Depuis quelques temps déjà, on tente d’éveiller les gouvernements et les entreprises à l’imminence du bogue de l’an 2000. Des efforts en ce sens ont été faits, mais il y a encore beaucoup de boulot à rattraper. Et l’échéance arrive rapidement: il reste moins d’un an pour éviter la catastrophe. Or, voilà que lundi nous apprenions que même Windows 98 avait des problèmes de conversion pour le nouveau millénaire. Question: si on ne peut pas se fier à une compagnie informatique comme Microsoft, à qui pouvons-nous faire confiance? Dans Entretiens sur la fin des temps, un essai sur le millénarisme qui vient d’être publié chez Fayard, Umberto Eco traite justement du bogue.«Ce qui me plonge dans un désarroi infini, dit-il, c’est comment une telle chose a pu arriver. Comment une erreur aussi grossière a-t-elle pu être commise par des génies tels que le furent les inventeurs de l’informatique contemporaine? Ce n’étaient pas des hommes de Néanderthal ayant une idée imprécise du passé et de l’avenir, mais des hommes de notre temps. Comment n’ont-ils pas réalisé, il y a moins de trente ans (!), que leur software ne fonctionnerait plus après l’an 2000! Il n’y a qu’une explication possible: les informaticiens étaient tellement habitués à une économie fondée sur la courte durée des produits qu’ils ne pensaient pas que ce qui était vendu au début des années 80 serait encore en fonction en décembre 99.»