Au Québec, le phénomène des sectes nous touche de près. Il y a cinq ans, la région des Laurentides a été le théâtre d’un drame signé de l’Ordre du Temple solaire, une organisation qui comptait plusieurs membres québécois. Voilà pourquoi la série Les Sectes tueuses risque de piquer notre curiosité. Pendant deux ans, le journaliste français Bernard Vaillot a parcouru trois continents et recueilli plus de 50 témoignages pour illustrer son documentaire qui se penche entre autres sur la dérive meurtrière observée au sein de plusieurs sectes. Les sectes qu’il a choisi d’étudier ont toutes marqué notre imaginaire au cours des 20 dernières années: le Temple du peuple, de Jim Jones; la Branche des Davidiens, de David Koresh; Aum Vérité Suprême, de Shoko Asahara; et l’Ordre du Temple solaire, de Jo Di Mambro. Vaillot a entre autres obtenu une entrevue avec Stephan Jones, le fils de Jim Jones, qui a miraculeusement été épargné alors que 922 personnes sont mortes à cause de son père. La série, qui débute ce soir (jeudi 2 octobre), se divise en trois parties: la première trace le portrait de ces gourous qui ont entraîné des centaines de personnes vers la mort; la seconde partie étudie le fonctionnement interne des sectes; enfin, la troisième et dernière tente de comprendre comment la mort est devenue un objectif à atteindre. Une série passionnante. Première diffusion les 2, 3 et 4 octobre à 20 h. Rediffusion les 6, 7 et 8 octobre à 22 h 30. Canal Vie.
Médias
Dimanche dernier, le magazine radio-canadien Médias s’est livré à un exercice périlleux: traiter de l’affaire Ohayon, c’est-à-dire la démission du directeur des programmes de la télévision d’État qui s’est placé dans une situation impossible sur le plan éthique en entretenant une relation amoureuse avec la vice-présidente de la maison de production privée Prisma.
Le résultat: laborieux et décevant.
Les journalistes de l’émission marchaient visiblement sur des oufs et ont livré un reportage incomplet et brouillon où il manquait plusieurs informations (exemple: aucune mention n’a été faite de l’entente de coproduction entre Radio-Canada, Prisma et la Chine qui, vue de loin, ne semble pas tout à fait kosher). L’objectif de l’émission, qui est censée démystifier le merveilleux monde des médias pour le grand public, n’a pas été atteint. Pire encore, les journalistes de Médias n’ont même pas réussi à obtenir une entrevue avec les dirigeants de leur propre boîte.
En fait, Médias se retrouve face au même problème que son prédécesseur, Le Point Médias: quand vient le temps de parler d’un problème qui touche directement Radio-Canada, les journalistes ont les mains liées. La solution? Je ne la connais pas. Aurait-il fallu demander à une équipe de pigistes de préparer un reportage qui aurait été plus objectif? Ou alors, choisir de n’en pas parler du tout? Une chose est certaine: le problème risque de se poser à plusieurs reprises au cours de la saison puisque Radio-Canada est sans aucun doute l’un des plus gros joueurs médias au Québec. L’équipe de Médias saura-t-elle faire face à la musique?
Gala des prix Gémeaux
Un mot sur le Gala des prix Gémeaux. C’était assez ironique d’entendre plusieurs artisans de la télé, Lise Payette en tête, dénoncer la bêtise et la vulgarité de certaines émissions, mais, dans un même souffle, saluer l’intelligence du public. Le public serait-il intelligent seulement quand il écoute les bonnes émissions, comme Les Machos, par exemple?
Destination Lune
Depuis que la NASA a annoncé le retour de l’astronaute John Glenn dans l’espace, on assiste à un véritable engouement pour tout ce qui touche les programmes spatiaux. Super Écran en profite pour présenter l’excellente série américaine Destination Lune (qui a récemment remporté le prix Emmy de la meilleure mini-série). Destination Lune, qui raconte l’aventure du programme Apollo, est le bébé de Tom Hanks, lui-même vedette du film Apollo 13. Hanks, producteur exécutif et présentateur de la série, a également écrit et réalisé un épisode. La série, qui n’a récolté que des critiques positives, pour ne pas dire dithyrambiques, débute le 4 octobre à 20 h, et se poursuit jusqu’au 8 novembre, à raison de deux épisodes par soir, les dimanches.
Les Règles du jeu
Anne-Marie Dussault, qui a décroché le prix Gémeaux de la meilleure animatrice pour une série d’information ou émission spéciale d’information, dimanche dernier, a changé de style. Elle anime son émission debout, elle gesticule davantage et n’hésite pas à employer des formules-chocs (exemple: Joe Norton: chef de bande ou chef de bandits?) pour attirer notre attention.
Sa nouvelle émission, Les Règles du jeu (les mercredis soir à 21 h sur Télé-Québec), était précédée d’un mauvais «buzz», pour employer le jargon du métier. Dans le milieu journalistique, on disait que la maison Télé-Vision, qui produit l’émission, n’avait ni la compétence ni les moyens financiers pour produire une émission d’affaires publiques digne de ce nom. Bref, plusieurs personnes prédisaient un flop!
A l’écoute de la première émission, j’étais loin d’être séduite. Les sujets m’intéressaient plus ou moins, et la série de flashs faisant le pont entre les différents segments de l’émission me semblaient décousus. J’étais tout de même à l’écoute la semaine suivante. Finalement, c’est l’émission du 22 septembre dernier qui m’a conquise. On y présentait un reportage très touchant sur les héroïnomanes, une entrevue passionnante avec Bracha Udashkin, une juive hassidim qui se présente aux prochaines élections municipales aux côtés de Jean Doré (et qui affirme candidement que l’ouvre de Shakespeare est inutile dans la vie car elle transmet de mauvaises valeurs), ainsi qu’un très bon reportage sur la santé mentale des immigrants. Ajoutez à cela un commentaire bien senti de l’humoriste Pierre Légaré, et vous avez passé une heure intelligemment remplie jusqu’au générique. C’est rare.
La littérature américaine décortiquée
Tout au long du mois d’octobre, la chaîne culturelle de Radio-Canada présentera «Les États désunis de la littérature américaine», une série d’émissions radiophoniques préparée par Stéphane Lépine, animateur de Paysages littéraires. Au total, huit émissions aborderont différentes facettes de la littérature de nos voisins du sud. Des exemples: l’ouvre d’Henry James sera analysée en compagnie de Mona Ozouf; un portrait de l’écrivaine Toni Morrison sera tracé à partir des commentaires de Marcel Labine. Enfin, une table ronde réunissant Jean-François Chassay, Bertrand Gervais, Éric de LaRochellière et André Major décortiquera l’ouvre de Cormac McCarthy. Ces émissions seront présentées les dimanches à 16 heures, dans le cadre de Paysages littéraires, ainsi que les mardis à 22 h, dans le cadre de la Grande Soirée du mardi. 100, 7 FM.