Éducation aux adultes dans les universités : Histoire d’un soir
Évolution du savoir, formation continue, éducation permanente. Autant de termes en vogue qui renvoient de plus en plus d’adultes à leurs cartables, le plus souvent de soir. Les universités ont flairé la bonne affaire et multiplient les programmes pour attirer cette nouvelle clientèle. Faites votre choix!
«La demi-vie des connaissances n’est actuellement que de trois ou quatre ans», soutient le doyen de l’éducation permanente de l’Université McGill, Morty Yalovsky. Si ce jugement est plus sévère que les statistiques qui circulent dans les médias – le savoir se renouvelle à chaque décennie, semble-t-il – la tendance demeure. Cette transformation rapide ramène de plus en plus d’adultes dans l’orbite des centres d’enseignement. A Montréal, ceux qui désirent mettre leur bagage à jour ont l’embarras du choix. Les quatre universités – Université de Montréal, McGill, Université du Québec à Montréal (UQAM) et Concordia – multiplient les cours et les services pour satisfaire chacun. Si certains programmes offerts se recoupent, chaque institution a développé sa propre formule.
C’est la foire!
L’Université de Montréal mise sur l’encadrement et la diversité. «Nous avons une trentaine de certificats, des programmes de dix cours crédités, dans des champs aussi différents que communication, santé ou intervention», affirme la directrice de la communication et du marketing de la Faculté de l’éducation permanente (FEP), Diane Chalifour. Une quinzaine de modules, qui ne comportent que trois cours chacun, complètent le menu. La FEP n’offre pas de baccalauréats spécialisés, mais un étudiant peut obtenir un baccalauréat par cumul en complétant trois certificats. Les adultes ont par ailleurs une association étudiante et une faculté à part qui leur offrent une panoplie de services, notamment des conseillers pour les guider vers la formation appropriée, sans aucuns frais.
McGill, de son côté, ne jure que par l’excellence. «Nous ne présentons de programmes que dans les domaines où nous excellons», affirme Morty Yalovsky. Le centre d’éducation permanente de McGill propose moins de certificats mais offre des programmes d’études supérieures pour ceux qui ont déjà un baccalauréat ou l’équivalent.
A l’UQAM, pas de discrimination. Les étudiants adultes se mêlent à ceux fraîchement issus du cégep. «Ce sont les mêmes diplômes et les mêmes exigences pour tous», confirme le directeur de l’admission et du recrutement d’étudiants, Yves Jodoin. Par contre, les adultes ont tendance à s’inscrire plus souvent à temps partiel. Les cours se donnent le jour ou le soir, souvent plus d’une fois par session, ce qui permet d’accommoder les horaires chargés. Les adultes ont accès aux mêmes programmes que les jeunes, soit des baccalauréats, des certificats et des programmes courts de trois ou quatre cours, tous crédités.
Finalement, Concordia fait bande à part en n’offrant que des cours non crédités. «De cette façon, nos cours sont plus accessibles, justifie le directeur adjoint de l’éducation permanente, Murray Sang. Nous ne demandons aucun prérequis, contrairement aux autres universités.» Cette institution rejoint davantage les individus qui ne cherchent pas tant à obtenir un diplôme qu’à acquérir, en quelques cours, les nouvelles connaissances dont ils ont besoin rapidement.
Hit-parade des programmes
Université de Montréal
Au palmarès des programmes les plus intéressants, l’Université de Montréal place d’abord son certificat d’études individualisées. «C’est un certificat construit sur mesure selon les intérêts de l’étudiant», estime la responsable de ce programme, Nicole Cardinal. L’étudiant bâtit son propre certificat autour d’une concentration choisie parmi un éventail allant de la gestion à la mécanique du bâtiment, en passant par la religion et la musique. «Ce n’est pas conseillé comme premier certificat, note toutefois Nicole Cardinal, mais plutôt pour compléter un bac par cumul ou pour ceux qui ont déjà un diplôme de premier cycle.»
Viennent ensuite les relations publiques. Ce programme inclut des cours en rédaction, en marketing, en gestion et même, depuis peu, en technologies de l’information. «Nous cherchons avant tout à développer les habiletés techniques du relationniste: comment rédiger un communiqué de presse? Comment établir un plan de communication solide? De plus, nous offrons une possibilité de stage», fait remarquer le responsable du certificat, Patrice Leroux.
Parce qu’il répond particulièrement aux besoins sociaux actuels, le certificat en gérontologie a aussi décroché une place sur le podium. «Cette formation permet d’acquérir des connaissances en physiologie, psychologie et sociologie du vieillissement, et aborde des pratiques courantes comme l’alimentation chez les personnes âgées et l’utilisation des médicaments», explique Lorraine Carmerlain, de la direction des études de la FEP. Depuis peu, ce certificat est entièrement offert à distance.
