Trêve de chiffres ronflants, parlons des vraies affaires. La vie, la mort, l’amour, le temps perdu. Un pacte fiscal, c’est bien, mais ça ne permet pas à l’humain de progresser dans sa quête existentielle séculaire.
Nos amis de l’émission radiophonique La Dolce Vita, sur les ondes de la première chaîne de Radio-Canada, ont eu l’idée de faire passer un examen joliment proustien aux quatre candidats à la mairie de Montréal.
Alors que notre maire et ses trois aspirants tâchent de nous dévoiler leur comment et leur pourquoi respectifs du bac à recyclage, des nids-de-poule et du terrain de balle à deux cent cinquante millions, nous ne connaissons rien des profondeurs de leur âme. Comment, en effet, l’activité biochimique exceptionnelle qui bouillonne dans leur cortex occipital et qui excite les neurones comme des minettes devant les Backstreet Boys, pourrait-elle influer sur leur comportement? Quelques questions et réponses ont retenu notre attention. Ont-ils dit la vérité?
Quelle est la grande leçon d’humilité que vous avez reçue?
Pierre Bourque: «Les quatre années de maire que je viens de passer.» Rassure-toi Pierrot, le calvaire achève.
Jacques Duchesneau: «Quand j’avais à témoigner devant un jury, à être contre-interrogé par un avocat. (…) La justice, ça fait toujours dire la vérité.» Il devra astiquer sa broche s’il est élu: les scrums de l’hôtel de ville sont encore plus impitoyables qu’un contre-interrogatoire de l’avocat de Maurice «Mom» Boucher. Ça ne fait pas dire la vérité. Pis: ça fait ressortir le mensonge.
Jean Doré: «Ma défaite de 1994.» You bet! Jamais de mémoire d’éléphant, un maire de Montréal ne s’était fait montrer la porte de sortie aussi brutalement. Depuis, c’est le repentir: plus jamais de budgets inflationnistes, de sociétés paramunicipales opaques, de voie réservée sur l’avenue du Parc… Mais son record d’impopularité est menacé cette saison par Pierre Bourque. Une course à suivre.
Michel Prescott: «Je n’en ai pas eu. Je suis un homme humble, moi.» Plus humble que ça, tu hurles: «I’m the King of the world!» devant un parterre hollywoodien, et tu heurtes un iceberg en maire de Montréal.
Si vous étiez une banlieue, laquelle seriez-vous?
Pierre Bourque: «Westmount, Saint-Lambert, Outremont; là où il y a de la verdure.» Dollard-des-Ormeaux serait plus représentative. En effet, D.D.O. a été en son temps un défenseur de Montréal, à la manière Pierre Bourque. En 1660, l’officier a sauvé Ville-Marie d’une conquête iroquoise; un baril de poudre à canon lui ayant glissé des mains au moment où le fort de Carillon était sur le point de tomber aux Iroquois. Le massacre a été total, de part et d’autre. Mais au moins l’ennemi avait été décimé. Par sa «twiterie», Pierre Bourque a lui aussi sauvé Montréal. L’éclatement de son dernier budget (un manque à gagner de cent vingt-sept millions de dollars) a forcé Québec à se mettre le nez dans les affaires de la Ville. L’ennemi a été maté.
Jacques Duchesneau: «Sainte-Julie, dans le domaine des Hauts-Bois. C’est tranquille, c’est propre, belles petites maisons.» Papa a raison.
Jean Doré: «Dorval, ou Pointe-aux-Trembles (…) Ah!, il faut choisir… C’est ça, Dorval et Pointe-aux-Trembles.» Faudrait CHOISIR!!! Un comité ad hoc, consultatif et paritaire devra étudier les avenues quantitatives et pédagogiques, des effets socio-affectifs d’un dégrèvement de l’un ou l’autre des curriculum suggérés. Les propositions contenues dans le rapport seront étudiées par la Table de concertation Ottawa-Québec-municipalités-1212 Panet. Une consultation publique suivra. Les amendements seront soumis à un renvoi en cour municipale pour répondre à trois questions: en vertu du droit municipal…
Michel Prescott: «Saint-Lambert, où il y a de la verdure.» Ah! Non! Un lingo! Malheureusement Michel, vous perdez tous vos points.
Que ne feriez-vous jamais?
Pierre Bourque: «Je suis incapable de violence envers les autres.» Ah zut! J’ai écrabouillé mes adversaires au comité exécutif. Ça a fait un gros crounch, comme quand je croque dans mes biscuits soda. Ça devait être les os de Sammy Forcillo.
Jean Doré: «Me shooter à l’héroïne.» Ce n’est pas tant la réponse qui est intéressante, mais ce qui suit après: «Comme on a tous déjà consommé un moment ou l’autre des drogues douces…» Ah oui? Vraiment? Mais encore!
Jacques Duchesneau: «Manquer de loyauté.» Il aurait pu ajouter: «Mais quand ce sont les autres qui sont déloyaux envers mes adversaires, je sais en profiter», en référence aux allégeances pivotantes de ses nouveaux collaborateurs: Jack Chadirdjian, Thérèse Daviau, Francis Hooper…
Michel Prescott: «Tuer quelqu’un.» Bon garçon.
Quelle femme seriez-vous?
Pierre Bourque: «Catherine Deneuve.» Un excellent choix. Le premier en quatre ans.
Jacques Duchesneau: «Francine Ruel (l’animatrice de La Dolce Vita). Ah! Ah! Trop facile celle-là? Louise Roy, c’est une belle femme… Ououoou… elle est intelligente aussi (…) Michèle Rossignol (…) Des femmes charmantes.» Cela explique pourquoi il y a si peu de femmes dans son parti. Racoleur par-dessus le marché.
Jean Doré: «Claudia Schiffer!» Monsieur a des goûts dispendieux. Encore pris avec une propension à avoir les yeux plus gros que le porte-monnaie?
Michel Prescott: «Un mélange de Jeanne d’Arc et d’Isabelle Adjani.» Un homme qui adore jouer avec le feu. Courageux.