10 films à surveiller : Le Violon rouge
Société

10 films à surveiller : Le Violon rouge

Tourné sur trois continents et en cinq langues, The Red Violin rassemble Samuel L. Jackson, Monique Mercure et Greta Scacchi. Présenté au Festival de Venise, puis à celui de Toronto (dont il fera l1ouverture), le film très attendu de François Girard commence sur un violon fabriqué, en Italie, au XVIIe siècle, par un luthier dont la femme meurt en couches, et qui vernit du sang de la défunte l1instrument que nous suivrons à travers les siècles, pour finir à Montréal, où il est mis aux enchères.

Cinq ans après Thirty-two Short Films About Glenn Gould, Girard a réalisé une saga intimiste où la musique est de première importance, avec un concerto inédit du compositeur américain Corigliano, interprété par Joshua Bell. Il faudra patienter jusqu1en novembre pour voir si cette belle métaphore sur l1amour, la création et la mémoire est à la hauteur des attentes qu1elle suscite.

Psycho
Le prochain film de Gus Van Sant est l1idée la plus saugrenue à être sortie d1Hollywood depuis longtemps: refaire Psycho, d1Hitchcock, plan par plan (ou presque), et en couleur. Avec Vince Vaughn en Norman Bates, Anne Heche en doucheuse assassinée, et aussi Julianne Moore, William H. Macy, et Viggo Mortensen. Les images sont de Christopher Doyle, le directeur-photo de Wong Kar-Wai, et Danny Elfman (collaborateur de Tim Burton) a supervisé un nouvel enregistrement de la fameuse bande sonore que Bernard Hermann composa pour l1original. En salle le 4 décembre.

Sitcom
François Ozon a séduit la Croisette avec Sitcom. Après que le fils eut annoncé qu1il était gai, une famille bourgeoise éclate et s1éclate: avec la mère qui tente de ramener son fils dans «le droit chemin», une handicapée sadomaso, un type qui aime beaucoup les zucchinis, et la bonne qui s1adonne à la branlette espagnole!

La critique cannoise a évoqué Buñuel pour cette comédie raide, où les désirs font craquer le vernis des familles qui se croient à l1abri des tempêtes.

Ceux qui m1aiment prendront le train
Après sa flamboyante et crépusculaire Reine Margot, Patrice Chéreau revient avec un film moins imposant, et probablement plus séduisant. On y voit un groupe – famille, amants, amis, vrais et faux – prendre le train pour Limoges où doit être enterré un peintre (Jean-Louis Trintignant) qu1ils ont tous connu.

Un film sur le sacrifice, l1égoïsme et l1amour, avec Pascal Greggory, Valéria Bruni-Tedeschi, Charles Berling, Bruno Todeschini, et Vincent Pérez dans le rôle de… Viviane?

Aprile
Même ceux qui étaient tombés sous le charme de Journal intime ont reproché à Nanni Moretti de se répéter avec Aprile. Le cinéaste reprend le même personnage (lui), dans la même ville (Rome), avec les mêmes obsessions (la politique, la musique, l1Italie et le scooter). Alors que sa femme attend leur premier enfant, Nanni se demande s1il doit faire un documentaire sur les prochaines élections ou développer son projet de comédie musicale sur un pâtissier trotskiste!

A l1instar de Woody Allen, Moretti se met en scène, et développe son personnage, alter ego simultanément révolté, désabusé et naïf. Avec Berlusconi en ligne de mire, le mambo d1Yma Sumac, les aléas d1une paternité tardive, et Nanni dans les rues de Rome, parions qu1Aprile dégage la même légèreté grave que Journal intime. En salle cet automne.

La vie est belle
Interné dans un camp de concentration, un libraire fait croire à son petit garçon qu1il s1agit d1un jeu, alors que sa femme se fait arrêter pour les rejoindre. Sur papier, le sujet était casse-gueule; une fois porté à l1écran, il a remporté le Grand Prix du jury, à Cannes, et a haussé Roberto Benigni au même rang que le Chaplin du Dictateur. La marche est haute…

Croisement entre Stan Laurel et Groucho Marx, Benigni vient, avec sa consécration cannoise, de gagner ses galons de cinéaste «sérieux», tout en restant fidèle à lui-même alors qu1il baisait les pieds d1un Scorsese amusé lorsque celui-ci lui remit le prix. Il ne nous reste plus qu1à espérer que cette Vie-là soit aussi belle qu1on le dit… En salle le 23 octobre.

Lolita
Trente-six ans après l1adaptation honnête, mais sans plus, que tira Kubrick du sulfureux livre de Nabokov, Adrian Lyne donne sa version de l1histoire d1un professeur (Jeremy Irons) amoureux d1une gamine (Dominique Swain), et qui épouse sa mère (Melanie Griffith) pour s1en rapprocher.

Interdit de sortie aux États-Unis, le film n1a pas causé les remous anticipés dans une Europe pourtant ébranlée par l1affaire Dutroux. Le réalisateur de Fatal Attraction se serait-il assagi, ou bien le sourire inquiétant et douloureux de Jeremy Irons est-il l1élément le plus trouble de ce Lolita? En salle le 26 septembre.

The Thin Red Line
Avec trois films en un quart de siècle (Badlands, en 73, et Days of Heaven, en 78), Terrence Malick est un cinéaste hors norme. Après une première version de six heures, il a ramené The Thin Red Line à une longueur plus décente afin de raconter comment un groupe de soldats tente de reprendre Guadalcanal aux Japonais, pendant la Seconde Guerre mondiale.

On sait peu de chose de ce film déjà mythique, sinon qu1il ne ressemble en rien à Saving Private Ryan, et qu1il bénéficie d1un casting rempli de testostérone: Sean Penn, Woody Harrelson, Nick Nolte, George Clooney, John Travolta, John Cusack, Bill Pullman et Luka Haas. En salle le 25 décembre.

Celebrity
Ayant connu de près les grandeurs et les misères de la gloire, Woody Allen sait de quoi il parle lorsqu1il signe un film intitulé Celebrity. A partir de l1histoire d1un journaliste véreux (Kenneth Branagh) qui poursuit férocement une jeune vedette (Leonardo DiCaprio), le cinéaste new-yorkais a, comme d1habitude, réunit une imposante distribution: Judy Davis, Joe Mantegna, Winona Ryder, Famke Janssen, Vanessa Redgrave, Isaac Mizrahi, Melanie Griffith, le top-modèle Charlize Theron, et la vedette de base-ball Anthony Mason. En salle en novembre.

Beloved
Cinq ans après Philadelphia, Jonathan Demme a choisi de porter à l1écran le prix Pulitzer de Toni Morrison, dans lequel une esclave en fuite tue sa petite fille par compassion, et devient hantée par le souvenir, et le fantôme, de son enfant.

Autant, sinon plus, que celui de Demme, Beloved est le projet d1Oprah Winfrey, qui le mène à bout de bras depuis une décennie, et qui y tient, treize ans après The Color Purple, son second rôle au cinéma. Le sujet peut sembler mélo, mais avec le réalisateur du Silence des agneaux, et les talents conjugués de Winfrey, de Danny Glover, et de Thandie Newton, Beloved pourrait bien être une des belles surprises de l1automne. En salle le 16 octobre.