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Mon cinéma canayen

Pour souligner la Fête du Canada, le site de l’ONF a mis en ligne ce matin une sélection de films « qui mettent en valeur les richesses naturelles, les paysages majestueux, la diversité culturelle, les traditions et les quatre saisons propres à notre vaste pays.”  En liste, surtout des films d’animation (dont le classique Chandail de Sheldon Cohen sorti en 1980 et rendant hommage au Rocket).

Ce qui m’a fait songer à ma propre liste.  Mon cinéma canayen à moi.  Les Québécois ont l’habitude de répéter avec fierté que le reste du Canada ne sait pas tourner des films comme eux savent le faire.  Force est de constater que ma liste penche davantage du côté du bleu fleur de lysé que du côté obscur rougeâtre…

Le déclin de l’Empire Américain (1986) et Jésus de Montréal (1989) de Denys Arcand.  2 sacro-Saints classiques qui n’ont pas vieilli d’une ride et qui demeurent de véritables chefs-d’oeuvre même pour les étrangers s’intéressant un tant soit peu à notre cinéma.  "Les heures d'enfer que j'ai passées sur des pistes de danse…  Non mais faut tu avoir envie d'se mettre!"

The Fly (1986) et Shivers (1977) de David Cronenberg.  L’horreur canadien à son meilleur par un des maîtres les plus fascinants du genre.  Le début de son obsession pour les transformations corporelles (celle de Jeff Goldblum perdant ses dents, ses ongles et vomissant sur sa nourriture pour l’ingurgiter dans The Fly) et deux cris d’amour bien sentis à la série B.  Dans Shivers, la star porno Marilyn Chambers se mesure à un dangereux virus transformant les habitants d’un immeubles résidentiel (situé sur l’Île-des-Soeurs de Montréal!) en vampires suceurs de sang.  Plusieurs francophones Québécois y jouent leur premier rôle en anglais avec un résultat…  plutôt approximatif!

(1998) et La face cachée de la Lune (2003) de Robert Lepage.  De grands films tournés dans des conditions minuscules dans la Caserne d’Ex Machina et qui mettent en lumière ce dont on parle souvent trop peu lorsqu’on fait référence au travail de Lepage : son sens de l’humour à tout casser.  2 films qui contiennent suffisamment de répliques savoureuses pour engendrer un véritable culte chez tous ceux qui les ont vus.  “Vive le Québec Libre Tabarnac!”

The Sweet Hereafter (1997) d’Atom Egoyan.  La puissance dramatique d’un grand cinéaste dont on attend impatiemment le prochain bon coup…

Un 32 août sur Terre (1997) de Denis Villeneuve.  À l’époque, le choc de voir le film qui a ouvert une nouvelle brèche dans notre cinéma : celle de l’ouverture sur le monde et la modernité.  Après une vague de films québécois plutôt moyens (surtout des comédies) durant les années '90, le p'tit nouveau Villeneuve s’est amené en Sauveur des vieux de la vieille avec ce petit bijou tout simple résolument contemporain et superbement mis en images par André Turpin.  Pour voir Alexis Martin jouer les Woody Allen névrosés québécois…

Les ordres (1974) de Michel Brault.  Si on classe toujours Mon Oncle Antoine de Claude Jutras au sommet du palmarès des meilleurs films canadiens de tous les temps, c’est plutôt ce grand, grand film sur la Crise d’Octobre que je placerais en pôle position.  Jean Lapointe y offre une des plus belles performances de l’Histoire de notre Cinéma.

Parlez-nous d’amour (1976) de Jean-Claude Lord.  Pour voir la star de l’époque Jacques Boulanger jouer les animateurs de télé (son propre rôle en fait) crachant sur son public et les traitant de tous les noms.  Comme si Véronique Cloutier reniait le public québécois et l’envoyait promener.  Un film cruel et dur comme il s’en est rarement tourné au Québec.

La bête lumineuse (1982) de Pierre Perreault.  Un des sommets du cinéma direct.  Une bande de gars, de l’alcool, un shack perdu dans le bois à Maniwaki.  Les ingrédients parfaits pour une descente dans l’univers très masculin et macho de la chasse à l’orignal.

L'eau chaude, l'eau frette (1976) d'André Forcier.  Comme si Dali et Gille Carle avaient formé un duo pour accoucher d'un des films québécois les plus surréalistes de notre Histoire.

La mort d'un bûcheron (1973) de Gille Carle.  Le meilleur film de Gille Carle.  Point à la ligne.

Il était une fois dans l'Est (1974) d'André Brassard.  Une fascinante synthèse des premières oeuvres de Michel Tremblay dans un film haut en couleur sur le Montréal populaire d'une autre époque.  Les Belles-Soeurs colleuses de timbres rencontrent la Duchesse de la Maine, les serveuses de chez Kresgy et une Filiatrault au sommet de sa forme.