Société

La formation à distance : Si loin, si proche

Toujours victime de préjugés, la formation à distance a pourtant bien évolué. Plusieurs affirment même que c’est la voie de l’avenir…

Quand on parcourt la liste des professions liées aux cours disponibles en formation à distance, au Québec, on sursaute. Policier, anesthésiste et cardiologue figurent sur un pied d’égalité avec astrologue, fleuriste et détective, tandis que sous la rubrique «Santé et services sociaux» apparaît, entre prothésiste-orthésiste et podiatre, la profession de prêtre…

Peut-on vraiment devenir juge en étudiant à distance alors qu’au Québec, cette profession résulte d’une nomination, pas du nombre de crédits universitaires? Bien sûr que non. Née il y a cinquante ans sous le nom de baptême de «cours par correspondance», la formation à distance touche désormais toutes sortes de situations, comme celle d’un magistrat qui voudrait perfectionner un volet de sa carrière. Mais il y a plus.
A la SOFAD (Société de Formation à Distance des commissions scolaires du Québec), on offre tous les cours de base du secondaire, et à peu près tout ce qui est dispensé en cours optionnels, pour les secondaires IV et V, tandis qu’au cégep et à l’université, de nombreux cours sont disponibles suivant une semblable formule. Ainsi, à l’Université de Montréal, on peut entièrement préparer un certificat en gérontologie en demeurant à la maison.

A Québec, la Télé-université permet quant à elle de parachever un diplôme d’études supérieures en finances ou… en formation à distance! Désormais, plus de vingt mille étudiants choisissent annuellement la plus ancienne université francophone à distance d’Amérique pour parfaire leurs connaissances, tester leur capacité à retourner aux études ou carrément étudier de nouvelles matières sans se déplacer dans la ville hôte de l’institution choisie, et ce, pour une foule de raisons, qu’elles soient professionnelles, familiales, géographiques ou logistiques.

Ainsi, un étudiant de l’Université de Sherbrooke qui ne disposerait pas, chez lui, d’un cours disponible à l’Université de Montréal peut suivre celui-ci à distance puis le faire créditer, comme le font déjà quelques Québécois exilés en Australie et en Arabie Saoudite, inscrits à l’Université de Montréal. Ainsi, Samantha Slade, chargée de projets à la SOFAD, est pour sa part inscrite à une maîtrise auprès d’une université américaine à distance, dont le programme n’est pas disponible ici.

Au-delà des apparences
Bien sûr, il existe encore des préjugés à l’égard de ce type de cours. Mais avec l’évolution des mentalités, leur popularité croît à une vitesse presque exponentielle, surtout depuis que les communications sont devenues si efficaces. «C’est désormais une formule qui a fait ses preuves et on ne peut plus la nier, affirme Bernard Morin, coordonnateur de la formation à distance à la Faculté de l’éducation permanente de l’UdM. D’ailleurs, d’après une étude "non scientifique" que nous avons effectuée auprès de nos étudiants à distance, il appert que ceux-ci performent de façon tout à fait comparable, si ce n’est mieux, que ceux qui suivent les cours par voie traditionnelle.»

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la majorité des étudiants à distance habite en région urbaine. En général, ceux-ci reçoivent par la poste du matériel imprimé, parfois accompagné de cassettes audio ou vidéo, d’émissions télévisées (sur le canal éducatif de la Télé-université) ou, de plus en plus, d’information transmise par le biais d’Internet. Puis, dans les cas où les cours donnent droit à des crédits, l’évaluation se fait à dates précises, sous surveillance. Et pour ceux qui craindraient l’oil torve d’un éventuel employeur, aucune mention de formation à distance n’apparaît sur le relevé de notes.

A l’ère du cloisonnement des rapports interpersonnels lié à l’efficacité des communications électroniques, ne craint-on pas que la formation à distance n’aggrave la dégradation des contacts humains? «La majorité de nos étudiants en formation à distance est déjà sur le marché du travail, alors disons que c’est plus un moyen de leur faciliter la tâche qu’autre chose…», prétend Bernard Morin. «Avec les nouvelles technologies, surtout Internet, les étudiants peuvent obtenir de l’assistance de leur tuteur, comparer entre eux des exercices, consulter un professeur en "chat-conférence", et échanger des idées au café-conférence, ce qui rend déjà la démarche plus sociale», souligne quant à elle Claire Ghersi, spécialiste en formation à distance à la Télé-université. Bref, comme disait l’autre, la distance ne semble vraiment plus avoir d’importance…

Encadré:
Pour en savoir plus…
Sur la Grande Toile, visitez le site http://www.cursus.edu, qui regroupe tout ce qui est proposé comme cours à distance, au Québec, du macramé à l’université. Pour débusquer les universités bidon (car il y en a), faites http://www.degree.net, un site géré par un ex-consultant du FBI(!!). Enfin, pour avoir une idée des cours à distance dans le monde, essayez http://www.bfranklin.edu, ou abonnez-vous (gratuitement) au serveur http://www.cde.psu.edu/ACSDE.