Réseaux : Macho Man
Société

Réseaux : Macho Man

Si vous avez aimé Scoop vous ne serez pas dépaysé en regardant Réseaux, la nouvelle série de Réjean Tremblay sur les coulisses du monde de la télé. Toutes les obsessions du chroniqueur sportif de La Presse sont réunies. Nous vivons dans un monde pourri, corrompu par l’abus de pouvoir, le sexe et la drogue. L’avenir est aux jeunes filles ambitieuses. Il n’y a plus de vie après 50 ans, surtout pour les femmes. Les méchants fédéralistes sont partout. L’univers journalistique n’est pas macho. Bref, pas de grandes surprises, mais pas de déceptions non plus. Réjean Tremblay a le chic (et le guts, disons-le) d’écrire des séries à clé où l’on reconnaît sans trop d’effort les individus qui les ont inspiré. Que Radio-Canada embarque dans le train, et accepte de diffuser une série qui ne la présente pas toujours sous son meilleur jour, montre à quel point la télévision d’État est prête à tout pour les sacro-saintes cotes d’écoute.

L’histoire de Réseaux est la suivante: un journaliste (Patrick Huard), jeune et ambitieux (un rôle de composition inspiré de Stéphan Bureau et Gaétan Girouard), rêve de devenir lecteur de nouvelles. Fraîchement divorcé (détail touchant: il a la garde de sa fille), son cour balance entre deux femmes: une jeune journaliste un peu bonasse (Geneviève Rochette), et une étoile montante (Caroline Néron), qui a le mot «ambition» tatoué sur le front. Devinez la suite…

Les personnages secondaires sont assez typés (la lectrice de nouvelles sur le déclin, le fidèle cameraman, le méchant premier ministre, le boss humain, mais torturé, etc.). A signaler: Denys Mercier dans le rôle d’un animateur de variétés (Boubou, mais en grande folle) est carrément hilarant. Quant à Micheline Lanctôt, elle risque de remplacer Francine Ruel dans le cour du public qui avait tripé sur Léonne Vigneault dans Scoop.

Bref, les téléspectateurs ont le choix: se taper les imbuvables Machos, de Lise Payette, ou plonger tête première dans l’univers d’un vrai macho. A vous de choisir. Réseaux, tous les mardis à 21 h. Radio-Canada.

En français S.V.P.!
Si vous êtes du genre à grimper dans les rideaux chaque fois que vous entendez des gens parler anglais dans les reportages diffusés à la radio française de Radio-Canada, consolez-vous. Quelqu’un, quelque part, a compris votre désarroi. Déjà, au printemps dernier, la directrice de l’information de la radio de Radio-Canada, Geneviève Guay, avait fait circuler un mémo dans lequel elle priait les journalistes de limiter l’emploi des extraits en anglais, rappelant que l’auditoire de Radio-Canada était majoritairement francophone, et non bilingue. Récemment, cette directive a été réitérée, en particulier dans les stations hors Québec, à Toronto, par exemple. Désormais, c’est «Tolérance Zéro».
«Nous recevons beaucoup de plaintes», affirme Alain Saulnier, rédacteur en chef nouvelles et spécials radio. «Dans la directive émise, il est dit qu’on accepte les extraits anglais quand il s’agit de personnages très connus, ou encore pour donner un ton et une couleur au reportage. Par contre, quand les intervenants ne sont pas connus au Québec, le journaliste peut très bien paraphraser ses propos.»

En d’autres mots, un journaliste basé à Toronto qui voudrait entendre son reportage diffusé coast to coast devrait en préparer un second, sans extraits en anglais. «Avec les nouvelles techniques de montage, c’est un travail qui se fait rapidement», dit Alain Saulnier, précisant que ces directives ne concernent pas les reportages réalisés à l’étranger, aux États-Unis, par exemple.

Bref, quand vous écouterez les informations à la radio de Radio-Canada, vous aurez désormais l’illusion que le Canada est un pays où l’on parle français d’un océan à l’autre. De quoi rassurer les nationalistes frileux…

Pendant que les journalistes radio digéraient les implications de cette nouvelle directive, leurs collègues des programmes radio livraient une bataille surréaliste. En effet, quelques étages plus haut, un patron s’énervait du fait qu’on ne respectait plus les quotas de musique canadienne (50 %) imposés par le CRTC. Or, Radio-Canada s’apprête à passer devant le CRTC pour demander une licence pour exploiter Info-radio, une chaîne d’information continue qu’on pourrait synthoniser au 690 AM. Réaction du patron: «Notre dossier doit être plus blanc que neige. A partir d’aujourd’hui, nous diffuserons 80 % de contenu canadien, dont 95 % de contenu francophone.» Si ce n’était de la tête de cochon de certaines équipes, qui ont résisté à cette directive à la con, on aurait pu se croire à CIEL, la semaine dernière, avec du Richard Séguin et du Lara Fabian mur à mur. Heureusement, le boss en question a repris ses sens (après une réunion animée), et s’est entendu avec ses employés afin que le quota de 50 % soit respecté. Et, afin de s’assurer que tout le monde comprenne bien ce qu’est le «contenu canadien», on a embauché quelqu’un pour faire la tournée des émissions afin de rafraîchir la mémoire de tout le monde. Et vive la bureaucratie!