Société

Les médias et les femmes : Backlash?

Lundi soir, 8 mars. Journée internationale des femmes oblige, tous les bulletins d’information y vont de leur reportage sur la situation de la femme. Au Téléjournal de Radio-Canada, on nous présente un topo signé Alain Picard sur l’avenir des relations hommes-femmes au lendemain du jugement de la Cour suprême sur les agressions sexuelles. Dans ce reportage, filmé presque entièrement dans un resto montréalais, on nous présente entre autres les témoignages d’une barmaid et d’un client qui affirment que ce jugement sera dangereux car il pourra être utilisé dans un esprit de vengeance par des femmes déçues ou frustrées. On ajoute que tout le poids reposera désormais sur les épaules des hommes qui devront redoubler de prudence pour s’assurer du consentement de leur compagne. À part une procureure de la Couronne qui exprime sa confiance dans le système judiciaire, personne ne vient dire qu’on exagère peut-être un peu, et que les femmes qui inventent des histoires d’agressions sexuelles sont minoritaires à côté de celles, beaucoup plus nombreuses, qui subissent de vraies agressions. Bref, un reportage bourré de clichés et de stéréotypes, et qui n’apporte absolument rien au débat. Joyeux 8 mars!
La palme du mauvais goût revient toutefois à l’émission La fin du monde est à sept heures. Dans un reportage hallucinant de connerie, le reporter Jean-René Dufort visite la suite 205 du Manoir Rouville-Campbell. C’est dans cette chambre que Gilbert Rozon, patron du Festival Juste pour rire, a agressé une jeune femme lors d’une soirée bien arrosée. Or, croyez-le ou non, depuis la fameuse agression, cette suite serait plus populaire que jamais auprès de la clientèle. Du moins, c’est ce que prétend l’humoriste-aubergiste Yvon Deschamps (devenu aussi pute que Robert Charlebois avec sa bière, depuis qu’il est propriétaire d’un manoir). Porte-parole, depuis de nombreuses années, de la maison pour femmes violentées Le Chaînon, Deschamps semble beaucoup s’amuser de la situation. Jamais, au cours du reportage, Deschamps ne déplore les incidents qui se sont produits sous son toit. Au contraire, il se frotte les mains devant la bonne publicité que toute cette histoire lui apporte. Pincez-moi, quelqu’un!

Récemment, les quotidiens publiaient les résultats d’une étude sur la place des femmes dans les médias. On y soulignait entre autres l’augmentation du nombre de femmes au petit écran. Mais, au-delà des statistiques, on devrait peut-être se pencher sur le traitement réservé aux femmes À L’INTÉRIEUR des reportages et des émissions télévisées. C’est là que le travail à accomplir est énorme.

Notre-Dame de Paris
Dimanche soir dernier, pendant que le public du Saint-Denis ronflait au Gala des Jutra, Radio-Canada présentait un très bon document sur Notre-Dame de Paris. Pendant une heure, le téléspectateur assistait aux préparatifs de la mégaproduction de Plamondon et Cocciante. Entrevues, témoignages, confidences, moments d’intimité: on partageait la nervosité et la fébrilité de la troupe dirigée par Gilles Maheu. Le reportage, chargé d’émotion, culminait par la grande première parisienne du spectacle. Un grand frisson.

Ce n’est pas un hasard si on nous présente ce document maintenant. En effet, Notre-Dame de Paris amorce une tournée canadienne qui l’amènera à Montréal, Québec et Toronto. Oui, Notre-Dame de Paris jouera à guichets fermés au Québec. Reste que l’émission de télévision demeure une belle grosse plogue. Pourquoi? Parce que c’est la compagnie Coscient qui a produit l’émission, et que Coscient est également producteur du spectacle. Or, une telle émission de télé ne peut que contribuer à créer un engouement. Et qui dit engouement dit aussi possibilités de supplémentaires, augmentation des ventes de disques, etc. Capisce?

Mieux encore, Coscient n’a pas assumé la totalité des coûts de production de l’émission puisqu’il bénéficie de subventions gouvernementales, c’est-à-dire de l’argent provenant des poches des téléspectateurs. En d’autres mots, NOUS payons pour permettre à Coscient de NOUS parler de SON show, et de NOUS vendre des billets et des disques qui LUI permettront de s’enrichir. Avons-nous une poignée dans le dos ou quoi?

Bazzo à Paris
Au cours des prochaines semaines, le petit monde des médias québécois se déplacera dans la Ville lumière pour constater de visu l’accueil que réserve le Salon du livre de Paris à son invité d’honneur, le Québec. Indicatif présent prend une longueur d’avance, et installe donc ses pénates dans les studios parisiens de Radio-Canada, du 15 au 19 mars. Parmi les invités de Marie-France Bazzo: la styliste Chantal Thomass (mardi 16 mars), Yves Coppens (paléontologue et codécouvreur de Lucy) ainsi que le philosophe Alain Finkielkraut (mercredi 17 mars) et Pascal Bruckner (jeudi 18 mars). Un débat entre Jean-Paul Dubois et Jacques Godbout, le vendredi 19 mars, clôturera la semaine.