Équipe Canada pour l’Unité : We Love Qwébec
A quelques jours des élections provinciales, les Canadiens anglais nous refont le coup du Love Fest. «On vous aime, et on aime votre langue», qu’ils nous disent. Arrêtez, vous allez nous faire pleurer…
Parfum de scandale à Québec: le premier ministre Lucien Bouchard aurait reçu une lettre qu’il cacherait à ses commettants québécois.
Selon l’auteur de la lettre, la missive contiendrait une Révélation menaçante pour l’option indépendantiste de son parti: les Canadiens aiment les Québécois! Ils seraient onze millions de Canadiens hors Québec à appuyer ce message!
«Monsieur Bouchard, pourquoi n’avez-vous pas parlé aux Québécois de la lettre que nous vous avons envoyée?» a demandé le plus sérieusement du monde Aaron Makovka, coprésident-fondateur d’Équipe Canada pour l’Unité/Team Canada for Unity, lors d’un point de presse tenu dans le hall de la Place Ville-Marie, la semaine dernière. «C’est que le premier ministre Bouchard ne veut pas que les Québécois sachent que le reste du Canada lui tend la main», a-t-il suggéré.
La Révélation tient dans une «Résolution populaire pour un Canada uni», que cinq cents administrations municipales ont été appelées à appuyer lors de réunions de leur conseil municipal. Parmi les patelins, des gros comme Toronto, Vancouver et Ottawa, et des plus petits, aux noms évocateurs tels Spy Hill, Orangeville, Digby, Happy Valley, Town of Leduc et Town of Morinville.
En gros, cette résolution fait dire aux citoyens de ces villes, via la bouche de leurs élus municipaux, qu’ils aiment le Québec, qu’ils aiment le français, et que les deux langues officielles sont une partie importante du pays. Ainsi, la capitale nationale, Ottawa, a signalé son attachement au Québec et au français en adoptant la résolution… en anglais seulement (!). Le greffier de la Ville, un francophone, a fait parvenir une copie de la résolution au premier ministre Jean Chrétien, accompagnée d’une lettre de présentation, en anglais. Un francophone qui entretient un autre francophone de l’importance des deux langues officielles, dans la langue de Manning seulement. Only in Canada.
Toutefois, la lettre adressée à Lucien Bouchard, le priant de reconnaître cette main tendue, était, elle, en français. Avec – minimum – vingt et une fautes et erreurs syntaxiques en moins de vingt lignes.
Bien tiens!
Après avoir passé un an à écumer les Grands Lacs, à traverser les grandes plaines et à gravir les montagnes Rocheuses, Équipe Canada pour l’Unité a fait part des résultats de ses démarches au milieu de la campagne électorale québécoise. «Une simple coïncidence», a soutenu Aaron Makovka, visiblement ignorant de la sensibilité des Québécois aux interventions extérieures dans leurs débats politiques. «Cela faisait un an que cette conférence de presse était prévue. Nous ne pouvions pas reculer à cause de la campagne électorale», a ajouté son collègue Maurice Suissa, de Pierrefonds.
Outre l’attachement à la réalité bilingue du Canada, ÉCU invite les signataires de la résolution à appuyer le caractère «égal» des provinces, de même que la proposition suivante: «Que la constitution (actuelle) a permis au Québec l’opportunité (sic) de promouvoir et de protéger sa culture, sa tradition de droit civil et sa langue française.» A Town of Morinville, Alberta, fondée par monsieur Morin et aujourd’hui habitée par ses descendants, they agree.