Les carrières de l’avenir : Retour sur le futur
Bouché, le marché du travail? Parole de FRANÇOIS CARTIER, éditeur des Éditions Ma Carrière, ce ne sont pas les bons emplois qui manquent, au Québec! Il suffit d’être diplômé…
Chiffres à l’appui, François Cartier démontre qu’on n’a pas besoin de s’appeler Nostradamus pour prévoir nos chances de réussite sur le marché du travail au Québec. La potion magique? Obtenir un diplôme, quel que soit le champ d’études dans lequel vous vous engagez.
On n’a qu’à feuilleter les quelque trois cents pages du best-seller intitulé Les métiers qui recrutent et les carrières de l’an 2000 (Éditions Ma Carrière) pour se rendre compte à quel point le taux de placement est élevé dans la très grande majorité des secteurs d’activités de l’économie québécoise, et ce, pour quiconque obtient un diplôme d’études terminales. «C’est au moment où beaucoup de gens pensent que tout va mal que nous avons eu la surprise de constater qu’il y avait un excellent taux de placement pour la majorité des domaines d’étudesª, explique François Cartier.
Grâce aux recherches effectuées pour la publication des …carrières de l’an 2000, l’éditeur et son équipe ont pu identifier une centaine de formations offrant de bonnes perspectives d’emplois d’ici les prochaines années. L’industrie textile, les biotechnologies, l’informatique ne sont que quelques-uns parmi une centaine de secteurs avec des taux de placement qui se situent entre 80 % et 90 %, selon François Cartier.
Optez sciences pures et formation professionnelle
Certains domaines voient déferler sur eux une vague d’emplois titanesque, comme c’est le cas, entre autres, pour les sciences pures et appliquées. «Ces secteurs sont vraiment portés par de profonds changements technologiques, affirme François Cartier, et quelques domaines souffrent même de pénurie de travailleurs. En plus de l’ingénierie et des autres sciences appliquées, le marketing, l’administration et les finances offrent d’excellentes occasions d’emplois, et des taux de placement de plus de 90 %. Autre avantage, ces emplois s’avèrent stables et bien rémunérés.»
Mais bien que les taux de placement soient élevés dans la plupart des champs d’études, d’autres ont vécu des changements qui les ont complètement déstabilisés. François Cartier est d’avis que le domaine des sciences sociales est celui qui a subi les plus profondes transformations. «Depuis les dix dernières années, les diplômés en sciences sociales du cégep et de l’université se trouvent des jobs comme c’était le cas auparavant, mais ce n’est pas le même type d’emplois. Quatre-vingt-quinze pour cent d’entre eux vont travailler à la pige, et ils ne sont pas préparés à cela, dans la plupart des cas.» L’éditeur conclut que la qualité des emplois offerts aux diplômés des sciences sociales a grandement diminué: «Ces jeunes-là sont les plus affectés par les fluctuations du marché du travail. Aussi, tant qu’à terminer un diplôme de cégep général sans aller à l’université, il est préférable de poursuivre une formation professionnelle.» Une proposition tout à fait sensée. Malheureusement, la formation professionnelle souffre encore de nombreux préjugés dans le système d’éducation, et auprès de la population québécoise en général. «Le ministère de l’Éducation fait de louables efforts au niveau secondaire et professionnel, mais c’est nettement insuffisant. Pourtant, il y a du travail disponible dans tous les domaines professionnels! C’est qu’on est technophobes, au Québec…»
Entre le triomphalisme et le pessimisme
Que l’on soit frais diplômé en mécanique ou docteur en médecine, on aurait donc toutes les chances de décrocher un bon boulot? Ce discours étonne tout de même, au moment où les indicateurs économiques ne sont pourtant pas des plus roses. Le Québec n’arrive toujours pas, malgré les promesses des politiciens, à passer sous la barre des 10 % de taux de chômage; les emplois sont de plus en plus précaires, et le tableau s’assombrit davantage quand on regarde du côté des jeunes. Triomphaliste, monsieur Cartier? «On ne dit pas que tout va bien, il n’y aura pas cinquante mille jobs disponibles demain matin! Cependant, dès qu’on a une formation terminale, qu’elle soit secondaire, technique ou collégiale, le taux de chômage diminue de beaucoup.» ª
L’éditeur estime que, pour bien des chômeurs, la véritable source du problème, c’est le décrochage scolaire: «Près de quarante-trois pour cent des jeunes quitteront les bancs d’école sans diplôme, déplore-t-il. Beaucoup abandonnent au secondaire, et ils réalisent leur erreur quelques années plus tard. Ils se dirigent vers l’éducation aux adultes.» En effet, nombreux sont les Québécois qui s’aperçoivent assez rapidement que, sans diplôme, ils tombent presque invariablement sur le marché des ‘ Mcjobs, où les emplois sont plus précaires et les salaires plus bas. L’âge moyen des étudiants en formation professionnelle au secondaire est de vingt-sept ans, c’est tout dire!
Les trois tendances du marché de l’emploi
Peu importe le secteur dans lequel on décidera de se lancer, il faudra tenir compte, selon François Cartier, des trois grandes tendances qui semblent de plus en plus caractériser le marché du travail au Québec. L’intégration des technologies dans tous les secteurs est la plus importante d’entre elles: «Du secrétaire au scientifique, tout le monde devra apprendre à manipuler les outils informatiques et à les intégrer à son milieu de travail», dit Cartier. Un cours d’appoint en informatique n’est donc pas déconseillé.
La seconde tendance est la mondialisation des marchés. «Elle a un impact direct chez nous parce qu’elle exacerbe la compétitivité et réduit les hiérarchies, ce qui exige des employés une grande capacité d’adaptation», explique Cartier. C’est pourquoi la formation continue est une donnée extrêmement importante issue de la mondialisation, car elle permet un élargissement constant de ses connaissances et qualifications. ª
Finalement, le vieillissement de la population créera, dans un futur rapproché, toute une gamme d’emplois aux baby-boomers. Le vieillissement aura aussi un impact dans le domaine de la santé, dans le type des activités sportives et liées tourisme. Une influence positive, espérons-le…