Quatre mois après le départ de Lise Bissonnette, Le Devoir n’a toujours pas de directeur ou de directrice. La campagne électorale est terminée, Noël s’en vient, et les employés s’impatientent.
Inutile de dire que la machine à rumeurs tourne à plein rendement dans les couloirs de la rue de Bleury. C’est que le processus de nomination est fort complexe, plus complexe que celui d’un pape en fait. En bref, il faut une résolution conjointe du conseil d’administration de l’Imprimerie populaire ltée et de la Première Fiducie, une entité gardienne des parts de vote qu’Henri Bourassa a léguées à ses successeurs.
Le conseil de la Première Fiducie compte habituellement trois membres dont Denys Pelletier, notaire, descendant d’une famille liée au Devoir depuis sa fondation, et Jean-Guy Paquet, ancien recteur de l’Université Laval.
Le conseil d’administration de l’Imprimerie populaire est, quant à lui, présidé par Marcel Couture, directeur de la revue Forces, entouré de Pierre Bourgie, président de la Société financière Bourgie, et de Gilles Carli, avocat chez Martineau Walker, et président du Devoir inc., société créée lors de la relance financière du quotidien, en 1993.
En principe, tout ce beau monde (où l’on retrouve des fédéralistes purs et durs et des souverainistes convaincus) doit s’entendre.
Cette fois, pourtant, on a fait une entorse aux traditions en faisant appel aux services d’un chasseur de têtes, une pratique courante parmi les grandes entreprises à la recherche de candidats prestigieux. Le procédé est simple: le chasseur en question contacte des gens et leur demande s’ils acceptent que leur nom se retrouve sur la liste des candidats potentiels.
Deuxième étape, on passe la liste au tamis pour en arriver à la fameuse liste courte ou short-list (pour reprendre l’expression consacrée) dans laquelle les membres du ca et de la Fiducie devront choisir.
C’est là que ça devient intéressant. Qui s’est retrouvé sur cette liste? Difficile à dire puisque ceux qui l’ont vraiment vue se comptent probablement sur le bout des doigts.
Les noms d’Alain Dubuc, éditorialiste en chef à La Presse, et de Léon Courville de la Banque Nationale du Canada, sont ceux qui reviennent le plus souvent. Assez souvent pour que les journalistes du Devoir prennent le mors aux dents, et fassent savoir à Alain Dubuc, par personne interposée, qu’il ne serait pas le bienvenu dans la salle de rédaction de la rue de Bleury. Et ce, avant même de connaître les intentions du principal intéressé. «On est prêt à sortir dans la rue», ont affirmé plusieurs journalistes.
Peur du changement? Pour reprendre une blague qui court dans le milieu, Le Devoir serait comme un cancéreux en phase terminale à qui on essaierait de greffer un nouveau poumon: il rejette tout corps étranger. Plus sérieusement, la personne qui assumera la direction du Devoir devra avoir les reins solides, et le mot «diplomatie» inscrit dans ses chromosomes.
Au moment d’écrire ces lignes, la rumeur la plus persistante laisse entendre que Bernard Descôteaux (actuel rédacteur en chef, qui tient le fort depuis le départ de Mme B.) serait nommé à la direction de l’auguste quotidien. Si c’était le cas, il faudrait alors nommer un nouveau rédacteur en chef, qui serait probablement choisi dans la salle. Deux noms circulent: ceux des éditorialistes Jean-Robert Sansfaçon et Michel Venne.
On l’a dit lors du départ de Lise Bissonnette: les défis qui attendent le prochain directeur sont énormes: le tirage du quotidien n’est pas à la hausse, et on dit que les finances sont loin d’être reluisantes. Les employés auront-ils une raison supplémentaire de célébrer Noël cette année? C’est à suivre.
Bande à part
Tous les vendredis soir, à 20 h, Vincent Martineau anime Bande à part, une émission de musique alternative diffusée en direct de Moncton. Non, Vincent Martineau ne fait pas tourner les disques d’Édith Butler à l’envers. Son émission, écoutée à travers le Canada, est l’un des rares moments, dans la programmation de Radio-Canada, où l’on peut entendre de la musique hip-hop, techno, fusion métal, et j’en passe.
Vendredi soir, Martineau et son équipe seront aux Foufounes électriques dans le cadre de la série Kabaret Kérozen. A 19 h 30, soit avant le spectacle, on procédera à l’inauguration officielle du site Internet: Le Refuge global de Radio-Canada (www.radio-canada.ca/refuge), en rodage depuis deux mois et demi.
Le Refuge global se veut une «vitrine virtuelle de la culture parallèle». «On y trouvera des extraits d’émissions comme Macadam tribus, Les Décrocheurs d’étoiles, Le Trafiqueur de nuit, et Bande à part, ainsi que la liste des pièces musicales entendues», explique Charles Trahan, rédacteur principal, chargé du contenu du site, et dont la tâche consiste, entre autres, à monter des mini-dossiers complémentaires aux sujets traités dans certaines de ces émissions.
Les internautes qui visiteront Le Refuge global y trouveront aussi un contenu original de type magazine: deux chroniqueurs (Daveouatson et Gigi Rosen-Krank) couvriront le cinéma, le théâtre et les arts visuels, en plus de faire la revue de certains périodiques et fanzines. Enfin, quelques personnalités du monde culturel, dont l’écrivain Maxime-Olivier Moutier, livreront des billets à l’occasion.
Vendredi soir, un forum de discussion sera créé par l’équipe de l’émission Bande à part, question d’échanger avec les auditeurs d’un peu partout sur la planète. Une expérience qu’on répétera sans doute au courant de l’année si tout se déroule comme prévu. Le vendredi 11 décembre, à 20 h. 95,1 FM.
Article 1
En juillet dernier, la Fondation canadienne des droits de la personne a tenu sa session de formation estivale au collège John Abbott, à Sainte-Anne-de-Bellevue. Pendant trois semaines, des militants des quatre coins de la planète sont venus échanger des techniques et des stratégies d’intervention pour la défense des droits humains. Le réalisateur Martin Duckworth et le producteur Glen Salzman étaient sur place. Ils ont filmé les témoignages, parfois fort touchants, de ces militants professionnels qui consacrent leur vie à la liberté des autres. Le film Article 1 sera présenté cette semaine, le jeudi 10 décembre, à 20 h, à RDI, et le dimanche 13, à 15 h 30, à Radio-Canada.