«Le human interest, ça me fait chier!» Ces quelques mots désormais historiques, lancés par un Michel Chartrand excédé devant le ton faussement empathique de Bernard Derome, marqueront à jamais les annales de la télé québécoise. En une phrase courte, sèche et diablement punchée, le candidat de la démocratie socialiste dans Jonquière a remis Derome à sa place. Dans un même souffle, il a résumé tout ce qui nous horripile dans l’information radio-canadienne depuis quelques années: ce ton faussement chaleureux, ce soudain intérêt pour le «peuple» (cotes d’écoute obligent), cette obligation de faire «humain» à tout prix. C’est peut-être bien beau sur papier, mais ça sonne tellement faux à l’écran.
En fait, si l’on apprécie l’information radio-canadienne, c’est pour sa rigueur et son professionnalisme, pas pour son approche humaniste. Depuis quelque temps, le secteur de l’information tente par tous les moyens de se rapprocher de son public, question de singer TVA, qui le fait très bien. Or, ce n’est pas ce qu’on attend de la part de journalistes comme Derome et Bureau, réputés pour leur sérieux, et non pour leur côté Claire Lamarche. Un jour, peut-être, les patrons de Radio-Canada le comprendront.
Ils comprendront également qu’on n’a jamais cru, et qu’on ne croira jamais, au tandem Derome-Bureau. La poignée de main qu’on voudrait symbolique, le pseudo-passage des pouvoirs d’une génération à une autre, tout ça sonne aussi faux qu’une chanson des Parfaits Salauds. En fait, l’équipe Derome-Bureau n’existe tellement pas que le service de presse de Radio-Canada a envoyé deux communiqués aux médias en vue de la soirée électorale. Le premier pour dire que Derome allait animer la soirée; le second pour souligner que Bureau allait interviewer les chefs de partis. Les deux hommes ne peuvent même pas partager la même feuille 8 1/2 par 11, alors qu’on ne vienne pas nous faire croire qu’ils forment un tandem…
Quant à la soirée électorale, elle sentait un peu l’empois, avec la caméra lelouchienne qui tournoyait dans l’enceinte du Salon rouge, le logo de Radio-Canada en bois massif, et le ton cérémonieux de Derome en début d’émission. Un peu de simplicité, S.V.P.!
Soirée de Fin du monde
Pas de doute, c’est l’équipe de La fin du monde qui a volé le show, avec une soirée électorale complètement surréaliste: des Miss en bikini, défilant avec les résultats des différents partis; un cuisinier japonais faisant sauter crevettes et autres fruits de mer au milieu des flammes et des nuages de fumée, pendant qu’un panel prestigieux, mais indiscipliné, composé de Marie-France Bazzo, Josh Freed, Paul Arcand, Léo-Paul Lauzon, Guy A. Lepage, Yvon Picotte et Benoît Dutrizac, tentait de se faire entendre dans une ambiance complètement cacophonique. Le bordel, quoi!
La meilleure intervention demeure celle de Paul Houde dont la tâche consistait à zapper toute la soirée pour tenir les téléspectateurs au courant de ce qui se passait aux autres canaux. Un excellent flash.
Chez TVA, on a fait ça selon les règles de l’art: simple et efficace. Il manquait toutefois un ingrédient essentiel: le suspense. En regardant TQS, on se demandait quelle folie Marc Labrèche nous réservait. En regardant Radio-Canada, on se demandait quand Bernard Derome allait péter les plombs. A TVA, rien. Or, c’est la tension qui fait un bon show de télé, et à TVA, on ne la sentait pas.
Un seul souhait: que TQS récidive aux prochaines élections… ou au prochain référendum.
Union libre
Partout en Europe, on ne parle que d’une chose: l’euro. Dans les journaux, à la télé, dans les magazines, on prépare doucement la population à l’inévitable échéance de 2002. En France, l’État, en collaboration avec une agence de publicité, vient de lancer une campagne de sensibilisation auprès de nos cousins: brochure distribuée dans tous les foyers, campagne auprès des publics dits fragiles (personnes défavorisées, handicapés, etc.), pub télé (slogan: «L’euro fait la force»). On ne lésine pas sur les budgets pour convaincre chaque citoyen que l’union est une bonne chose.
Pour tous les *«eurosceptiques», et ceux et celles qui, curieux, attendent ce choc des cultures avec impatience, TV5 présente Union libre, une nouvelle émission animée par Christine Bravo (Frou Frou). Objectif: faire découvrir aux francophones les manies, tics, habitudes, travers et différences des peuples européens à travers leur vie quotidienne, leur star-système, leur actualité et leur télévision. Entourée de 15 chroniqueurs provenant des 15 pays membres de l’Union européenne, Bravo recevra aussi des invités. Pour la première émission, elle accueille Jane Birkin, Anglaise d’origine, mais Française d’adoption, symbole parfait de l’Europe de demain. Samedi 5 décembre, à 23 h 05. La seconde émission est prévue pour le 12 décembre, à 23 h. TV5.