Puisque j'ai tant de lecteurs passionnés et opiniâtres (tant mieux, je suis lue!), je vous offre le bonbon du jour! La star de l'art contemporain Damien Hirst va signer une ligne pour la ligne « Warhol Factory x Levi's » présentée au cours de la semaine de mode de New York et vendue dans quelques boutiques sélects en Amérique. La ligne originale s'inspirait du maître du pop art, qui ne pouvait pas vivre sans ses 501 noirs. Maintenant, Hirst, également accro des 501, s'y met. L'artiste anglais avait déjà épaté la bourgeoisie avec son crâne incrusté de 8601 diamants, l'oeuvre d'art la plus chère jamais créée. Aurons-nous droit à des imprimés de requins ou à des poches diamantées? Dans tous les cas, on se dit que la relation entre la mode et l'art contemporain est de plus en plus promiscue.
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Les arts visuels sont les arts les moins vus… Alors tant mieux s’ils peuvent bénéficier d’une autre forme de diffusion. S’il existe des vêtements avec toutes sortes d’imprimés inintéressants, produits dérivés de films inspides ou de petits bonshommes, il peut bien y avoir des projets artistiques portables.
Tous les « arts » sont aujourd’hui devenus visuels. Bien sûr, on pourra noter quelque exceptions ici et là, mais dans l’ensemble, ils sont tous visuo-tactiles. La télé-vision, le cinéma, déjà c’est évident. Bien moins évident, la musique est aussi devenus un art visuel et tactile; par le clip, par la précéance de la mode, du style. C’est un hyperbole de dire, aujourd’hui que l’art visuel est le moins vus… il est PARTOUT.
Ce qu’on pourrait dire, c’est qu’on ne contemple plus l’oeuvre d’art. On l’analyse, on la personnalise, on la diffuse, on lui trouve une raison d’être, on la politise… Enfin, c’est ce qu’on faisait il y a déjà plusieurs dizaines d’années. Walter Benjamin le notait dans son historique « L’oeuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique ». Aujourd’hui on se perd dans toutes ces définitions. Tout s’esthétise!
La seule chose qui reste derrière ce maquillage c’est l’étouffante prodigalité des machines. Depuis Warhol qui voulait devenir machine; l’art comme tous les autres discours en général (scientifique, philosophique, politique, etc) ont tous été substitué par la logique terne et froide des machines.
Peut-on encore apeller les activités mercantiles de Hirst, de l’art? Est-ce que Levi’s (ce personnage abstrait, non-humain) peut faire de l’art? La réponse est « oui » si l’on ne considère pas l’art comme un discours humain, c’est-à-dire un discours derrière lequel se trouve la prodigalité humaine plutot que celle de la machine.
Personnellement, je trouve le discours des machines beaucoup trop violents et banales. Il y a dans ce type de discours une féroce indifférence du genre humain qui me glace le sang… et il y a chez les individus qui en font la promotion un espèce de vide qui me rapelle la dévotion et le sacrifice des missionnaires chrétiens.