Société

Hussein aux cieux

Hussein s’est éteint. La mort de ce monarque rassurant, élevé à l’occidentale, a déclenché des scènes de douleur et d’hystérie que l’on dit «sans précédent». Faut-il rappeler qu’aux obsèques du sympathique ayatollah Khomeyni, des milliers de fous d’Allah s’étaient férocement disputé sa carcasse? Aux enterrements, ni la quantité de participants ni l’intensité du chagrin ne sont garants de la moralité du défunt. En 1997, puis en 1998, Amnistie internationale, dans une bonne demi-douzaine de pages extraites de ses rapports annuels, faisait état de tortures et de mauvais traitements infligés à des centaines de prisonniers politiques jordaniens. En 1997, un opposant hérita de trois ans d’emprisonnement pour crime de lèse-majesté après avoir accordé une entrevue dans laquelle il critiquait ce petit monarque décharné. Mieux, la même année, cinq journalistes et un rédacteur en chef furent incarcérés pour avoir accusé l’État de torturer des détenus. Prévoyante, la Jordanie a adopté une loi en 1998 qui «interdit tout article comportant de fausses informations relatives aux institutions gouvernementales» et, du fait, a suspendu la parution de treize journaux. Le gros Bill C. affirme que le roi Hussein a déjà atteint le paradis. Pas sûr…