Formation en vidéoreportage : Les nouveaux héros
Marché oblige, on demandera bientôt aux reporters de manier la caméra, le micro et la table de montage aussi aisément que le crayon. RÉAL BARNA*BÉ, vétéran de l’information, et le Centre NAD introduiront donc, à compter de janvier, une formation de caméras-reporters, concept qui a fait ses preuves en France. Place aux super-journalistes!
Réal Barnabé est un vieux routier du journalisme au Québec. Sa feuille de route est impressionnante: d’abord reporter, animateur et correspondant parlementaire, puis rédacteur en chef du Téléjournal, il a par la suite occupé le poste de président de la Fédération professionnelle des journalistes (FPJQ) pendant de nombreuses années. On se souviendra également de son passage au réseau de télévision Quatre-Saisons, en tant que vice-président à l’information. Il fut le premier au pays à introduire le concept de caméras-reporters, cette nouvelle race de journalistes qui tiennent à la fois la caméra et le micro tout en écrivant leurs reportages. Les super-reporters, quoi!
Pourtant, en 1985, l’aventure des journalistes reporters d’images, comme on dit en France, s’était soldée par un échec. Pourquoi? Il était trop tôt; le milieu journalistique québécois avait peur du changementª. Aujourd’hui, treize ans plus tard, Réal Barnabé et son vieil ami – et ancien président de TQS – Guy Fournier réitèrent avec un nouveau projet. «Cette fois, c’est que le contexte est différent, affirme Barnabé. Ainsi, à compter de janvier prochain, le Centre Nad, en association avec ma compagnie, le Réseau Liberté, offrira un cours de vidéos-reporters à des journalistes, des recherchistes, des cameramen et des monteurs.» Un challenge qu’on accueille avec enthousiasme.
De l’entrevue au montage
Le programme de quatre mois est divisé en plusieurs blocs: l’enseignement des principes de bases en journalisme; une initiation au vidéoreportage, au tournage et au montage, et des ateliers pratiques sur le terrain. En tout, plus de 388 heures de cours, étalées sur 16 semaines d’enseignement théorique et pratique. «On va faire appel à des professionnels du milieu, c’est-à-dire des journalistes, cameramen, réalisateurs et monteurs d’expérience», confie Réal Barnabé. La maison de production Réseau Liberté a conclu une entente avec Panasonic pour l’achat de caméras DV-Pro et d’unités de montage. Il y aura un ratio d’une caméra pour deux étudiants, et les salles de montage seront équipées d’une unité de montage portable et d’une table de montage fixe.
Étiqueté à neuf mille dollars, un cours de la sorte n’est-il pas trop cher, compte tenu du fait qu’une formation semblable est offerte au cégep de Jonquière, à la Cité collégiale d’Ottawa et au Département des communications à l’Université du Québec à Montréal? La réponse de Réal Barnabé ne se fait pas attendre: «Selon moi, le montant de neuf mille dollars n’est pas trop élevé, la plupart des écoles professionnelles spécialisées ayant des tarifs similaires. Ce programme est parfait pour les journalistes, réalisateurs et recherchistes qui cherchent à devenir polyvalents.»
Journalistes du millénaire
En France, le Centre de formation et de perfectionnement des journalistes de Paris (CFPJ) offre, depuis 1984, une formation en journalistes-reporters d’images (JRI). Les stations de télévision comme Antenne 2, TF1 ou RF3 comptent, parmi leur effectif, des caméras-reporters. Pour Réal Barnabé, c’est une réalité quotidienne, et les directeurs de stations locales en sont d’ailleurs parfaitement conscients. «A l’heure actuelle, les employeurs veulent de plus en plus d’employés capables d’accomplir des tâches variées. Prenons l’exemple de Radio-Canada: les réalisateurs qui travaillent sur l’émission Vie d’Artiste ont un statut de réalisateurs-monteurs, c’est-à-dire qu’ils tournent et font leurs entrevues avec un cameraman et, de retour au studio, ils montent eux-mêmes leurs reportages. Scénario semblable au Canal Nouvelles de TVA, où les journalistes sont appelés à tout faire.» Selon Réal Barnabé, «résister à l’avènement des caméras-reporters, c’est comme résister à l’informatisation»!
Le programme mène à un diplôme du Centre Nad-Réseau Liberté. Il y aura une session en hiver (janvier 1999), une en été (mai 1999) et en automne (septembre 1999).
Renseignements: Centre Nad, 288-3447