On expérimente présentement un cocktail au goût aussi amer que controversé: on propose d’emblée la trithérapie aux personnes qui ont été possiblement mises en contact avec le VIH. On traite ainsi à la sauce trithérapeutique les blessures souillées par le sang d’autrui, les défaillances pas toujours assumées, et les ruptures de préservatif. C’est le nouveau régime d’avant-guerre, dont les mérites thérapeutiques n’ont pas été prouvés par les scientifiques. Mais, déjà, des pubs clamant les vertus de la trithérapie préventive ont envahi les magazines français et américains. Chez les cliniciens, l’idée constitue une petite révolution, mais en aucune manière une véritable solution: des cas de transmission ont été notés, malgré la prophylaxie. «Soyons clairs: ce n’est ni un vaccin ni une ceinture de sécurité, insiste le docteur Réjean Thomas, de la clinique L’Actuel; et cela ne remplacera jamais le port du condom.»