Société

encadré : Québec 2010

Au début de l1année, un sondage peu scientifique qui rapporte que trois Québécois sur quatre s1opposent à la candidature de Québec en vue des Jeux de 2010 fixe déjà le nom de quelques protagonistes. Les noms de Serge Savard, Jean-Guy Paquet et Fernand Labrie sont évoqués à titre de président. Tout sauf Marcel Aubut, déclarent quelques sondés. Pourtant, beaucoup pensent à lui. Parmi ceux qui ont la mémoire longue, Jean-Paul L1Allier, craignant probablement d1en découdre encore avec la mairesse Boucher, estime que les exigences consensuelles de Marcel Aubut auprès des maires de la CUQ sont inacceptables. Aubut décline donc, non sans avertir judicieusement les tenants de l1aventure que «la concurrence sera féroce tout autant que la désillusion qui peut en découler». Fin janvier, la guerre des chiffres et des budgets est lancée. Sept cent soixante-quatre millions de dollars en février, 945 au printemps, 1,07 milliard à l1automne, les enchères montent. Cette inflation grandement motivée par les estimations des villes canadiennes concurrentes fait l1envie des promoteurs. Anneau de glace, agrandissement de l1aéroport, programmes de soutien et fonds spéciaux consacrés au sport amateur. Faute de déplacer les montagnes, l1olympisme les élève. Entre-temps, avant même de se choisir un président, la SIQ débourse 18 000 dollars pour s1assurer une certaine visibilité aux Jeux de Nagano.

Président par défaut, Fernand Labrie, proctologue aussi célèbre que taciturne, outre un directeur général qui multiplie les bourdes, doit composer, à l1approche des élections provinciales, avec le vieux fantôme de l1incertitude politique. Les Jeux se tiendront-ils dans le nouveau pays du Québec, dans la ville d1un maire qui travaille à détruire le pays?, demandent les mauvaises langues.

Après une trève consacrée à la collecte de fonds, début octobre, le peu d1enthousiasme des citoyens semble contredit par un référendum qui donne une majorité écrasante de 75 % aux tenants des Jeux. Ce consensus se déplace sur la scène canadienne où la débandade annoncée par Aubut se prépare. Malgré les leçons d1histoire et de physique élémentaire de Lucien Bouchard. «Seules les lois de la gravité devraient s1appliquer.» Elle sera politique. A quelques jours des élections, avisée que le Comité olympique canadien ne retiendra pas la candidature de Québec, Sheila Copps intervient pour faire différer une décision qui pourrait nuire à Jean Charest. Confronté à une ministre et aux pressions du Canada anglais, l1AOC cède. Le Québec tout entier l1a mauvaise. Et revoici Jean-Paul L1Allier qui reparle d1indépendance… Las, on apprendra, sans surprise, que l1olympisme est un haut lieu de corruption. Québec aurait-elle obtenu l1investiture canadienne, il lui aurait fallu graisser bien des pattes pour aller plus loin. Certains y songeaient. Nul doute qu1en pareille circonstance, le candidat Aubut, habitué aux tractations de coulisses, se serait fait regretter. Combien aura coûté ce salmigondis gigantesque? Chez 2010 le téléphone sonne mais ne répond plus.