«Le poivre, pour moi, c1est une chose que je mets dans mon assiette», avait blagué notre perspicace premier ministre, après que des agents de la GRC aient vaporisé du poivre de Cayenne sur des étudiants qui manifestaient contre la présence de l1ex-dictateur Suharto au Sommet de l1APEC, en 1997. Aujourd1hui, Jean Chrétien n1entend plus à rire. Cherchant à atténuer la portée de sa cynique déclaration, il a passé l1automne à se mettre le pied dans la bouche: «Au lieu d1utiliser des bâtons de base-ball ou autre chose, ils [la GRC] essaient de recourir à des méthodes plus civilisées. Et c1est pour cela qu1ils avaient des serviettes à portée de la main pour aider les étudiants», a-t-il déclaré, avant de s1interroger sur d1autres charmantes méthodes de répression comme le gaz lacrymogène et les canons à eau…
Cette fameuse affaire du «Peppergate» aura suscité des débats pimentés à la Chambre des communes cet automne. Au Canada anglais comme au Québec, on digère très mal la légèreté avec laquelle le premier politicien du pays traite ce dossier chaud. On l1accuse de faire preuve d1arrogance à l1endroit des militants malmenés par la GRC. On l1accuse d1être insensible. Et puis, les soupçons planent toujours: Jean Chrétien s1est-il personnellement mêlé des questions de sécurité entourant le Sommet? A-t-il bafoué les droits fondamentaux de ses concitoyens?
Pendant que les jeux de coulisses se multiplient < des étudiants portent plainte contre la GRC, les autorités refusent par trois fois d1assumer leurs frais d1avocat, le Solliciteur général et le président de la Commission des plaintes de la GRC démissionnent, on suspend l1enquête, etc. <, notre premier ministre se découvre l1âme d1un défenseur des droits de la personne. Au Sommet de l1APEC à Kuala Lumpur, il réclame l1élargissement du mandat de l1APEC aux questions des droits de la personne… Jean Chrétien cherche à améliorer sa moyenne au bâton, préparez le Nobel!