L’Heure de Cuba : Fidel à quoi?
Si vous suivez un tant soit peu l’actualité, vous avez sûrement remarqué qu’on parle beaucoup de Cuba ces temps-ci. Le petit pays des Caraïbes, dernier bastion du communisme, célèbre les 40 ans de sa révolution. Au même moment, aux États-Unis, de plus en plus de politiciens souhaitent assouplir les relations entre les deux pays.
Depuis cinq ans, les choses ont bien changé au pays de Fidel: les homosexuels ne sont plus persécutés, les pratiques religieuses y sont davantage tolérées (la visite du pape Jean-Paul II y est pour beaucoup), et les gens parlent plus librement qu’avant. Cela dit, on est loin du paradis terrestre promis par la révolution: l’écart entre les riches et les pauvres se creuse, l’augmentation de la prostitution a transformé Cuba en destination touristique sexuelle de choix, et la frustration gronde chez les habitants.
C’est ce qu’ont pu constater la journaliste Michaëlle Jean et le cinéaste Jean-Daniel Lafond lorsqu’ils sont allés tourner à Cuba, pays voisin d’Haïti où la journaliste a elle-même grandi. Leur documentaire, L’Heure de Cuba, est présenté sous forme de canevas d’une enquête sur les relations canado-cubaines. On y voit la journaliste déambuler dans les rues de Cuba, posant des questions, et préparant sous nos yeux l’entrevue qu’elle aimerait bien réaliser avec Castro.
La toile de fond du reportage: la schizophrénie de l’économie cubaine, pas complètement capitaliste, mais très loin du modèle socialiste. On fait également la connaissance (malheureusement trop brève) de Québécois (les représentants du Fonds de solidarité de la FTQ, par exemple), et de Canadiens venus brasser des affaires à Cuba, et ce, malgré la sévérité de la loi Helms-Burton. Les auteurs débordent un peu de leur cadre pour aborder d’autres aspects de la réalité cubaine comme la montée de la prostitution et la détérioration de la qualité de vie d’une portion de la population, celle qui n’a pas accès aux dollars américains. A ce sujet, le comportement du gouvernement cubain est d’un cynisme sans égal. Dans un texte paru le 4 janvier dernier dans le webzine Salon, Frank Smyth note que le gouvernement cubain fait plus d’argent en vendant des biens de consommation étrangers aux Cubains (par le biais de ses magasins d’État) qu’en exportant son sucre, matière première de Cuba. Vous avez dit hypocrite?
C’est ce paradoxe que veut montrer L’Heure de Cuba. Malheureusement, le documentaire n’est pas assez long. Chaque sujet abordé aurait pu faire l’objet d’un documentaire à lui seul. Résultat: au bout de 43 minutes, on reste sur sa faim. A voir à Zone libre, le 9 janvier à 21 h, à Radio-Canada, et aux Grands Reportages, dimanche 10 janvier, 20 h, RDI.
Bye-Bye 1998
Quand Daniel Lemire s’est présenté sur scène pour lancer sa première blague, il avait la tronche d’un gars qui venait d’apprendre qu’on allait lui scier les deux jambes en direct. Le cour n’y était visiblement pas. Ce malaise s’est poursuivi tout au long de la revue de fin d’année présentée par Radio-Canada le 31 décembre dernier. Des gags faciles, pas assez fignolés, et qui donnaient la nette impression d’avoir été griffonnés sur le coin d’une table.
En fait, le seul sketch vraiment réussi demeure celui d’Edmond Ratté, le porte-parole pessimiste d’Hydro-Québec. Hilarant. Le fait que Daniel Lemire travaille à un spectacle sur le verglas a sans doute aidé: on sentait que l’humoriste avait davantage approfondi cet événement marquant de l’année 1998. Quant au reste de l’actualité, il a été traité de façon beaucoup trop superficielle pour nous arracher un sourire. L’affaire Lewinsky et le scandale du Peppergate, pour ne nommer que ceux-là, méritaient des gags beaucoup plus costauds que ce que Lemire nous a servi.
Le plus triste dans tout ça, c’est qu’au fil des ans (et des flops), les téléspectateurs n’attendent plus grand-chose du Bye-Bye. On se rend à son téléviseur comme à l’abattoir, pour se farcir cet exercice de plus en plus périlleux et de moins en moins nécessaire.
Que nous réservent les télédiffuseurs pour saluer l’arrivée du nouveau millénaire? Le pire est à craindre. On dit que Radio-Canada essaie d’obtenir les droits de diffusion du spectacle d’adieu de Céline Dion au Centre Molson. De son côté, qui sait, TVA va peut-être nous présenter une revue des meilleures infopublicités du siècle dernier? Personnellement, je ne vois qu’une fin possible: une soirée préparée par toute l’équipe de La Fin du monde (et non par Stéphane Laporte en solo), accompagnée d’une chanson de circonstance signée Jean Leloup. Qui dit mieux?
Absolutely Fabulous
Bonne nouvelle, les deux British excentriques, alcoolos et toxicomanes sont de retour, question de mettre un peu de piquant dans notre paysage télévisuel trop souvent politically correct. Après nous avoir présenté l’excellent Royaume, de Lars Von Trier, Télé-Québec nous offre cette sitcom britannique tout simplement jouissive, en version originale sous-titrée, par-dessus le marché. Le bonheur! Vendredi, à 22 h. En reprise le samedi vers 23 h.