La conception de jeux vidéo : Ils ne pensent qu'à ça!
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La conception de jeux vidéo : Ils ne pensent qu’à ça!

Passion inaltérable, discipline, et beaucoup, beaucoup d’imagination: telles sont les qualités d’un concepteur de jeux vidéo. Et qui se lance dans l’apprentissage du métier a toutes les chances de décrocher l’emploi rêvé.

Un an après son implantation à Montréal, et cent trente millions de dollars plus tard, la compagnie Ubi Soft, qui nous livrera sa première cuvée de jeux créés à Montréal cet automne, a déjà engagé plus du double des effectifs prévus, soit trois cent dix employés, preuve qu’il y a du talent au Québec. «Pour concevoir des jeux vidéo, il faut avoir la passion du jeu, de la rigueur, être très créatif»ª, lance Angéla Chirinian, adjointe de direction chez Ubi Soft. Le géant du jeu a recruté ses jeunes Québécois un peu partout: ICARI, le Centre Nad, les collèges InterDec, Dawson, Ahuntsic et Salette, l’Institut d’informatique de Québec, le cégep du Vieux Montréal, l’UQAM, l’Université de Sherbrooke, le cégep de Rivière-du-Loup et l’École des beaux-arts de l’Université Concordia figurent parmi la liste. Les employés d’Ubi Soft sont informaticiens, testeurs ou game designers.

Le Centre Nad est l’une des rares écoles à offrir un cours de design en jeux vidéo au Québec. Selon Jean-François Williams, directeur du Département de design en jeux vidéo au Centre Nad, le programme est un véritable succès. «La plupart des gens qui sortent d’ici trouvent un emploi. Il y en a qui travaillent chez Ubi Soft, d’autres chez Hybride Technologies, Softimage ou Mainframe.» «Ubi Soft est toujours à la recherche de bons concepteurs de jeux vidéo, confirme Angéla Chirinian. Il suffit de nous joindre.»

Certains étudiants décident également de former leur propre entreprise. C’est le cas de Danielle Brodeur, finissante du Centre Nad. Après avoir obtenu son diplôme, elle s’est lancée en affaires avec un autre étudiant de l’école. «J’ai terminé mes études au mois de février, et après avoir cherché du travail durant quelque temps, j’ai décidé que je voulais lancer ma propre entreprise.» Sa compagnie, Ludik, a d’ailleurs obtenu, tout dernièrement, une subvention de trente mille dollars du CESAM pour un projet de jeu vidéo multimédia. La jeune diplômée affirme que son jeu ne sera pas du genre «violent».

Une industrie en pleine expansion
Aux États-Unis, l’industrie du jeu électronique a connu une augmentation de près de trente-huit pour cent. Pas étonnant de voir de plus en plus d’écoles offrir une formation de conception de jeux vidéo. Pour sa part, le programme du Centre Nad consiste en une formation de six mois, coûtant près de neuf mille dollars. Selon Jean-François Williams, les jeunes qui suivent un cours en conception de jeux vidéo sont des rejetons de la génération Nintendo: «Ils ont toujours joué. Ils ont la passion du jeu dans le sang.»

Comment se fait le processus de sélection des candidats? Il faut manger des jeux vidéo matin, midi et soir, et avoir une bonne dose de talent. Il faut également avoir une bonne connaissance des outils d’infographie 2D. «Je rencontre beaucoup de candidats potentiels et je peux voir quand j’ai un bon élève devant moiª, confie monsieur Williams. Avec un taux de placement dépassant les 85 %, il ne faut pas être surpris que les futurs candidats aient des profils tout à fait différents.» Comme Danielle Brodeur, par exemple: «Avant de m’inscrire au Centre Nad, j’ai fait du théâtre. J’ai une formation de comédienne. J’ai également travaillé pour le Cirque du Tonnerre. Pour moi, le jeu vidéo vient compléter mon apprentissage.»

Des jeux, juste des jeux
Dans les institutions offrant une formation du genre, la conception de jeux n’est pas prise à la légère. Au Centre Nad, par exemple, le cours de design en jeux vidéo est très exigeant. Les étudiants doivent prévoir une présence de trente-cinq heures par semaine, et cela sans compter les heures passées en atelier. Le directeur du programme chez Nad essaie aussi d’inciter ses étudiants à feuilleter des bandes dessinées et à lire des livres de science-fiction dans leurs temps libres. Ces médiums constituent deux grandes sources d’inspiration, selon lui.

A la fin de sa formation, l’étudiant devrait maîtriser parfaitement des logiciels de 3D, tel Softimage 3D, et comprendre les spécificités de la production de graphiques et d’animations propres aux jeux en trois dimensions. Un avantage non négligeable à mentionner, pour les mordus: les futurs concepteurs ont parfois accès à des jeux qui ne sont pas encore disponibles au grand public. «Le plus bel exemple, c’est le jeu Quake, dit Jean-François Williams. Les élèves du Centre Nad pouvaient s’amuser avec ce jeu des mois avant sa commercialisation!»

Centre Nad: 288-3447, http://www.nad.qc.ca
ICARI: 982-0922, http://www.icari.com
Institut d’informatique de Québec: (418) 687-5801, http://www.iiq.qc.ca
Ubi Soft: http://www.ubisoft.qc.ca