Au Québec, les amateurs de publicités originales n’ont pas grand-chose à se mettre sous la dent. A part quelques exceptions, notre pub est plutôt conservatrice, pour ne pas dire platte à mort.
Or, à moins de voyager beaucoup, on a rarement la chance de voir ce qui se fait ailleurs. D’où l’intérêt d’un événement comme La Nuit de la pub, qui permet aux pauvres petits Montréalais que nous sommes d’apprécier la création publicitaire internationale.
Patrick Maurin, un Français dans la trentaine, était responsable du chapitre international de La Nuit des publivores, présentée à Montréal durant plusieurs années. Cette fois, Maurin fait cavalier seul en présentant La Nuit de la pub, un happening nocturne qu’il promènera au Canada, au Mexique, ainsi qu’en Europe.
Avec son équipe de recherchistes, ce jeune producteur de court métrages a travaillé pendant trois mois pour rassembler plus de 700 films publicitaires de 38 pays à travers le monde. La plupart de ces films proviennent du Centre national d’archives publicitaires, une sorte de musée de la pub situé à Paris et qui compte environ 300 000 messages publicitaires, conçus aux quatre coins de la planète.
Cette année, Patrick Maurin promet aux «publivores» une soirée interactive, à mi-chemin entre l’ambiance des soirées d’impro et celle des bars de karaoké. La programmation est divisée par thèmes, d’une durée de 30 minutes chacun, et le public est invité à voter pour le thème de son choix. Comme dans toute démocratie qui se respecte, c’est le choix de la majorité qui l’emporte, même si Maurin et son équipe se sont réservé le droit d’imposer trois thèmes chers à leur cour: un hommage aux réalisateurs de pubs les plus marquants, une demi-heure consacrée aux thèmes musicaux utilisés dans les pubs (question de faire chanter l’auditoire), ainsi qu’un segment très attendu consacré à la pub scandinave. «La pub des Pays scandinaves est très osée et radicalement décapante, explique Patrick Maurin. Surtout en Norvège, où la publicité télévisée est autorisée depuis moins de dix ans seulement. La pub norvégienne est très brute: c’est souvent un seul plan fixe. Mais c’est drôle et très désopilant. En fait, on aurait pu faire trois heures seulement avec la Norvège.»
Les autres thèmes sont les suivants: les bulles jusqu’à plus soif (ou la pub de boissons); nos amies les bêtes! (minou, toutou et tutti quanti); les films d’animation; les effets spéciaux, un segment complet consacré à Diesel; les sportifs qui font de la pub et, last but not least, l’érotisme dans la publicité, un concept qui n’est résolument pas nord-américain.
Parlant d’Amérique du Nord, comment ne pas demander à cet observateur privilégié ce qu’il pense de la production publicitaire québécoise? Poli, Patrick Maurin demeure évasif. «Disons qu’il y a un décalage entre la pub québécoise et la tendance mondiale, remarque-t-il. Ici, la pub est très portée sur l’humour verbal et elle n’est pas forcément esthétique. Et, comme la pub américaine, elle va trop vite au produit, sans faire un effort de séduction.»
Or, pour un amateur comme Maurin, qui tripe sur l’aspect ludique de la publicité, c’est presque un sacrilège. «La pub a une autre fonction que celle de vendre, dit-il. Elle doit aussi amuser, faire plaisir, divertir.»
Et c’est ce qu’il vous promet les 16 et 17 octobre, de 22 h à 3 h30, au Cinéma Impérial.