Médias en temps de crise : Tirons sur le messager
Pour la plupart d’entre nous, la tempête de verglas de l’an dernier aura été un long désagrément. Pour d’autres, un véritable cauchemar. Mais pour une petite portion de la population, ceux qu’on nomme les professionnels de la communication, la crise du verglas a surtout été un formidable cas d’espèce.
Ces spécialistes du communiqué et de la conférence de presse ne se souviennent plus du froid, du manque d’eau ou des pylônes glacés. Quant au manque d’électricité, il ne semble pas les avoir traumatisés. Par contre, ils ont décortiqué et analysé chaque «acte de communication» posé pendant la crise, qu’il s’agisse d’un reportage journalistique ou d’une conférence de presse.
Sortir gagnant
Réunis la semaine dernière à l’Université du Québec à Montréal dans le cadre du colloque Communication en temps de crise, ils ont disséqué l’événement comme s’il s’agissait d’un cadavre.
Une des vedettes de ce colloque fut sans contredit Steve Flanagan, le populaire porte-parole d’Hydro-Québec, venu fièrement affirmer que, sur le plan de l’image, la société d’État était sortie gagnante de la crise. Vous avez bien lu: gagnante. Et ce, même si certaines personnes ont dû attendre un mois avant d’être rebranchées!
Mais voilà, dans le merveilleux monde de l’image, on ne raisonne pas de la même façon que dans le monde ordinaire. On peut très bien «sortir gagnant» d’une catastrophe, et ce, malgré les dommages matériels, les intempéries et, dans certains cas, les pertes de vies humaines. Le milieu des communications est comme ça: quand un avion s’écrase et cause 250 morts, il ne s’apitoie pas sur le sort des victimes. Il travaille plutôt à la prochaine campagne d’image qui va aider la compagnie aérienne à redorer son blason. C’est le monde à l’envers.
Un monde tellement à l’envers que les méchants de la crise du verglas, toujours selon les professionnels de la communication réunis à l’UQAM, auront été les journalistes. Pas Hydro-Québec, qui a fait passer une réparation quasi routinière pour une fausse première mondiale, et qui s’est imposée de force sur la terre de certains habitants des Cantons de l’Est; pas les autorités publiques, qui ont décidé de ne pas aviser la population montréalaise qu’il y avait danger de pénurie d’eau. Non. Les journalistes. Une relationniste les a même comparés à une meute de chiens enragés. Rien de moins
Oser les questions
C’est vrai qu’il y a eu des abus pendant la crise du verglas. C’est vrai qu’on est allé un peu fort sur le «human interest» pour combler les dizaines d’émissions spéciales en ondes sur la plupart des réseaux. Les journalistes ont parfois violé l’intimité des gens, et posé des questions idiotes; mais, dans l’ensemble, ils ont fait un bon boulot (surtout quand on pense que certains d’entre eux étaient aussi des sinistrés).
Mais voilà, dans l’oil des relationnistes, et de la plupart des spécialistes de la communication, le journaliste devrait être un petit animal docile qui s’insère quelque part (le plus loin possible) dans un beau plan de communication bien propre. Et non pas un empêcheur de tourner en rond qui, comme le journaliste radio-canadien Michel Morin l’a fait pendant la crise du verglas, «ose» poser des questions controversées (lors d’un des fameux points de presse de Lucien Bouchard et d’André Caillé, pdg d’Hydro, Morin avait «osé» questionner la qualité des pylônes utilisés par Hydro-Québec).
Inutile de dire que M. Morin n’était pas au nombre des invités du colloque…
Le bogue…
Ces mêmes professionnels de la communication sont excités comme des puces à la seule mention du «bogue de l’an 2000». L’éventualité d’une catastrophe mondiale les fait littéralement saliver. Les gestionnaires en communication de crise préparent déjà des plans d’urgence, des comités de planification et, pourquoi pas, des ouvrages sur la question. Mais attention, ils semblent croire qu’ils sont les seuls à pouvoir s’amuser. En effet, à quelques reprises au cours du colloque, on a mis les journalistes en garde: ne nous inondez pas de reportages sur le bogue, il y en a déjà trop. Les gens sont écourés d’en entendre parler.
Faux, si l’on en croit un sondage réalisé aux États-Unis par le Media Studies Center, entre le 11 et le 18 janvier dernier. Sur les 1002 Américains interviewés (marge d’erreur de 3 %), 64 % croient qu’il est très important que les médias d’information expliquent comment les établissements de santé et les services d’urgence se préparent à l’éventualité du bogue.
Plus de la moitié du public américain (53 %) croit également que le bogue de l’an 2000 est l’un des problèmes les plus importants auxquels doivent faire face les États-Unis. De même, 56 % des personnes interviewées ne sont pas d’accord pour dire qu’il s’agit d’un problème technique qui ne les concerne pas.
Enfin, quatre Américains sur dix aimeraient recevoir davantage d’information sur le bogue. L’année risque d’être longue.
Lavardin
Une nouvelle série policière en quatre épisodes, réalisée par nul autre que Claude Chabrol, et interprétée par l’excellent Jean Poiret. On retrouvera avec bonheur le personnage coloré de ce policier original, qui tenait la vedette des films Poulet au vinaigre et Inspecteur Lavardin. Début: jeudi 4 février, 21 h. TV5.
Les Francs-Tireurs
C’est plutôt rare que Pierre Foglia accorde des entrevues. Il a dérogé à la règle une seule fois, l’an dernier, dans un reportage réalisé par son fils Manuel pour l’émission culturelle La Vie d’artiste. Il récidive cette année chez Les Francs-Tireurs où il parlera du droit d’avoir des préjugés. Foglia en profite également pour donner son opinion sur les médias, en particulier sur la situation de crise qui règne au Devoir depuis qu’on cherche un successeur à Lise Bissonnette. Une exclusivité, comme on dit dans le métier. Mercredi 10 février, 21 h. Télé-Québec.
Sexe et Confidences
On parle beaucoup de sensationnalisme à la télé par les temps qui courent. Que voulez-vous, les gens s’ennuient, ils ont besoin d’émotions fortes. C’est sans doute ce qui explique les images d’animaux agressifs, les carambolages spectaculaires, les corps sanguinolents, etc. La dernière trouvaille? Un examen gynécologique en direct qui sera présenté dans le cadre de Sexe et Confidences, le lundi 15 février, à TQS. A quand le toucher rectal?