Société

François Rebello : A la guerre comme à la guerre

François Rebello, vingt-sept ans, ancien président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et coordonnateur du groupe de réflexion Un pont entre les générations, se présentera bientôt à la présidence de Force Jeunesse. Il nous explique comment il entrevoit l’avenir de cette association.

Pourquoi avoir fondé Force Jeunesse?
Etre jeune, c’est être en début de carrière. Aujourd’hui, cette période se prolonge indéfiniment à cause du marché de l’emploi. Depuis la récession des années 80, on embauche des employés occasionnels d’une façon… permanente. On n’a encore trouvé aucune solution à ce problème. C’est facile de ne rien faire, quand personne ne proteste.

Au sein du groupe de réflexion Un pont entre les générations, nous discutions beaucoup du problème de la double échelle salariale. Nous voulions passer à l’action. La Commission parlementaire sur les clauses orphelin est le résultat d’un an de pressions.

Nous voulons créer un rapport de force entre les différents groupes d’intérêts. C’est pourquoi nous devons rallier l’opinion publique. Avec 90 % de la population derrière nous, le gouvernement sera obligé de nous écouter. C’est l’opinion publique qui détermine le dénouement des enjeux.

Notre discours n’est ni de gauche ni de droite. Il porte les valeurs fondamentales de tous les êtres humains: l’équité et la justice. Yves Michaud, qui lutte contre les grandes institutions financières, a un appui massif de la population. Ses revendications sont pourtant très radicales.

Que comptez-vous faire si le gouvernement refuse?
En 1996, les étudiants ont obtenu le gel des frais de scolarité en travaillant sur trois fronts: l’opinion publique, les négociations et la mobilisation. Nous allons appliquer ces méthodes au dossier de l’emploi pour les jeunes. Si, en septembre, le gouvernement refuse de changer les législations, nous passerons à la mobilisation à tous les niveaux: assemblées publiques, moyens de pression dans les milieux de travail, manifestations, etc.

Est-ce une déclaration de guerre entre les générations?
Nous posons un problème qui suscitera un conflit. Peut-on reprocher à quelqu’un qui subit une injustice de vouloir changer sa situation? C’est au nom de ce principe que les baby-boomers se sont battus toute leur vie. Ces contestaires des années 70 sont nos parents. Nous les connaissons bien…

Nous accusons les acteurs patronaux, gouvernementaux et syndicaux. Le rôle de ces derniers n’est pas de protéger les bourgeois! L’image publique des syndicats en souffre beaucoup. Les jeunes ne les perçoivent pas comme des alliés. C’est seulement quand la FTQ et les Teamsters se sont battus pour la syndicalisation des employés de McDonald’s qu’ils ont eu l’appui du public.

Le déficit est celui de tout le monde. Qu’on aille chercher l’argent dans les poches de ceux qui sont sur le marché du travail depuis longtemps et qui font des salaires de 80 000 $ par année. En ce moment, c’est le contraire qui se produit!

C’est en écoutant les jeunes que l’on évitera la catastrophe. Comment réagiront les employés qui font le même travail que les autres, mais pour un salaire inférieur, après trois ou quatre ans dans la même shop?

Envisagez-vous un avenir politique?
Pas du tout. Si c’était le cas, je m’occuperais d’autre chose que de l’emploi chez les jeunes.