Télé-Québec aurait-elle trouvé sa voie? Après sa phase gnangnan («Passe-Montagne aime les papillons…»), sa période pop-psycho (à la table de Janette Bertrand) et ses moments plus sérieux (en compagnie d’Anne-Marie Dussault), on dirait que Télé-Québec a trouvé un ton.
L’an dernier à la même heure, les dirigeants de Télé-Québec frôlaient les murs: les cotes d’écoute de la station étaient à la baisse, et les éditorialistes réclamaient (encore!) la fermeture de la boîte. «Attendez l’an prochain, nous disait-on, il y aura du changement.»
En août dernier, la télé éducative dévoilait son nouveau choix d’émissions pour la saison 1998-1999. Le mot renouvellement est trop faible pour décrire les changements radicaux effectués par Mario Clément, le nouveau directeur de la programmation. Son pari: rajeunir le public de Télé-Québec en proposant des têtes d’affiche plus jeunes, des émissions plus audacieuses, un ton plus actuel.
Un mois plus tard, Télé-Québec se permet (déjà!) de faire un mini-bilan. Résultat: le message est passé. Pour employer le jargon des communicateurs, il y a un buzz. Les gens parlent de Télé-Québec. La question est la suivante: la regardent-ils? Réponse: il semble que oui, du moins davantage que l’an dernier. En particulier chez les enfants qui redécouvrent Télé-Québec grâce, entre autres, aux hallucinants Teletubbies, un des bons coups de la rentrée.
Chez les adultes (les 18-49 ans tant convoités par les publicitaires), on observe une remontée qu’on évalue à environ 15 %. Ce n’est pas le Pérou, mais c’est un début prometteur.
L’émission la plus populaire de la rentrée, Ciel, mon Pinard!, récolte plus de 200 000 téléspectateurs par semaine. A l’opposé des shows de recettes des Taillefer, mère et fille, ou de Martha Stewart, ce magazine animé par Daniel Pinard (qui avait délaissé ses fans naturels pour aller faire tourner des ballons Provigo sur son nez à TVA, l’an dernier) se déroule dans une ambiance chaleureuse, et légèrement bordélique, en compagnie de chroniqueurs-amis (Josée Blanchette, Robert Beauchemin, etc.). Jusqu’au réalisateur qui ne se gêne pas pour intervenir à l’occasion. On parle de bouffe, on déguste, on partage ses secrets et ses bonnes adresses; bref, on communique aux téléspectateurs un art de vivre qu’on ne retrouve pas ailleurs à la télévision. Du (presque) jamais vu!
Parmi les autres émissions très écoutées on retrouve aussi Le plaisir croît avec l’usage (dimanche 21 h), une émission de variétés animée par René Richard Cyr; Improvissimo (du lundi au jeudi à 18 h 30), et Droit de parole (vendredi 20 h). Il y a aussi quelques déceptions comme Les Choix de Sophie (lundi au jeudi, 19 h), qui ne récolte pas le succès escompté. Mais pas question de la retirer de la grille, a insisté Mario Clément, qui veut laisser tout le temps nécessaire à Sophie Durocher pour installer son show. Quant aux Francs-tireurs (Dutrizac, Martineau, Saulnier), le directeur des programmes croit que la nouvelle case-horaire (mercredi, 21h ) de ce magazine «différent et pas nécessairement facile» lui permettra de devenir «une émission-culte». A suivre, après les résultats des sondages d’écoute BBM de l’automne.
Toscani
Oliviero Toscani est un génie. Ses campagnes-chocs pour la ligne de vêtements Benetton, qui en horripilent plusieurs, suscitent surtout l’admiration. Son talent: la provocation. Au fil des ans, il a mis en scène la guerre, le sida, les couples interraciaux,… Ses photos ne sont jamais banales. A vous d’en tirer le message qui vous convient.
L’autre qualité de Toscani, c’est de savoir saisir l’air du temps. Le monsieur a le sens du marketing comme le démontre sa toute dernière campagne mettant en vedette des enfants trisomiques (très à la mode depuis le film belge Le Huitième Jour). Ses photos ont-elles un impact sur la vente des vêtements plutôt médiocres vendus chez Benetton? A la limite, on s’en fout. C’est le personnage et ses clichés qui sont intéressants. A voir, un document danois, présenté en primeur, jeudi, 20 h, à Télé-Québec.
Banff
Un mot sur la Rétrospective des sommets de Banff présentée à la Cinémathèque, du 3 au 8 novembre. Vous pourrez y voir un choix des émissions primées au Festival de Banff, dont un documentaire japonais sur Ai, une guenon qui communique à l’aide d’un clavier d’ordinateur (Prix de la meilleure émission de science populaire, dimanche 8 novembre, 15 h); un portrait du pianiste Sviatoslav Richter (Richter, l’insoumis, prix du meilleur documentaire sur les arts, vendredi 6 novembre, 19 h), ainsi qu’une rétrospective des meilleures émissions d’animation (jeudi 5 novembre, 20 h). A la Cinémathèque québécoise. Voir calendrier Cinéma répertoire.