Société

Les cathos et Dieu reçoit : Rites cathodiques

La controverse entourant l’émission Dieu reçoit a de quoi faire dresser les cheveux sur la tête. + la suite de nombreuses lettres de téléspectateurs (dont la plupart proviendraient de communautés religieuses et/ou de fervents catholiques), le brasseur de bière Labatt a décidé de retirer sa commandite. C’est son droit, direz-vous. Sauf que c’est drôlement hyprocrite. Au départ, le concept devait plaire aux gens de Labatt pour qu’ils décident de s’associer à l’émission, non?

La réaction de Labatt (qui n’hésite pas à mettre en scène des poupounes en bikini pour vendre sa bière) est d’autant plus surprenante que ce n’est sûrement pas au sein des communautés religieuses et des cathos intégristes que se trouve le gros de sa clientèle.

Mais le plus intéressant dans tout cela, ce sont les lettres envoyées au télédiffuseur. + TQS, on soupçonne une opération organisée. «Les lettres sont presque toutes formulées de la même façon, explique Marlène Ouellet du service des communications de TQS. De plus, on dirait que certaines lettres ont été photocopiées, et envoyées plusieurs fois par la même personne. On se doute que dans certaines paroisses, les curés ont fait circuler des dépliants incitant les gens à nous écrire.»

Cette réaction épidermique de la part des cathos, qui sont en général plus discrets, est révélatrice. Qu’est-ce qui les fait réagir massivement? La pauvreté? L’éventuelle privatisation de l’eau? L’injustice? Non. Ce qui les fait sortir de leurs gonds, c’est une vulgaire émission de télé qui ne sera probablement plus à l’antenne l’an prochain. Lundi dernier, à la tribune radiophonique quotidienne Le Midi 15 (Radio-Canada), l’animateur Sylvain Desjardins expliquait que, malgré les nombreuses tentatives de l’équipe, on n’avait pas réussi à trouver un seul représentant de communauté religieuse pour commenter l’affaire des Orphelins de Duplessis. Ils étaient sans doute trop occupés à dénoncer Dieu reçoit pour s’émouvoir du sort de deux ou trois pauvres bougres sodomisés et battus alors qu’ils étaient enfants.

Info-pub subventionnée? + moins d’avoir passé la dernière semaine sur Pluton, vous avez sans doute vu, ou du moins entendu parler du fameux document Un an avec Céline, animé par Julie Snyder. La promotion autour de cette émission a été démesurée: couvertures de magazines et d’horaires-télé, articles, entrevues, etc. Au Québec, la saturation a désormais un nom: Céline Dion.

Un an avec Céline a été produit par Julie Snyder et les productions Feeling, propriété de René Angélil, qui coproduit également Le Poing J.

En d’autres mots, c’est le summum de l’info-publicité: le mari-gérant et l’amie-partenaire d’affaires s’associant pour brosser le tableau le plus flatteur possible d’une vedette qui s’apprête (du moins nous le promet-elle) à prendre sa retraite. «Dans 20 ans, quand on voudra savoir qui était Céline, c’est ce document-là qu’il faudra regarder», a déclaré René Angélil. Tu parles s’il est objectif le monsieur quand il dit ça. Il serait plutôt mort de rire, oui! La plupart des gens doivent payer pour obtenir de l’espace publicitaire à la télé alors que les productions Feeling vont sans aucun doute faire de l’argent en vendant les droits de diffusion d’Un an avec Céline, une publicité de 120 minutes à peine déguisée.

Certains téléspectateurs se sont scandalisés de voir le président de la Banque Nationale du Canada, André Bérard, faire le clown en poussant une petite toune pour les beaux yeux de Céline (et le gros compte en banque de René?). Mais le plus scandaleux dans tout ça, c’est que le document Un an avec Céline pourrait peut-être bénéficier d’une aide financière gouvernementale. En effet, la compagnie de production compte entreprendre des démarches auprès des institutions publiques comme la SODEC afin d’obtenir la certification qui lui permettrait de bénéficier de crédits d’impôt offerts à certaines catégories de productions télévisuelles. En bout de ligne, VOTRE argent pourrait éventuellement servir à financer l’info-pub de Céline et René. Ça, ce serait un véritable scandale!

Le Grand Prix d’AustralieAh! Le mois de mars! Le temps des sucres, la promesse de la fin de l’hiver et… les premiers vroum-vroum annonçant le début de la saison de formule 1. Et, pour ajouter du piquant à un sport qui en avait un peu perdu l’an dernier (règlements plus sévères, piètre performance de notre héros national), voilà que naît une nouvelle écurie, BAR, avec à sa tête un petit génie, Craig Pollock, et derrière le volant, nul autre que NOTRE Jacques Villeneuve. La cerise sur le sundae? Le bolide de Jacques va vrombir en partie grâce à notre argent, puisque l’homme d’affaires Charles Sirois (Téléglobe) est l’un des commanditaires et qu’il a investi beaucoup de bidous dans l’aventure. Or, qui dit entrepreneur québécois dit subventions gouvernementales. En d’autres mots, il y a sûrement un peu de nous autres là-dedans. Soyons attentifs. Samedi 6 mars, 21 h 30. En reprise, le dimanche 7 mars, 15 h. RDS.