Deux retraits en neuvième pour l’OSM
Les candidats à la mairie s’agitent beaucoup autour de l’importance de garder les Expos à Montréal, du stade au centre-ville, et de l’urgence de trouver la solution miracle. Parce que le temps agit sur l’avenir des Expos comme une Blitzkrieg allemande sur Madrid en 36, c’est à dire, avec dévastation.
A l’opposé du spectre du divertissement, il y a le paradigme de l’Orchestre symphonique. Et comme les Expos, l’OSM n’a plus les moyens de ses ambitions. Quatre millions de dollars de déficit accumulé, auquel s’ajoutera le déficit de la dernière année fiscal, dont les comptables de l’OSM sont en train d’évaluer l’ampleur.
L’OSM figure parmi les dix meilleurs orchestres au monde, mais ses musiciens sont payés comme ceux de l’Orchestre philharmonique de Moose Jaw. Ils craignent que leur orchestre ne devienne les Expos de la musique classique: une bonne école, mais où les meilleurs quittent rapidement pour aller jouer aux États, pour de gros salaires; déjà, 16 des 95 musiciens ont laissé l’orchestre depuis le début de la décennie. A la table de négociation, l’écart entre les deux parties est abyssal: une offre de 3 % d’augmentation de salaire sur trois ans, contre une demande de 38%.
Derrière le conflit de travail à l’OSM, se profile le sous-financement chronique. Là aussi, le temps presse. «On aimerait profiter du même leadership de la part de l’administration, des gens d’affaires et des politiciens que celui dont les Expos jouissent, pour leur projet de stade», dit Jean Fortin, président du comité de négociations des musiciens de l’OSM. Pour ce faire entendre, les moyens de pression sont prévus, la grève n’est pas exclue.
Mais jusqu’à maintenant, les problèmes de l’OSM, qui pourraient bien lui coûter sa réputation, n’ont suscité que le silence des aspirants à la mairie, et du maire lui-même. Un silence inexplicable chez des gens plutôt prompts à défendre l’image de marque de Montréal à l’étranger. Du moins quand il est question de balle.
Or, Montréal ne contribue pas au budget (13 millions $) de son meilleur ambassadeur à l’étranger, sauf par le biais de la CUM, qui en comble à peine 3 %. Quand on sait qu’un simple congé de taxes foncières pour le nouveau stade (un ballon qui a été lancé) pourrait coûter à la Ville presque autant que le budget de l’OSM…
Les fruits de la canicule
C’était peut-être LE week-end de cette année 98. Ce pour quoi, en bons chrétiens attendant l’Éternité du Paradis, on a tant souffert l’hiver dernier. Soleil, chaleur, longs jours, nuits courtes, appelant une sensualité qui s’exprime à fleur de robe-soleil, ce, pendant les meilleures FrancoFolies de l’histoire.
Ils étaient des centaines de citoyens à faire un trait sur cette bénédiction afin de participer au congrès de fondation d’Équipe Montréal, le parti de Jean Doré. Un coup fumant pour les organisateurs du parti.
En plus, Jean Doré a trouvé le moyen d’innover en politique. Le ballon, vous connaissez? Ce sont ces idées de politiciens, lancées secrètement par leurs proposeurs. Ceux-ci écoutent ce que vous en pensez. Puis, selon la réponse, ils indiqueront que c’est LEUR idée, ou alors, ils nieront toute participation enaffirmant qu’il s’agit d’une idée de fonctionnaire qui mérite d’être condamnée (l’idée, pas le fonctionnaire).
Jean Doré et Équipe Montréal ont lancé bien des ballons la fin de semaine dernière, mais sans se cacher, en nous demandant sincèrement: pis? Je me garderai bien de les commenter plus à fond, question d’économiser du fuel pour les creux de juillet, quand l’activité politique se limite aux épluchettes de blé d’Inde. Aucune des idées avancées n’est définitive, toutes feront l’objet de votre écoute. Certaines sont vagues (le pacte fiscal), d’autres sont la réminiscence douloureuse d’un idéalisme qui a sévi pendant huit ans à l’Hôtel de ville (le partenariat avec la banlieue).
Mais il y a dans cette franchise politique rare, un vent de fraîcheur, qui, combinée à la structure politique d’Équipe Montréal, celle de la démocratie directe, inflige une bonne douche froide à ceux qui tiennent des congrès à huis clos, ou envoient des matamores faire taire les opposants.
Des matamores?
Oui, Jacques Duchesneau n’a pas hésité à se faire justice lui-même contre de pauvres animateurs d’une station de radio communautaire. Les cabotins de l’émission Jusqu’ici tout va bien!, de CIBL, s’en sont pris au chef de Nouveau Montréal, dans un tract décapant portant le titre de l’émission.
Duchesneau a répliqué avec l’artillerie lourde. Une lettre d’avocats réclamant des rétractations. Heureusement pour Duchesneau, un attaché politique aguerri aux jeux de la politique s’est empressé de réparer la bévue: un coup de fil à CIBL, pour dire que ce n’était pas si grave, que c’était juste l’allusion à Pinochet que le bon Jacques n’avait pas prisée.
A l’annonce de sa candidature, Duchesneau se disait assez habile pour éviter les pelures de bananes. Mais quand il laisse lui-même les râteaux traîner par terre, il a la fâcheuse habitude de marcher dessus automatiquement. Ce qui est un avantage pour les électeurs, car ça leur permet de découvrir un Jacques pas mal loose canon. A la mairie de Montréal, c’est loin d’être une qualité, c’est même un gros défaut. Vilain poulet!