Société

Montréal en campagne : Le clone est triste

Où étiez-vous il y a un an? Vous étiez à la quête de la solution de rechange idéale à Pierre Bourque. Si, si. Le Tout-Montréal était à la recherche d’un remplaçant au maire actuel. Partout, dans les journaux et à la télé, on pouvait entendre vos appels à l’aide, demandant à l’opposition de s’unir derrière une candidature salvatrice.

Il y a un an, les chances que Pierre Bourque soit réélu étaient nulles, ou presque. Tout ce qu’il restait du bonhomme, c’était une trace de la grosseur d’un bâtonnet d’ADN.

Mais, entre-temps, un savant fou a dû intervenir, avec une canne au bout de laquelle trônait une bibitte pognée dans la cire, parce qu’aujourd’hui, Pierre Bourque a été reconstitué du plus petit chromosome jusqu’au bout du toupet, comme les lézards du Parc Jurassique.

Rassurez-vous: contrairement à ce que certains observateurs essaient de vous faire croire, vous n’êtes pas des imbéciles, et vous ne réélirez pas Pierre Bourque. Je suis de ceux qui croient dur comme fer à l’intelligence de l’électorat.
Mais là où vous avez tous lamentablement échoué, c’est dans la recherche d’une digne succession à Pierre Bourque. Vous n’avez trouvé rien de mieux que Jacques Duchesneau et Jean Doré, par manque d’imagination. Vous avez songé à reculer un siècle en arrière avec Yvon Lamarre, et vous avez fait des beaux yeux à Liza Frulla.

Rassurez-vous, vous ne réélirez pas Pierre Bourque… Mais faute d’avoir trouvé un sauveur qui aurait fait l’unanimité, vous allez reporter Bourque et ses conseillers-marionnettes au pouvoir, en fractionnant votre vote.

Vous allez permettre à Géranium premier de foutre le bordel pendant quatre autres années. Alors que pendant ce temps, à Ottawa…

Il marche sur les eaux
David Levine est un Montréalais pur smoked meat. Il y a trois mois, il était le Slobodan Milosevic de l’Ontario, le sale séparatiste à lyncher (littéralement), qui volait un job à un vrai Canadien de race supérieure, à la direction des hôpitaux d’Ottawa.

Sa tâche – réaliser le même virage ambulatoire qu’au Québec – était vouée à l’échec tant l’homme était détesté. Les citoyens le brûlaient en effigie, la communauté d’affaires menaçait de retirer son financement à la Fondation de l’hôpital d’Ottawa.

David Levine doit marcher sur les eaux car, trois mois plus tard, le Tout-Ottawa chante la pomme à son séparatiste d’amour. En une saison, il a su réaliser avec succès un virage ambulatoire qui ferait pâlir le Québec d’envie. Il a fait économiser quarante-cinq millions de dollars au gouvernement de Mike Harris, alors qu’il va nous en coûter un milliard pour la même opération. Surtout, il a su mettre les Ontariens qui le détestaient tant dans sa petite poche.

David Levine est un Montréalais pur smoked meat, et en ce moment, il marche sur les eaux à Ottawa. Il est un gestionnaire hors du commun, un rassembleur qui fait aujourd’hui l’unanimité chez les souverainistes, les libéraux, les réformistes, les néo-démocrates, les conservateurs, les anglos, les francos, les patrons, les prolétaires, les cathos, les protestants, les juifs, les agnostiques et quoi encore…

La semaine dernière, vous étiez prêts à construire un pont d’or à Felipe Alou. Mais vous avez laissé partir Dieu en personne, pour ne conserver que Doré et Duchesneau. Désespoir, où sont vos priorités?

Un échange!
Il n’est peut-être pas trop tard, il s’agit seulement de trouver un moyen d’annuler cette élection. Puis on repart à zéro, et on fait une offre à Ottawa pour rapatrier David Levine à Montréal.

On pourrait échanger David Levine contre Hull, Gatineau et Aylmer. L’Ontario gagnerait deux cent mille contribuables, le Canada réaliserait la réunification de sa capitale, et le Québec se délesterait de l’ensemble urbain le plus laid de la province. Quant aux Canadiens de l’Outaouais, ils seraient déjà «partitionnés», comme cela semble être leur vou.
Nous, Montréalais, on récupérerait le premier maire anglophone de Montréal depuis un siècle; on ferait taire les médisances de Mordecai Richler et du Jerusalem Post; on ferait plaisir autant à Jean Charest qu’à Lucien Bouchard; on remettrait les finances de la Ville à flots; on relancerait Montréal sur ses rails, et on jetterait Pierre Bourque aux ordures de l’Histoire. Beau programme, non?

L’affaire Béranger Lessard
Le simple fait de se prénommer Béranger est en soi un scandale.
Mais si Béranger Lessard, le candidat de Bourque dans le Plateau, a été cloué au pilori, c’est que dans ses activités de promoteur immobilier, il a violé à tour de bras les règlements d’urbanisme de la Ville de Montréal et du Code national de prévention des incendies; il a été accusé de fraude par Hydro-Québec pour 325 000 dollars; et il a été reconnu coupable de méfait et d’avoir intimidé des locataires. De plus, Béranger Lessard poursuivait en justice SA ville, dirigée par SON parti, pour des délais d’obtention de permis de construction qu’il jugeait trop longs.

Je dis bien: «poursuivait». Car lorsque l’histoire est devenue publique, Béranger a retiré sa plainte.

Cela dit, on se calme. Depuis quand un repris de justice n’a-t-il pas droit à la réinsertion sociale? Ce n’est pas le Texas, ici!
Faites comme moi: ayez foi en l’intelligence de l’électorat. On a les politiciens qu’on mérite, dit le dicton. Si les électeurs du Plateau sont assez imbéciles pour choisir Béranger, eh bien, ils l’auront mérité, leur Béranger. Mais je garde la foi.