D’ailleurs, à la FEP, l’enseignement à distance connaît une croissance impressionnante, la proportion d’étudiants préférant ce mode d’apprentissage ayant presque triplé depuis trois ans. «Actuellement, au certificat de gérontologie, par exemple, les cours sont soit diffusés sur les ondes du Canal Savoir, soit présentés sur cassette audiovisuelle», précise le coordonnateur de la formation à distance, Bernard Morin. En cas de problème, l’étudiant peut contacter une personne-ressource. L’enseignement à distance présente un net avantage pour ceux qui mènent de front boulot et études. «L’étudiant peut travailler à son rythme, quand il veut, où il veut, souligne Bernard Morin. Mais il faut être capable de le faire de façon autonome.»
Université McGill
De son côté, McGill offre désormais deux programmes de traduction. «L’objectif du premier, un certificat, est la traduction pragmatique, soit celle qui se fait tous les jours dans les entreprises, par exemple», indique le directeur du département de langues et traduction de l’éducation permanente, James Archibald. Le diplôme d’études supérieures en traduction, qui vient tout juste d’être créé en collaboration avec l’Ordre des traducteurs et interprètes agréés du Québec, s’adresse au contraire aux personnes qui détiennent au moins trente crédits en traduction et un diplôme de premier cycle. «Nous mettons l’accent sur la traduction dans une troisième langue», remarque James Archibald, comme en témoignent les cours facultatifs d’espagnol, d’allemand et d’italien au certificat, et l’option espagnol du diplôme d’études supérieures. De plus, pour les étudiants inscrits dans cette dernière option, des échanges sont possibles avec l’Université La Havane, à Cuba.
Dans la même veine, McGill offre un certificat non crédité de compétence en anglais qui peut être suivi à temps partiel ou de façon intensive. «Tout au long du programme intensif, qui dure neuf semaines, l’étudiant ne parle, ne mange et ne respire qu’en anglais toute la journée, avertit Robert Paris, directeur du marketing. Et il sort avec une solide compétence.»
Les cours d’informatique de McGill ne sont pas crédités non plus. Centrés sur l’application des habiletés, ils réunissent une quinzaine d’étudiants s’exerçant sur autant d’ordinateurs, et durent en moyenne de quinze à dix-huit heures. «Certains étudiants n’ont jamais touché à un ordinateur, d’autres viennent chercher des connaissances relatives à Internet», affirme l’administratrice du programme, Claudette Lapierre. Le centre offre donc tant des cours pour débutants qu’avancés, comme le tout nouveau Creating Killer Web Sites. «Ce cours de soixante heures permet à l’étudiant d’assimiler toutes les notions nécessaires à la création de pages Web», résume Claudette Lapierre.
UQAM
A l’UQAM, le certificat en informatique, même s’il est ouvert à tous, attire surtout une clientèle adulte étudiant à temps partiel. «Les cours, qui incluent des périodes de pratique en laboratoire, permettent à l’étudiant d’acquérir une formation de programmeur-analyste», indique le directeur du certificat, Pierre Richard.
Parmi les certificats les plus populaires de cette université figure également celui en administration. «C’est une formation de base en gestion, qui s’adresse particulièrement aux gens qui veulent se perfectionner dans ce domaine, ou encore le premier certificat d’un baccalauréat par cumul», explique le coordonnateur aux sciences de la gestion, Norbert Morin. Pour être admis, les adultes doivent détenir deux ans d’expérience en gestion. «Mais nous sommes très larges. Avoir travaillé dans la vente, dans un bar, ou en secrétariat, avec un minimum de gestion, c’est considéré comme de l’expérience pertinente», nuance-t-il.
Université Concordia
Concordia offre de son côté une variété de certificats non crédités, dont plusieurs en anglais, français ou espagnol, ou encore en informatique. Le Software Development for Web Page Authoring, par exemple, vient tout juste d’être mis sur pied. «C’est un certificat de deux cents heures axé sur la programmation professionnelle pour la fabrication de sites Internet complexes, définit l’administrateur de l’institut d’informatique, John Dickson. La demande pour ce type de programmeurs est de plus en plus forte.»
Du côté de l’administration et des affaires, le programme International Trade remporte la palme. «Les accords comme l’ALÉNA ont soulevé un intérêt général pour les marchés internationaux, souligne Murray Sang, administrateur des programmes de ce secteur. Ce certificat donne les connaissances de base en échanges internationaux, importation, exportation, finances et droit international.»
Ce n’est là qu’un échantillon restreint d’un étalage qui compte au total près de deux cents programmes. Et pour être certains que chacun trouve chaussure à son pied, les centres d’éducation permanente renouvellent et accroissent chaque année leur stock. Les curieux, les ambitieux en quête d’une promotion ou les anxieux craignant de passer au hachoir des mises à pied n’ont plus qu’à explorer la marchandise.
Université de Montréal (Faculté de l’éducation permanente): 343-6090
UQAM: 987-3132
Université McGill: Renseignement généraux, 398-4455
Université Concordia: Renseignements généraux, 848-2424