Société

Les étudiants et le burn-out : Surchargé de cours

Souvent lié, à tort, au milieu professionnel, le burn-out touche également les étudiants victimes de surmenage. Un problème qui préoccupe de plus en plus la communauté estudiantine…

A l’Université du Québec à Montréal, les étudiants n’étudient plus aux yeux de l’administration universitaire. Désormais, ce que font les étudiants à l’UQAM, c’est d’exercer le métier d’étudiant!

Cela reflète bien aussi l’approche du corps médical face à l’épuisement professionnel, ou burn-out, chez les étudiants. Pas parce que les étudiants commencent à peine à souffrir de burn-out – il y en a toujours eu -, mais parce cette maladie professionnelle n’était autrefois «réservée» qu’aux vrais travailleurs. Une aberration qu’il fallait bien corriger un jour. «Il n’y a que très peu de recherches sur le surmenage chez les étudiants, on commence à peine à s’y intéresser», explique Hélène, intervenante au centre d’écoute et de référence Halte Ami, de l’UQAM. «Pourtant, le burn-out ne survient pas seulement lorsqu’on retire un salaire…»

Peu d’études, donc peu de statistiques. Ainsi, il est impossible d’évaluer l’ampleur du problème en milieu étudiant. La clientèle de Halte Ami liée au burn-out n’a pas vraiment progressé au cours des trois dernières années. Entre quatre et six pour cent. Mais l’échantillon est trop petit pour mener à quelque conclusion que se soit. Une chose est sûre, indique Hélène, c’est que les étudiants s’en préoccupent de plus en plus. «Que ce soit pendant nos Semaines de la santé mentale ou de prévention du suicide, on sent un plus grand intérêt de la part des étudiants à ce sujet.»

Comment éviter le burn-out?
Seul, face à soi-même, il peut être difficile de se prémunir contre le burn-out. «Ne pas se rendre compte qu’on est au bord du burn-out fait partie du processus y menant», indique Hélène.

Toutefois, le centre d’écoute et de référence Halte Ami suggère, notamment aux personnes qui ont tendance à se passionner pour ce qu’elles font, de se poser quelques questions si se glisse un doute:

– Y a-t-il plus d’une semaine que vous n’avez rien trouvé d’excitant dans votre travail, ou vos études?

– Vous sentez-vous moins efficace à la tâche, malgré des efforts considérables?

– Etes-vous frappé par l’inutilité de votre occupation?

– Vous sentez-vous impuissant à changer quoi que ce soit?

– Devenez-vous angoissé ou ennuyé à l’idée de lire du matériel se rapportant à vos études?

De plus, Halte Ami a répertorié quelques signes qui, généralement, ne mentent pas quant à la possibilité de souffrir d’un épuisement professionnel.

-Besoin excessif de s’affirmer, insécurité, et primauté accordée au projet «grandiose» pour lequel vous vous donnez entièrement;

– Négliger ses besoins affectifs, familiaux, alimentaires;

– Fatigue et apparition de problèmes de santé que vous cherchez à ignorer;

– Crainte de l’échec, insensibilité aux autres;

– Perfectionnisme jusqu’au bout des doigts;

– Tendance à s’isoler;

– Perte graduelle d’estime et de confiance en soi;

– Désespérance, et épuisement total, impression d’être au bord de la dépression.

Mieux vaut prévenir…
Un mot d’ordre: soyez votre meilleur ami! Ça a l’air ridicule comme ça, mais se traiter soi-même comme on traite ses meilleurs amis peut permettre de diminuer grandement la pression qu’on se met inutilement sur les épaules. «Il ne faut pas banaliser l’importance de ses échecs ou de ses frustrations, dit Hélène; mais, en même temps, il faut admettre que ce n’est pas la fin du monde. Votre meilleur ami dédramatiserait vos problèmes au travail ou à l’école. Vous devez en faire de même pour vous aussi.»

Quelques conseils de prévention, gracieuseté de Halte Ami:

– Souvenez-vous que vous n’êtes pas un magicien, que vos ressources et vos capacités sont limitées;

– La sieste est un excellent médicament: une petite demi-heure, par jour, de relaxation détent son étudiant;

– Changez votre routine, sortez, continuez à voir des amis. Le réseau social est primordial dans les moments de tension;

– Et quand vous sortez entre amis ou parents, de grâce, oubliez l’école et le travail!y

Ca, c’est le burn-out
Le burn-out n’est pas causé par une surcharge de travail. Il survient lors d’une surcharge de travail, «au moment où la personne perd peu à peu son idéal. Que le but de tous ses efforts semble devenir progressivement inaccessible», explique Hélène. Et surtout, il ne s’agit pas d’un manque de volonté. Au contraire, ce sont les personnes les plus éprises par ce qu’elles font qui en sont le plus victimes.

Pour cette personne, le stress positif, qui la stimule à la tâche, devient alors une émotion malsaine, qui la pousse à travailler jusqu’au bout de ses forces. Une fois que la dernière once d’énergie physique et morale est consommée, la pile est morte. Il ne suffit plus de la recharger, il faut la changer.