Société

Montréal en campagne : Gare aux scouts

C’est l’ennui des Grandes Plaines sur le terrain de la course à la mairie. Seules les facéties du maire Bourque avec les chauffeurs de taxi ont fait ressortir un peu de relief dans ce paysage de campagne triste et terne à mourir.

Depuis quelques semaines, couvrir la campagne, c’est participer à un triathlon du moral qui consiste à subir, en même temps, Shawinigan par une nuit de février, Serge Laprade à la télé l’après-midi, et une rétrospective de Léa Pool à l’ONF.

Que voulez-vous, ça ne peut pas être l’Everest tous les jours. Déjà que la campagne – qui n’est pas censée avoir commencée – ait connu tant de péripéties à faire baver d’envie le capitaine Némo dans son sous-marin, c’est fort bien.

Pendant qu’au front, c’est la Saskatchewan, il importe de se préparer pour le sprint final, qui débutera dans moins de trois semaines. A ce moment précis, les paroles de scouts vont débouler. Histoire de s’immuniser contre les promesses un peu trop engageantes des principaux candidats, nous avons relevé cinq promesses à éviter de faire, si l’on est candidat.

1) Si je suis élu, je promets de ne pas augmenter les taxes.
Quand on dit qu’un maire de Montréal n’a pas plus de pouvoir qu’une Citroën deux chevaux…

En principe, une municipalité a le pouvoir de lever les taxes sur son territoire et d’en fixer le taux, afin de prévoir la boucle de ses budgets pour les années à venir. En principe, un maire d’une municipalité a donc le pouvoir de promettre un gel de taxes. Mais, à Montréal, les principes ont la vie dure.

C’est que la Ville tire le gros de ses revenus des taxes sur la valeur des immeubles. Or, cette valeur est surévaluée en moyenne de 15 %. Moins pour les propriétés résidentielles, et plus pour les immeubles commerciaux et industriels. Un jour, il faudra bien que l’évaluateur enlève ses lunettes roses, et qu’il retranche ce 15 %. Résultat: un manque à gagner de plus ou moins 150 millions de dollars. Un cratère!

La Ville jongle avec divers scénarios: hausses importantes de taxes pour les uns, baisses pour les autres, ou frais additionnels pour tout le monde.

Le hic, c’est qu’au moment où l’on se parle, le gouvernement provincial est en train de réviser toute la fiscalité municipale au Québec. Montréal ne peut donc rien planifier d’avance, ni prendre aucun engagement…

Donc, le candidat qui promet un gel de taxes: a) ment; b) mentira plus tard, s’il est élu; c) cache la vérité; ou d) est trop incompétent, même pour gérer son budget personnel. La bonne réponse est à votre discrétion.

2) Si je suis élu, je promets de transformer la ville en jardin.
Pierre Bourque a fait cette promesse. Depuis, on a coupé des arbres inutilement dans l’Est; laissé pousser le gazon plus haut que le géant Beaupré sur plusieurs pelouses de la Ville; cimenté, pavé et hérigé une maison dans le Jardin botanique, «pour rendre hommage à l’arbre, notre ami»; posé des pots de fleurs géants le long de l’avenue Christophe-Colomb; songé à raser le square Dominion pour creuser un parking souterrain; et permis à Outremont de se débarrasser de ses neiges souillées, chez les résidants du Mile-End.

3) Si je suis élu, je promets d’être à l’écoute des citoyens.
De quel type d’écoute est-il question? De l’écoute active? De l’écoute personnelle? De l’écoute électronique? Jeunesse Écoute? Gai Écoute? De l’écorniflage? Parle-t-on d’écoute au téléphone ou au stéthoscope? Et de quelle oreille écoutera le maire, la gauche ou la droite?

Et c’est bien beau, écouter, mais entendra-t-il?

4) Si je suis élu, je promets de donner plus de services.
Le meilleur moyen de rendre service aux Montréalais, c’est de ne pas en promettre davantage. Les gens d’ici ont déjà droit à plus de services que n’importe quels autres citoyens au Québec. Ailleurs, les ordures ne sont enlevées qu’une fois par semaine. On ne déneige que les artères principales. Les rues sont balayées une fois, au printemps. Ici, on ne sait plus quoi offrir, au point que les cols bleus déneigent les mini-putts en décembre.

5) Si je suis élu, je promets de faire partager la facture de Montréal à la banlieue, au Québec tout entier.

Il est à toutes fins pratiques impossible de faire avaler aux banlieusards que le Biodôme était leur idée, et qu’ils doivent maintenant passer à la caisse.

Mon droit de vote
A la lecture de ces lignes, il ne reste que quelques heures pour inscrire sa nouvelle adresse sur la liste électorale. C’est la Régie de l’assurance-maladie (???) qui s’en occupe, au 1 800 561-9749.

Si vous avez oublié, ne craignez rien, il y aura une période de révision entre le 9 et 14 octobre prochain. Vous aurez alors l’occasion de vous obstiner avec un commissaire à la révision de la Direction générale des élections.