C’est fou ce qu’on peut effectuer comme tours de passe-passe dans le monde financier. Par exemple, en jouant de «l’effet de levier», une compagnie de 100 millions de dollars peut en acheter une autre de 800 millions; il lui suffit de contracter un prêt auprès d’une banque en offrant les actifs de la compagnie acquise en garantie. Autre exemple: le Mexique s’est dégagé d’une grande partie de son fardeau d’endettement en renégociant à la baisse les taux d’intérêt sur la multitude de ses prêts et en ré-échelonnant ses paiements.
A plus petite échelle, c’est le genre de levier auquel peut avoir recours tout diplômé qui traîne la dette d’un prêt étudiant auprès d’une institution financière. La démarche peut se traduire par des épargnes de centaines de dollars tout en impliquant au plus quelques téléphones logés auprès des banques.
Pour quelque mystérieuse raison, on a tendance à croire que les prêts effectués par une banque sont des transactions coulées dans le béton; on n’a qu’à regarder la quantité de documents à signer, tous plus indéchiffrables les uns que les autres. Tout cela rend la chose TRRRES officielle. Pourtant, quand on va chez l’antiquaire, on négocie, non? Chez le marchand de tapis aussi? Et encore plus chez le concessionnaire d’automobiles… Mais pas dans une banque. D’accord, on négocie un peu au début, puis après, c’est fini. On paie sans rechigner, sans poser de questions.
Pourtant, alors qu’on ne paye un tapis en général qu’une fois, un prêt bancaire a cet avantage – ou ce désavantage! – d’être remboursé une ou deux fois par mois. C’est donc dire que la transaction n’est pas terminée au départ, quand on signe les documents, mais seulement à l’arrivée, quand toutes les mensualités sont épuisées. Tant que le processus de remboursement est en cours, les jeux sont ouverts; le produit n’est pas encore consommé, et il est par conséquent négociable.
On peut faire l’hypothèse que plusieurs traînent des prêts dont les taux d’intérêt s’élèvent à 9 %, 10 %, peut-être davantage. Or, le taux actuel qu’impose le gouvernement se situe à 6,5 %. Évidemment, on parle là d’un taux pour un nouveau prêt. On ne peut s’attendre à négocier un tel taux sur un prêt déjà en cours, mais ça peut servir de référence utile.
Allez voir ailleurs!
Développons donc un exemple où un débiteur pourrait abaisser son taux actuel de deux points de pourcentage. Sur un prêt de 10,000 $, remboursable sur cinq ans avec un taux de 10 %, un écart de 2 % (qui ramènerait le taux à 8 %) signifierait une épargne totale de 600 $! Voilà un appel téléphonique rentable!
Plus souvent qu’autrement, on peut s’attendre à ce que l’agent de prêt auquel on s’adresse à la banque où on fait normalement affaire ne veuille pas entendre parler d’une renégociation. Insistez. S’il ne veut toujours pas acquiescer, demeurez poli, et dites-lui que vous rappellerez. Puis, faites comme vous feriez pour l’achat d’une voiture: allez chez le vendeur en face! Appelez une autre banque et demandez à leur agent quelles conditions il serait prêt à vous faire si vous transfériez votre prêt à son institution. Il y a de bonnes chances qu’il sera plus qu’heureux de vous rendre service. Pourquoi? Tout d’abord, parce que les banques sont férocément en quête de clients, aujourd’hui. D’autant plus que les nouveaux clients ne sont pas vraiment nouveaux; ils ont été volés à d’autres institutions. Les banques sont donc prêtes à discuter pour gagner des recrues. Bien sûr, vous démarrez probablement dans la vie, de telle sorte que votre valeur d’actif n’est sans doute pas considérable. Pas encore… Pour l’instant vous avez un compte de chèques et d’épargne, peut-être même un petit REER, si vous êtes le moindrement prévoyant. Mais cette valeur va croître, et c’est votre business futur qui intéresse l’institution, quand vous aurez deux comptes personnels et deux comptes d’entreprise avec marge de crédit, une ou deux hypothèques, enfin quelques cartes de crédit.
Donc, voyez ce que le vendeur en face peut vous offrir, et dites-lui que vous allez lui revenir, question de rappeler le premier, qui vous a d’abord dit non. S’il persiste sur sa voie négative… retournez chez son compétiteur, qui sera des plus heureux de vous offrir ce à quoi vous avez droit.