Les coupures budgétaires dans le monde de l’éducation, jumelées à l’inexorable montée d’Internet et de tout ce qu’on appelle à tort ou à raison multimédia, provoquent d’étranges situations. Parce qu’elles souhaitent obtenir à peu de frais du matériel informatique qui leur fait cruellement défaut, environ 450 écoles du Québec participent au concours «L’éducation par-dessus tout» de… Kellogg. Le but du jeu, pour chacune des écoles, est de rapporter le plus grand nombre de symboles CUP (la preuve d’achat) de n’importe quel produit de la compagnie, des céréales les plus nutritives aux plus douteuses tartelettes. La carotte au bout de ce bâton: une valeur de 40 000 dollars de matériel et de logiciels, distribués aux trois gagnants ainsi qu’à trois écoles désignées par le sort.Le même type de stratégie (Étiquettes pour l’éducation) a été retenu par la compagnie Campbell qui, elle, offre un catalogue de produits de toutes sortes, un peu à la manière des défunts timbres Goldstar.D’un côté comme de l’autre, on favorise la participation par des activités de motivation en tous genres. Chez Kellogg, on suggère par exemple de tenir des rallyes, d’organiser des collectes dans le voisinage et de consacrer un babillard à l’inscription des résultats. Du côté de Campbell, on va même jusqu’à fournir des exemples de communiqués de presse aux «coordonnateurs» du concours pour impliquer les médias de la région.Pour une poignée de dollars Kellogg et ses associés – Packard Bell et… Microsoft – obtiennent une visibilité exceptionnelle chez les tout-petits, qui apprendront bien vite à reconnaître les marques en question. Une véritable aubaine quand on sait qu’il n’existe pas de véritables moyens pour atteindre aussi directement cette «clientèle» tellement convoitée.Une véritable aubaine, disions-nous, d’autant plus que sur les 450 écoles qui auront participé à «L’éducation par-dessus tout», elles seront 444 à ne rien gagner du tout.