rarement la marchandise, selon un commis du Centre Hi-Fi), détrompez-vous. Vous avez entre les mains une technologie jamais tout à fait bien développée et qui n’a jamais survécu à l’épreuve du temps. Lançant son Transformers : Dark of the Moon demain, le réalisateur tâcheron Michael Bay semble déjà regretter son choix de tourner le film en 3D. Du moins, le procédé lui a donné bien des nuits blanches, l’obligeant à envoyer à plusieurs projectionnistes de salles de cinéma des instructions claires pour éviter une projection trop sombre qui colle souvent mal aux films 3D. “Nous sommes là-dedans tous ensemble”, écrit-il dans son mémo, voyant déjà poindre à l’horizon les plaintes de ceux qui seront déçus par la piètre qualité du rendu 3D de son nouveau "chef-d’oeuvre".
Je me rassure donc en me disant que comme à la fin des années ’50 et des années ’80, la 3D devrait bientôt disparaître à nouveau lorsqu’on réalisera à quel point cet inutile et inefficace procédé très coûteux n’amène rien au 7e Art.
La vie est toujours plus belle sans lunettes.
Ce ne serait pas si mal si les studios cessaient d’utiliser le procédé à toutes les sauces. James Cameron a réussi à me faire oublier qu’Avatar est un gros ramassis de clichés environnementalistes et une copie de Dances with Wolves (qui est une copie de Pocahontas) parce que l’usage du 3D dans son film était à la fois impressionnant et subtil. Cela dit, tous les autres films que j’ai vu prennent les spectateurs pour des cons en faisant sortir des objets de l’écran. Si une fois de temps en temps un film bien fait en 3D sortait, je ne serais pas contre. Mais là, c’est pas mal l’overdose!