Le barrage routier, autrefois outil servant à coincer buveurs impénitents et camions trop pesants, est en passe de remplacer les bonnes vieilles manifestations sur la colline parlementaire. Finis les émouvants et chaleureux regroupements où l1on scandait «so-so-solidarité» en étreignant l1inconnu à côté de nous. Maintenant, on bloque des routes afin de faire pression sur le premier ministre, une compagnie, un maire, etc.
L1année 1998 fut particulièrement riche en barrages de tous genres. Novembre. Les citoyens de Val-Saint-François, fâchés de s1être faits exproprier rapido-presto par Hydro-Québec qui passait une ligne dans le coin, ont entassé balles de foin et autres objets sur la route 55. Octobre.
Les camionneurs-artisans installent 21 blocus à travers la province afin de sensibiliser population et gouvernement à leur cause. L1air est doux et le soleil est encore chaud en septembre. Beau temps pour une balade.
Mais il fallait éviter la 20 car les producteurs de porc avaient choisi cette statégique artère afin d1y installer une mini-ferme en plein-air.
Les Micmacs de la réserve de Listuguj, en Gaspésie, ont choisi le mois d1août pour bloquer la route menant à la scierie de Pointe-à-la-Croix.
Les Algonquins firent de même dans le Témiscamingue pour protéger un site ancestral d1inhumation. En juin, à Chicoutimi, des citoyens ont menacé de faire un barrage si le maire ne promettait pas la construction d1un trottoir… J1arrête ici la liste car fiston exige de négocier la teneur de son dessert avant d1avaler son pâté chinois. Du coup, la porte de la salle à manger est bloquée par un amoncellement d1animaux de peluche et de petits camions… Le barrage serait-il un réflexe génétiquement inscrit chez l1humain?