Société

Le mois de l’histoire des Noirs : Blanc de mémoire

La communauté noire de Québec se penche sur son histoire avant de descendre sur le terrain. Premiers balbutiements d’un événement identitaire qui s’organise peu à peu.

Pour tout dire, on ne l’a pas vu passer, ce mois de l’histoire des Noirs, et il est déjà sur le point de s’achever. Il est vrai que la région de Québec, d’une remarquable uniformité, n’a rien d’une mégapole multiculturelle. Pas étonnant, dans un tel contexte, que l’événement ait eu très peu d’écho jusqu’ici: aucune activité officielle, à peine quelques allusions dans les médias.

Une situation qui pourrait éventuellement changer, si les démarches de l’Association des communautés culturelles et artistes de Québec (ACCA) aboutissent. Déjà, cette année, l’organisme franchissait une première étape en rendant public un document de travail sur la présence des Noirs à Québec. Un premier pas modeste, certes, mais qui devrait jeter les bases d’une célébration plus ambitieuse, souhaite le coordonnateur de l’ACCA, Gabriel Coly: «Ce qu’on voulait faire, c’était de réunir une table de concertation de tous les organismes qui pouvaient être intéressés et impliquer les médias. Le mandat pour cette année est réussi et, l’année prochaine, on va y aller avec des activités. On souhaite faire une exposition sur le rôle joué par les Noirs dans la publicité au cours des cent dernières années et on pourrait organiser des colloques, des projections de films.»

Une première étape qui devrait aussi nous permettre de prendre conscience de la présence des Noirs dans la région, souligne M. Coly: «Peut-être qu’avec ça, on va finir par savoir combien il y a de communautés noires. Ça va nous permettre de faire un recensement, un travail de proximité. Mais ce qu’on voulait, c’était de faire ressortir l’aspect historique, rappeler qu’il y a eu des Noirs qui se sont installés dans la région au début du XVIIe siècle.» Parce que s’ils sont effectivement peu nombreux, les Noirs ont une histoire dans la région qui remonte aux tout débuts de la colonie, rappelle-t-il: «Québec possédait un des plus gros ports au XVIIe siècle: il y avait un grand trafic et donc, beaucoup de Noirs. Ici à Québec, les sours grises ont pratiqué l’esclavage. Le premier bourreau était un Noir, les premiers hommes de métier étaient des Noirs. Les historiens n’en ont pas tenu compte, peut-être parce que c’était marginal.»

Ou peut-être parce que c’était, parfois, plutôt gênant. Comme lorsqu’on jette un coup d’oil dans les archives de La Gazette de Québec qui, en 1786, publiait cette petite annonce: «Négresse trilingue à vendre.» C’est vrai qu’il n’y a pas de quoi s’en vanter.